Au début des années 1960, l'Église catholique a modernisé ses institutions et sa liturgie à l'issue d'un concile (réunion de tous les évêques du monde) devenu célèbre, Vatican II. Le pape de l'époque, Jean XXIII, avait alors permis aux évêques une liberté d'expression inédite, ce qui a mené à de nombreux changements. Face à la crise qui secoue présentement l'Église, croyez-vous que le pape Benoît XVI devrait convoquer un nouveau concile? La crise provoquée par le scandale de la pédophilie est-elle temporaire ou l'Église en sera-t-elle affaiblie à long terme?

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Absolument nécessaire

Un concile pour discuter de la pédophilie en tant que telle, non. Je concède qu'un concile doit être convoqué pour discuter de doctrine et de pratiques de l'Église.

Mais justement, parlons-en de doctrine et de pratiques! Il est grand temps que l'Église catholique permette le mariage des prêtres et le sacerdoce des femmes, et oublie cette lubie qu'est l'infaillibilité du pape. C'est un changement de cap majeur qu'il leur faut. Ceux qui osent prétendre que l'Église catholique est correcte telle qu'elle l'est ou qu'elle n'a que très peu à se reprocher se mettent la tête dans le sable. Une telle réforme est non seulement nécessaire pour ramener un peu de crédibilité à cette institution en déroute, elle est essentielle à sa survie. Si de tels changements sont mis en application, je vous garantis que vous verrez une diminution du nombre de cas d'agression et de viol d'enfants et un accroissement du nombre de pratiquants.

Marc-Aurèle Gagnon, Gatineau.

L'Église ne sera pas affaiblie

Quand on n'accepte pas Jésus-Christ (l'homme et la femme ne feront qu'un; tu ne tueras pas l'innocent), qu'aurait-on à faire avec un Vatican III, IV, V ou plus? La crise religieuse des ignorants de Dieu (agnostiques) et des irresponsables sexuels n'affaiblit pas l'Église, pas plus que la croix n'a affaibli Jésus-Christ. Qui replie sa vie sur soi perd sa vie. Qui donne sa vie la gagne. Et tac.

Georges Allaire, Québec

De «bons catholiques» qui s'aveuglent

La dernière semaine nous aura permis de constater dans quelle mesure une certaine catégorie de catholiques peut s'aveugler au point de blesser profondément les victimes des prêtres pédophiles et même les juifs auxquels on compare le pape. L'Église catholique est abjecte à un point qui dépasse le politicien le plus corrompu de la planète. Malgré les admissions forcées que l'Église doit faire depuis plusieurs décennies en rapport avec les prêtres pédophiles, de hauts dirigeants de l'Église et le pape lui-même accusent les journalistes de faire de vulgaires commérages.

L'injure suprême, c'est que de bons catholiques, qui sortent des cérémonies religieuses, affirment que l'Église a connu des choses pas mal plus graves que ça et qu'elle existe encore aujourd'hui. Qu'on dise: «Je n'ai pas perdu la foi en Jésus malgré tout le mal qu'a fait l'Église», j'admets cela et cela est assez près de mes propres sentiments.

Ceux et celles qui s'aveuglent participent à la souffrance des jeunes qui ont été marqués à vie. En banalisant et en gardant le silence, on renouvelle cette souffrance. Combien de jeunes catholiques qui fréquentaient les incontournables institutions religieuses se sont laissé dire de se taire et de ne pas répéter «ces commérages»? Combien de jeunes catholiques se sont fait dire par leurs parents que les gestes du prêtre X doivent être ignorés parce que ce sont les gestes d'un «malade»? Combien de jeunes catholiques gais ont commis l'irréparable en confiant leur culpabilité, habilement entretenue par l'Église, à un prêtre qui a profité du secret de la confession pour démontrer physiquement sa compassion pour le jeune pécheur dans un autre coin obscur de l'institution?

On pourra discuter jusqu'à la fin des temps à savoir si c'est Ratzinger ou un autre qui a camouflé les actes criminels et a protégé les prêtres pédophiles en les changeant de paroisses, de collèges, de diocèses et même de pays. Cela ne changera pas le mal fait par l'Église. Hier, les «bons» catholiques ont fait bénéficier le clergé d'une immunité auquel le reste de la société n'avait plus droit depuis plusieurs décennies. Aujourd'hui, les «bons» catholiques continuent de s'aveugler en se disant «derrière le pape» et confirment que les religieux ont droit à l'immunité.

Je n'ai pas besoin des prophéties (Malachie ou autres) qui laissent clairement entendre que nous sommes aux dernières heures de l'Église et que le pape devra fuir Rome pour retourner dans son pays. Il me suffit de constater que plusieurs diocèses dans le pays qui alimentent le plus la caisse du Vatican (les États-Unis) sont en état de faillite compte tenu des sommes énormes qu'ils ont dû payer pour régler les dossiers de prêtres pédophilie.

Tous les «bons» catholiques peuvent continuer à alimenter les caisses qui servent à payer les victimes des prêtres pédophiles, mais vous comprendrez que, personnellement, j'éviterai de passer par des institutions catholiques pour faire la charité, de peur que les enfants que je veux aider deviennent les victimes des «bons catholiques». L'Église catholique va durer jusqu'à ce que la caisse du Vatican soit épuisée. Quant au message de Jésus, il est toujours d'actualité, surtout lorsqu'il parle des «hypocrites», des «sépulcres blanchis» et des «marchands du temple». Décidément, dans l'histoire de l'humanité, l'Église catholique aura fait plus de mal par ses méfaits, ses inquisitions, ses dénonciations et ses condamnations qu'elle aura soulagé la misère humaine. Jésus, oui. Ratzinger et les «bons catholiques» derrière le pape, non.

Rosaire Martin, avocat, Laval

Abolir le poste

Si Dieu est juste et bon, il va abolir son poste.

Guy Fillion



Régression

Surtout pas de Vatican III avec ce pape! On va régresser encore plus.

Marie Pépin

Revenons à la base

Vous posez là une question complexe, puisque l'Église est présentement entre les mains d'une gérontologie d'extrême droite qui ne cherche que le pouvoir. Avant de penser à organiser un concile, il faudra que les quelques jeunes prêtres non formés selon les anciens critères qui régnaient dans les séminaires où la femme n'était qu'objet de péchés, selon le dire du cardinal Hans Küng, docteur théologien confrère de classe du pape actuel.

Alors là, si cette église réussit ce regroupement de jeunes prêtes intègres, ainsi que la mobilisation des laïcs, puisque l'Église de Dieu, c'est le peuple et non cette hiérarchie de Rome selon l'évangile, elle pourra tenir un concile pour et par le peuple de Dieu, afin de se renouveler. Il est temps que la parole de Jésus soit entendue et que l'on jette dehors les vendeurs du temple. Éliminons cette horde de capuches rouges de sang du pouvoir de Rome et revenons à l'enseignement des Évangiles et toute simplicité. Même incroyant, je souhaite que cette Église survive pour ceux dans le besoin.

Charles F. Labrecque

Dieu en a ras le bol!

Je suis persuadé que Dieu en a ras le bol de constater que des institutions établies par l'homme pour supposément propager le message divin, que ces institutions s'adonnent en même temps à l'enrichissement à outrance, à des guerres de religion et à des actions jugées immorales. Il ne fait aucun doute que ces institutions courent à leur perte pour bientôt faire place à un message divin propagé seulement par le bon exemple des individus.

Alain Cyr, Québec

Non à un nouveau concile

Un concile oecuménique ne devrait être convoqué que pour discuter de la doctrine et la pratique de l'Église. Ce n'est pas une réunion qui donne la chance aux évêques de parler franchement. Pour ça, il y a les visites ad limina.

Si ce n'est que pour discuter des scandales sexuels dans l'Église catholique, il n'est pas nécessaire de faire un concile. Depuis 2001, l'Église a mis en place un système beaucoup plus efficace pour traiter les cas de sévices sexuels. Tous les cas publiés ces dernières semaines sont anciens, datant d'une époque où le Vatican n'avait pas de ligne directrice pour traiter les sévices sexuels. Ces cas anciens, traités par les médias comme quelque chose de nouveau, ne font scandales que pour ceux qui refusent de comprendre le fonctionnement de l'Église catholique, y compris son code de droit et son système de gouvernance. Ce n'est pas parce que le commun des mortels n'y comprend rien et parce que les médias s'amusent à exploiter ces incompréhensions que le système est déficient.

Avant de faire un concile Vatican III, il faudrait terminer la mise à place du concile Vatican II. Encore trop nombreux sont ceux qui s'attachent aux anciennes pratiques et refusent d'adapter leur vie religieuse et leurs croyances.

À la question si la crise provoquée par le scandale de la pédophilie est temporaire ou si l'Église en sera affaiblie à long terme, il est certain que ce scandale persévéra dans la mémoire collective pour les siècles à venir au même titre que les croisades ou les légendes sur l'Inquisition, mais l'Église n'en sera point affaiblie puisqu'elle est capable de prouver et convaincre les fidèles qu'elle n'a rien à se reprocher.

Dominic Lafrenière,Terrebonne



Un grand nombre de prêtres dévoués


Depuis 73 ans, j'ai eu affaire à pas mal de prêtres dans ma vie. Si je dresse un bilan à cet égard, c'est l'esprit de service et de dévouement qui prédominent chez la plupart d'entre eux.

Séminariste durant cinq ans, j'ai reçu une solide formation de rédemptoristes compétents. Toute ma vie, celle-ci m'a servi et je demeure reconnaissant de l'acquisition de ce savoir dispensé par des prêtres aussi humbles que dévoués. Je pense au père Gagné, au père l'Heureux, au père Lavergne, entre autres.

Nés dans un petit village, celui de Beaupré, nous avons été desservis par un bon nombre de curés, de vicaires. Ces derniers visitaient les malades à cheval au début, aidaient dans la mesure du possible les gens à traverser la Dépression, organisaient une vie paroissiale dynamique et féconde.

Depuis 1884, à la faveur de fréquents séjours chez les moines d'Oka, j'y ai connu personnellement une bonne quinzaine de moines, pour la plupart des êtres de lumière, des hommes bons et épanouis.

Des prêtres qui se sont trompés de vocation et ont manqué gravement à la dignité de leur fonction, j'en ai connu, bien sûr! Deux pour cent, trois peut-être!

En prenant du recul par rapport à l'église où, trop près, je ne voyais parfois que son ombre, j'aperçois maintenant sa lumière. Et je suis reconnaissant envers tous ces prêtres qui continuent de communiquer la bonne nouvelle de Jésus.

Christian Larsen