Notre journaliste Alexandre Sirois, responsable des pages Monde de La Presse et auteur d'un essai sur les défis d'Obama, répond à vos questions sur les 100 jours d'Obama à la Maison-Blanche.

Question : Quel a été l'effet de l'arrivée d'Obama sur le conflit Israël-Palestine?

Alexandre Sirois : George W. Bush a clairement démontré, au cours des premières années de son mandat, que le conflit Israël-Palestine n'était pas une priorité pour lui.

Il ne semblait pas intéressé à intervenir pour favoriser un quelconque processus de paix. En fait, il s'entendait à merveille avec le premier ministre d'alors, Ariel Sharon, et lui donnait carte blanche dans ce dossier.

Lors de son second mandat, Bush, préoccupé par son héritage politique et tenté par la diplomatie après avoir constaté que l'unilatéralisme n'avait mené nulle part, a tant bien que mal essayé de s'engager dans la région. Avec des résultats plus que mitigés.

Obama semble d'emblée plus proactif que son prédécesseur. Quelques jours après son arrivée à la Maison-Blanche, on annonçait la nomination du vieux routier George Mitchell comme émissaire pour le Moyen-Orient.

Le président démocrate ne cesse par ailleurs de répéter qu'il souhaite tendre la main au monde musulman. Et il semble mettre le conflit israélo-palestinien au coeur de ses préoccupations.

La semaine dernière, Obama a invité le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas à Washington. Cela devrait se faire au cours des prochaines semaines.

Cela dit, Obama a néanmoins deux prises contre lui. Car justement, l'élection récente de Benyamin Nétanyahou compliquera très certainement sa tâche.

Tant le premier ministre israélien que son controversé ministre des Affaires étrangères - l'ultranationaliste Avigdor Lieberman - ne semblent rien vouloir savoir de la création d'un État palestinien. Et préfèrent la ligne dure au dialogue. En somme, Obama aura fort à faire pour relancer le processus de paix.

Question : Comme je ne suis pas étatsunienne, et que par conséquent je n'ai pas l'occasion de discuter de politique avec mes voisins du Sud, mon opinion sera celle d'une observatrice. Ce qui m'a tout de suite fascinée chez M. Barack Obama c'est son élégance oratoire, sa simplicité, son élan naturel vers les plus humbles.Tout ça ne s'est jamais démenti dans chacun de ses déplacements ni dans chacun de ses discours

Il passera ses 100 jours haut-la-main, malgré tous les pièges que ses adversaires lui auront tendus, et surtout malgré l'état dramatique dans lequel W.Bush lui a remis les clés de la Maison Blanche. Longue vie à B.O.!!



Alexandre Sirois : Barack Obama a de quoi être un homme heureux. Il atteint effectivement le cap des 100 jours au pouvoir avec un capital politique presque intact et demeure en pleine lune de miel avec les Américains, ce qui représente un franc succès.

La défection du sénateur Arlen Specter, qui a quitté hier le Parti républicain pour le Parti démocrate, est la cerise sur le gâteau. Elle pourra certes aider le nouveau président à faire adopter par le Congrès ses nombreuses réformes, dont certaines sont loin de faire l'unanimité.

Il est bien sûr tôt pour juger de l'impact de ce qu'Obama a fait jusqu'ici. Mais on peut dire qu'il n'a pas chômé, multipliant les initiatives d'une façon telle qu'on affirme maintenant que seul Franklin D. Roosevelt, parmi ces prédécesseurs de l'époque contemporaine, en avait fait autant que lui en 100 jours.

 

Question : «Obama a-t-il véritablement l'étoffe d'un président?» Tu parles d'une question ridicule!!! On se croirait à Fox News!

Alexandre Sirois: La question est pourtant légitime. Je suis sûr que si vous la posiez, par exemple, à ceux qui furent les proches collaborateurs du président démocrate Jimmy Carter, ils vous diraient qu'ils ont rapidement vu que celui-ci n'avait pas ce qu'il fallait pour être un grand président et permettre à son pays de ce sortir du malaise qu'il constatait et dénonçait pourtant lui-même. Les présidents américains n'ont pas tous, loin de là, été de grands leaders. Obama semble jusqu'ici prouver qu'il a du leadership à revendre. Un bémol, cependant : 100 jours, c'est encore bien peu pour en juger avec certitude.