Les ministres Line Beauchamp et Raymond Bachand ont annoncé ce matin de nouvelles mesures pour favoriser l'accessibilité aux études post-secondaires.

Le gouvernement Charest mettra en place un nouveau mécanisme de remboursement des prêts étudiants qui sera proportionnel au revenu. Également, le gouvernement n'exigera pas de contribution parentale aux familles ayant des revenus inférieurs à 60 000$. Tous les étudiants dont le revenu des parents n'excède pas 100 000 $ bénéficieront d'un prêt.

Croyez-vous que cette nouvelle proposition du gouvernement Charest devrait inciter les étudiants en grève à retourner en classe?

Nous vous remercions pour vos commentaires.



Une manoeuvre électoraliste

Mario Ouellet, Laval

Je ne pense pas que l'annonce de cette mesure incitera les étudiants à mettre fin à la grève. Cependant, le gouvernement mets tout en place pour gagner l'opinion publique. Il y a, de toute évidence, une manoeuvre électoraliste pour isoler les étudiants en convainquant les contribuables que le gouvernement a fait son effort pour maintenir l'accès aux études sans ajouter au fardeau fiscal, et que c'est maintenant aux étudiants de fournir leur effort. Les étudiants vont s'isoler par leur manque apparent de flexibilité, et comme cela est ressorti dernièrement dans les médias, leur mouvement va bientôt s'essouffler, faute de ressources financières. La stratégie du gouvernement libéral est astucieuse et risque fort de fonctionner.

La gratuité, comme au Brésil

Clarissa Walter

Je suis une résidente permanente d'origine brésilienne. Je suis au Québec depuis maintenant six ans et je milite contre la hausse de frais de scolarité. Dans mon pays (que j'avoue ne pas être le meilleur exemple dans beaucoup de situations) l'éducation est gratuite, incluant l'enseignement universitaire. Je n'ai pas eu à débourser un sou pour mes quatre années universitaires et je n'ai même pas eu à payer lors de mon échange à l'Université de Montréal, en 2005.

Je crois fortement à la gratuité scolaire, je crois que l'éducation est la base d'une société intelligente et lucide. Si un pays comme le mien (où la corruption est immense) est capable d'offrir une l'éducation gratuite et de qualité (les universités publiques ont plus de reconnaissance que la majorité des universités privées), je ne comprends pas comment le Québec, le pays que j'ai choisi pour être le mien, ne le pourrait pas. Le gouvernement n'est que le miroir de son peuple. Cependant, il est souvent souillé par la mesquinerie et  le non-respect de la démocratie. Certains changements peuvent être longs, mais l'être humain est dû pour s'éveiller et cela arrivera tôt ou tard.



Un pansement


David Paradis-Lapointe

L'offre du gouvernement vise à détourner l'intérêt du débat de fond et diviser les grévistes.  Certains diront que c'est la solution. Je dis que c'est un pansement.

L'argent pour ce programme provient du budget dédié à l'investissement dans les universités... Les étudiants ne veulent pas uniquement que l'éducation soit accessible. Ils souhaitent qu'elle soit également de qualité. On demande le beurre et l'argent du beurre? Non.  On demande des états généraux, pour connaître la situation, puis un choix de société pour décider où nous devons prendre l'argent. Si injecter de l'argent frais est nécessaire,  il est certain qu'une saine gestion pourrait probablement dégager beaucoup de somme...

Étudiants debout!

Jean-Philippe Lupien

On a pu assister à pareille aberration en Angleterre : une hausse drastique des droits de scolarité avec, en prime, l'un des meilleurs systèmes de prêts et bourses au monde, qui a même été salué par la communauté internationale. Cependant, et malgré tout, on a observé une chute drastique dans le taux de fréquentation des institutions d'enseignement postsecondaire. Pourquoi? C'est simple.  L'étudiant veut éviter de s'endetter pour ne pas devoir porter ce fardeau fiscal pendant plusieurs années. La ministre, avec sa proposition de bonification des prêts et bourses, ne règle pas la question de l'accessibilité aux études. Si seulement elle envisageait la gratuité scolaire avec augmentation des paliers d'imposition, elle augmenterait réellement le niveau d'accessibilité aux études! De plus, la facture se paierait par les étudiants lorsqu'ils auront l'argent pour rembourser leurs dettes. Combiner travail et études est un gouffre abyssal quant à la qualité des études à cause de la pression et du stress exercés sur l'individu, menant à la fatigue et la maladie physique et mentale.  Je vous invite à voir à long terme. En attendant, la grève perdurera.

Offre insuffisante

Sarah Michelle Neveu, Candidate au doctorat, psychologie, UQAM

La proposition de Mme Beauchamp n'est clairement pas suffisante pour encourager les étudiants à retourner en classe. En quoi augmenter l'endettement étudiant, tout en finançant les banques, répondent aux demandes des étudiants? C'est à croire qu'elle n'a rien écouté aux revendications des étudiants depuis le début de la grève. Bien qu'avec cette action le gouvernement reconnaisse qu'il y a un problème à régler, cela ne va que radicaliser les actions des associations étudiantes.

Une insulte

Sophie Trahan, Professeure de littérature, cégep de Saint-Jérôme

L'offre de la ministre est en fait une insulte!  Le débat sur les prêts et bourses a eu lieu en 2005. Le débat en cours porte sur la hausse des droits de scolarité ; faut-il le rappeler? Bonifier le système des prêts (il n'est pas question ici des bourses, je le souligne) signifie aussi enrichir, en fin de compte, les banques, à qui cela profitera largement. Encore une fois, les étudiants devront choisir entre poursuivre des études supérieures et s'endetter lourdement, ou opter pour une autre voie qui leur sera imposée par des considérations économiques. Le problème demeure le même. Les étudiants et les citoyens qui les appuient ne réclament pas plus d'endettement, ils souhaitent une meilleure accessibilité à l'éducation (et par ailleurs, un endettement moindre à la fin de leurs études signifie aussi des citoyens qui pourront davantage contribuer à la vie économique de leur société). Ils demandent aussi une meilleure gestion des établissements d'éducation supérieure, ce dont il n'est jamais question dans les réponses automatiques des représentants du gouvernement.

Proposition méprisante

Edouard Reinach

La ministre prend de l'argent dans la poche des universités pour régler un problème d'accessibilité qu'elle a crée elle-même. Les étudiants devraient rester en grève, c'est une proposition insultante et méprisante envers eux.

L'illusion d'écoute

Anne-Hélène Jutras

Quel front! Quel affront! Un gouvernement qui fait la sourde oreille aux étudiants pendant des semaines, qui dit ensuite qu'il a toujours été prêt à dialoguer. La vérité, c'est que ce gouvernement veut donner à la population l'illusion qu'il l'écoute. Or, rien n'est plus faux. Il n'y a eu aucun dialogue. Et de la même façon que ce gouvernement ignoble a décidé d'augmenter les droits de scolarité sans consulter la population, il prend maintenant une nouvelle décision sans discussion, décision idéologiquement très lourde. Plutôt que de valoriser l'éducation, encore une fois, on se retrouve dans la logique néolibérale, celle qui nous apprend désormais, dès le berceau, la culture de l'endettement. J'ai honte.

Ça suffit!

Jean-Pierre Gauthier, infirmier clinicien

Toute ouverture du gouvernement Charest est déjà trop selon moi! Les cégépiens et les universitaires croient que tout leur est dû. J'ai fait un baccalauréat et j'ai remboursé mes prêts rapidement.  Il faut dire que je ne les ai pas bus, que je n'ai pas voyagé avec ceux-ci et que je fonctionnais comme le doit un étudiant. Pas de cellulaire et/ou autre type d'appareils électroniques à la fine pointe de la technologie...

De plus, si je m'achète une voiture aujourd'hui sur laquelle il y a un prêt de 30 000 $ et que dois changer d'emploi pour un autre qui est moins rémunérateur, je devrai quand même m'organiser pour payer ce prêt en entier. Le créancier ne tiendra pas compte que mes revenus ont diminués! C'est ça la vie et il faut que les étudiants l'affrontent telle quelle est. Ça va être beau tantôt sur le marché du travail! 

Et si je ne me trompe pas, Charest ou Legault avait avancé qu'après 10 ans, le solde dû sur le prêt étudiant serait effacé! Peut-on appliquer cela à une hypothèque? J'espère que jamais ils n'ouvriront cette porte aux étudiants, ce sera nous, la classe moyenne qui absorbera et les étudiants se chargeront de payer le minimum pendant 10 ans, sachant que le reste sera «un cadeau», une sorte de bourse...

Cependant, je me demande comment le gouvernement parviendra à freiner ces manifestations qui n'en finissent plus. Je suis dans la fonction publique et jamais on n'aurait pu manifester et faire une telle grève sans loi spéciale. Nous l'avons d'ailleurs subit il y a quelques années. Si le gouvernement plie à cette demande, il pliera à quoi ensuite? 

Il doit y avoir de véritables négociations.

Jonathan Lépine, Étudiant à l'université de Sherbrooke

Le gouvernement Charest croit réussir à faire avaler à la population que son offre est raisonnable et qu'elle devrait satisfaire la population ainsi que les étudiants. Or, les étudiants qui sont en grève le sont, car ils sont fermement opposés à la hausse des droits de scolarités. Cette hausse est toujours la même. Pourquoi arrêter le combat? Cette nouvelle mesure pour amadouer les étudiants est déplorable. D'une part, on parle simplement de s'endetter plus facilement et on se permet de rappeler que s'endetter n'est pas une solution. Le Québec en est la preuve; notre dette nous étouffe. D'autre part, ce sont les universités qui devront réussir à trouver l'argent supplémentaire pour les prêts et, espérons-le, les bourses... Cela veut dire qu'en réalité le gouvernement n'a rien fait. Il n'a rien changé. Il refile la facture à autrui et continue d'appliquer ses décisions inéquitables. Or, le mouvement étudiant décrit la gestion inéquitable des finances publiques et les étudiants s'attendent à ce que le gouvernement change sa façon de faire. Ce n'est pas ce qu'il compte faire avec cette proposition puisque c'est aux universités qu'est demandé l'effort supplémentaire.

Si on s'intéresse à la proposition d'un remboursement proportionnel sur le revenu, on décèle rapidement le piège. Il n'y a pour l'instant aucune modalité fixée quant à ce projet. Il faut être naïf pour croire que les libéraux réussiront à en faire une idée équitable et juste. C'est simplement un appât pour faire cesser la grève. 

Au-delà de tout ça, le vrai problème est qu'il n'y a pas eu de négociations. Le gouvernement affirme avoir ouvert la porte à des négociations, mais c'est faux, car Line Beauchamp ne voulait pas qu'on aborde la question de la hausse des droits de scolarité. Or, c'est la raison fondamentale pour laquelle les étudiants sont en grève. Il n'y a pas de véritables négociations si les dés sont pipés. Ainsi, les étudiants ont intérêt à demeurer en grève en dépit des risques, car il est temps de faire comprendre à ce gouvernement que leur arrogance n'a pas lieu d'être.

Premier devoir de gestion

Pierre Moisan, ex-étudiant et parent d'étudiants, Boucherville

Le gouvernement de monsieur Charest aurait-il oublié ou abandonné son premier devoir de gestion, celui d'agir en bon père de famille. Pourquoi ne cherche-t-il pas de façon active à résoudre le conflit? En se campant uniquement dans une dynamique de négociation à l'ancienne, en espérant que l'autre partie casse, il sera le premier responsable des conséquences quelles qu'elles soient.

Et sa suggestion de bonifier le système de prêts n'est pas une solution. Encourager à l'endettement et pelleter le problème par en avant dans la cour des étudiants, ce n'est pas une solution.

J'ai 56 ans et il y a une vingtaine d'années, j'ai pris la décision et j'ai fait le choix économique d'investir dans un plan d'études pour mes deux garçons. Je voulais leur éviter d'avoir à vivre les mêmes difficultés que moi. Je n'étais pas admissible aux bourses, mes revenus de travail étaient insuffisants et mes parents n'avaient pas les moyens de m'épauler financièrement. À la fin de mes études universitaires dans les années 70, j'avais cumulé 15 000 $ de dettes en prêts étudiants, malgré la gestion parcimonieuse de mon budget. Le contexte de l'époque m'obligea à travailler 70 heures par semaine pour rembourser une dette qui grimpait rapidement, le taux d'intérêt du marché se situant à 14¾%.

Aujourd'hui, monsieur Charest et son gouvernement viennent ajouter 1625$ annuellement, d'ici 5 ans, au frais de scolarité qui ont continué de croître ces dernières années, gonflés par les frais « afférents » de toutes sortes. Aujourd'hui, le gouvernement Charest va anéantir l'impact de mes vingt années de contribution aux plans d'études de mes deux garçons. Mais il ne réussira pas à anéantir nos ambitions.

Un bonbon empoisonné

Simon Champagne, étudiant en enseignement

Augmenter l'accessibilité aux prêts et non aux bourses se veut tout simplement une nouvelle mesure pour augmenter l'accessibilité à l'endettement, ainsi que de favoriser la bulle de spéculation sur les prêts. Les institutions financières sont toujours les seules à  profiter de la hausse, le gouvernement ne faisant que signer un chèque de 21 millions de dollars, à même les budgets des universités, envers ces institutions. Le mouvement de grève va se poursuivre, car une négociation avec un ordre du jour ouvert doit avoir lieu. Le gouvernement tente de diviser le mouvement avec de la poudre aux yeux, tout comme en 2005 avec son entente à rabais. Un bonbon empoisonné, voilà.

En ce qui a trait au RPR, le programme semble très improvisé et n'assure aucune garantie, étant donné qu'il n'est pas encore conçu en totalité, ni dévoilé.

Demander aux universités de miser sur la philanthropie pour pallier leur supposé manque, qui n'a jamais été chiffré, rappelons-le, relève de l'insulte envers les étudiants, de la déresponsabilisation de l'État, et de l'utopie néolibéraliste.

Il est grandement temps que ça cesse!

Yves Charron

Je suis étudiant dans une université où il n'y a pas de grève et il n'y en aura pas, car la session se termine mercredi prochain. Les gros braillards et surtout La CLASSÉÉ ne méritent pas l'attention médiatique qui leur est accordée. Il est temps que les frais de scolarité reflètent la réalité de 2012. La hausse est nécessaire, et aidera à garder les universités ouvertes. Ce n'est pas à tous les contribuables de payer pour les études. Les étudiants veulent le meilleur de ce qui se fait dans le monde, comme la Suisse qui offre des études gratuites, et même un montant pour survivre pendant les études, mais nos étudiants ne prennent que cette partie, ils ne mentionnent pas que si l'étudiant échoue, ne serait-ce qu'un cours, il est expulsé en permanence de l'université.  Ce même étudiant est contraint de faire son BAC en trois ans. Au Québec, on permet de prendre jusqu'à 39 mois de scolarité, soit cinq ans, et l'obligation de réussite n'existe pas. Les étudiants devraient aussi regarder la suite aux études, 62 % d'impôt! Est-ce que c'est ce qu'on peut appeler l'éducation gratuite ? De plus la Suisse songe à réformer la gratuité et les subventions aux études supérieures, est-ce que nos étudiants veulent accepter toutes les conditions ? Je dois affirmer que si l'on oblige des études à temps complet cinq cours par session et ne tolère aucun échec, le gouvernement pourrait réduire les frais de scolarité, car plus de 40 % des étudiants seraient expulsés des universités, et des CÉGEPS, soulageant l'État de plusieurs centaines de millions en frais de scolarité.

J'en ai marre.

Natalie Ouellet, candidate à la maîtrise à l'Université de Montréal

Marre de la mer de carrés rouges portés par tous les artistes et autres politiciens en mal de visibilité. J'en ai marre parce qu'ils sont un cruel rappel que ma session est en péril.

Je lisais Foglia ce matin. Il s'en fiche de la hausse des frais, il y a bien pire dans le monde. Si je n'avais pas une session en cours, j'aurais probablement eu la même réaction. J'aurais regardé ces milliers d'étudiants avec un air légèrement amusé. Ils m'auraient rappelé ma propre période de tendance à la manifestite, ma jeunesse quoi!

Mais voilà. J'ai une session en cours et l'association qui me représente a voté pour une grève générale illimitée à 103 voix contre 59. Nous avons bien tenté d'assister à un cours malgré tout, mais des étudiants nous empêchaient physiquement d'entrer dans notre salle de classe. « C'est ça la démocratie, man », nous a-t-on lancé au visage.

Laissez-moi vous expliquer la situation dans laquelle je me trouve. Je suis travailleuse autonome, j'ai deux petites filles de 2 et 5 ans et je fais une maîtrise. Inutile de dire que ma vie se doit d'être réglée au quart de tour pour que j'arrive à garder la tête hors de l'eau. J'ai deux cours cette session-ci, pour lesquels j'ai déjà remis six travaux et passé deux examens.

J'ai investi beaucoup de temps dans mes travaux. Du temps qui m'a empêchée de prendre des contrats, donc qui m'a fait perdre de l'argent. Du temps qui m'a empêchée de passer du temps de qualité avec mes filles. Du temps qui m'a empêchée de penser un peu à moi, ce qui arrive très peu souvent, vous l'aurez deviné.

Par ailleurs, j'ai dernièrement décidé de retourner travailler en entreprise et j'ai passé une entrevue. Au cours de cette dernière, j'ai indiqué que je serais prête à commencer dès la fin de la session. J'ai eu l'emploi. Génial, n'est-ce pas? Mais lorsque la directrice des ressources humaines m'a demandé à quelle date je pouvais commencer, je n'avais pas de réponse. Quand la session sera terminée? Et ce sera quand? Aucune idée. J'ai finalement accepté l'emploi, je me contenterai d'aller passer les examens, puisque l'entreprise a accepté de me donner deux après-midi pour ceux-ci. Pour les travaux, j'essaierai de tout régler par courriel. J'aurai donc la moitié des cours pour lesquels j'ai payé. Et ça, c'est si la session n'est pas tout simplement annulée.

Je vais me faire une raison pour la session. Mais je suis enragée. Je n'en peux plus de me faire dire qu'il faut être solidaire. De grâce, si le conflit ne représente pas un enjeu personnel pour vous, taisez-vous!

La grogne augmentera

Samuel Bergeron

Je crois sincèrement que cette offre ne fera qu'augmenter la grogne et la colère chez les étudiants. Le gouvernement Charest tente de duper la population avec une offre empoisonnée. Il faut que les étudiants continuent de se battre afin de faire comprendre que cette mesure n'améliorera pas la situation de l'endettement au Québec. Nos étudiants, actuels et futurs, méritent mieux qu'une offre stratégique d'un parti borné. Cette offre n'est qu'un cadeau aux banquiers qui empocheront encore plus de revenus d'intérêt de la part du gouvernement. Au final, on demande à tous les contribuables un effort plus grand et on impose des frais plus élevés aux étudiants. Selon moi, cette offre n'améliore pas la situation, mais elle l'aggrave.

Mauvaise proposition

Morgan Fortier, Étudiant, baccalauréat en communication - Marketing, UQÀM

Après plusieurs semaines de grève et de manifestations, j'étais très impatient de voir l'offre proposée par Line Beauchamp et Raymond Bachand pour résoudre la crise que commence à devenir cette grève pour tous les acteurs: étudiants, institutions scolaires, politiciens et, plus généralement, les gens qui la voient se dérouler. J'avais très hâte de voir de quelle coopération pouvait faire preuve le gouvernement.

La proposition d'élargir les bénéficiaires au programme de prêts est loin de n'importe quelle solution attendue par les étudiants en grève. Le message a été répété: ce qui est demandé est l'accessibilité aux études. Lorsqu'une chose est accessible, elle ne nécessite pas d'emprunt et d'endettement sur plusieurs années. Elle ne nécessite pas de prise de risque d'un point de vue financier. Elle ne nécessite pas de s'alourdir avec une dette, encore moins pour une chose que l'on considère comme un droit et comme un passage naturel de l'être humain. Je parle évidemment de l'éducation.

Je pense comprendre les craintes d'un budget. Je comprends que l'instauration d'un budget crée des priorités, et que certains services publics seront moins financés que d'autres. Je comprends que M. Bachand doit faire des sacrifices et qu'il doit faire des choix. Mais je ne comprends pas ceux qu'il fait en ce moment.

Dans une société, trois éléments fondamentaux doivent rester accessibles pour que la machine sociale, politique et économique continue de fonctionner: l'éducation, l'emploi et la santé. Une éducation accessible forme des personnes qui seront plus facilement employées en entreprise et qui pourront vivre confortablement et en santé. Je pense qu'il s'agit d'une démarche logique des choses pour que des individus vivent sainement au sein d'une société. Je pense que c'est la base: être éduqué, être salarié, être en santé.

Aujourd'hui, le gouvernement souhaite modifier l'un de ces trois fondements, pour des raisons qui paraissent légitimes. Cependant, la vive réaction des principaux bénéficiaires d'une éducation accessible - c'est-à-dire les étudiants, ceux qui veulent pouvoir se former et entrer sur le marché du travail avec leur éducation - est incontestable. Le gouvernement le voit bien. Mais l'oreille reste sourde aux plaintes et aux manifestations qui demandent à ce que l'éducation, reste un droit et non un service qui, en devenant plus cher, en mettra forcément de côté certains. C'est tellement simple comme conséquence que ça paraît ridicule de ne pas le comprendre. Mais tout de même, l'offre de ce matin laisserait croire le contraire.

Si les étudiants doivent désormais payer la juste part, pourquoi cela ne se fait-il pas lorsqu'ils auront les moyens de payer?

Je suis étudiant et je m'apprête à finir mon baccalauréat. Je travaille à temps partiel durant toute l'année pour me financer, donc une hausse ne m'aurait pas forcément effrayé. Toutes les raisons me pousseraient à retourner en classe. Mais un gouvernement qui n'écoute pas ceux qu'ils représentent et qui nuit à ce qui permet une meilleure société en est une qui m'en empêche, plus que toutes les autres. Je suis donc contre le retour en classe et pour une grève qui se poursuit même si, malgré ce que l'on pense, ce n'est pas la belle vie.

Condescendance immonde

Maxime Lambert, étudiant maîtrise en linguistique, Université Laval.

L'Association des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures n'a pas reconduit ce matin le vote de grève. Je respecte cette décision parce que je ne considère pas que mon droit prime sur celui du groupe. Je suis extrêmement mal à l'aise ce matin, non pas à cause de ce résultat démocratique, mais à cause de la conférence de presse, à cause de l'exercice démagogique auquel s'est adonnée la ministre Beauchamps.

Les étudiants réclament que l'on discute de la hausse des droits de scolarité, non pas afin de refiler la facture aux autres, comme l'entend la ministre, mais afin d'envisager des solutions respectant un idéal d'accès au savoir, de valorisation et de prise en main collective de celui-ci. Dire que l'on veut refiler la facture aux autres, c'est oublier que nombre des opposants actuels ne seront pas touchés par la hausse des droits de scolarité. Je ne serai pas touché et cela ne m'empêche pas d'être indigné. Les étudiants veulent asseoir la décision prise afin  de résoudre le problème de sous-financement des universités sur des valeurs qui, à long terme, définiront notre société, qui la distingueront et qui nous en rendront fiers.

La réponse du gouvernement est exactement le contraire. À problème X, trouvons une solution Y simple et rapide soutenue par des valeurs qui ne sont pas les nôtres, solution qui ne permettra pas au Québec de perpétuer sa démarche sociale-démocrate.

De l'huile sur le feu

Louis Guertin, étudiant, Boucherville

Je crois que ce que le gouvernement propose n'est pas une offre, mais seulement de l'huile jetée sur le feu. Les étudiants sont en grève depuis 52 jours, ce qui en fait la plus longue et importante grève étudiante de l'histoire du Québec, et que propose le gouvernement? D'endetter encore plus la classe moyenne!

Le gouvernement ne pourra régler ce conflit sans arrêter de traiter de façon condescendance les étudiants, comme si ceux-ci étaient des citoyens de seconde classe.  Les étudiants savent qu'ils mènent un combat juste pour que tous ceux qui en ont les capacités puissent accéder aux études et je suis persuadé que les étudiants continueront leur lutte de plus belle après ce simulacre d'annonce!

On apprenait récemment que le nombre de Québécois incapables de rembourser leurs prêts étudiants grimpe en flèche. Pas d'inquiétude pour les institutions financières : l'État cautionne ces prêts. Le trésor public rembourse lui-même aux banques les dettes des ex-étudiants insolvables, sans oublier les intérêts.

Après cela, il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre pourquoi la haute finance appuie une hausse des droits de scolarité. Plus de dettes équivaut à plus d'argent pour les banques. Dans le débat sur l'accessibilité aux études universitaires, les prêts étudiants ne font pas partie de la solution, mais bien plutôt du problème.

Proposition insuffisante

Lysiane Robidoux, Étudiante à la maîtrise en sexologie, à l'UQÀM

Je ne crois pas que cette décision du gouvernement d'améliorer le programme de prêts et bourses soit suffisante pour mettre fin à la grève étudiante. Il est vrai qu'il s'agit d'une excellente décision afin de rendre les études plus accessibles, principalement pour les étudiants dont les parents font partie de la classe moyenne.

Toutefois, là où la situation se corse, c'est lorsque l'on comprend d'où vient l'argent. Ces 21 millions vont provenir directement des universités. Or, c'est pour régler le sous-financement des universités que le gouvernement veut augmenter les frais de scolarité de 75 % sur 5 ans! Déjà que les 118 millions de bonification du programme de prêts et bourses proviennent directement de cette hausse, je me demande sincèrement ce qu'il va rester concrètement aux universités pour améliorer la qualité de l'enseignement!



Changer le mal de place


Sylvain Châtelain

Les augmentations des prêts ne changent rien à mon opinion. On va seulement changer le mal de place. On endette davantage les parents ou les élèves.

Encore un impôt indirect, puisque notre société avait décidé que l'éducation était une priorité pour notre société.  Mais pour le gouvernement  ne veut pas trouver de réelle solution au problème d'endettement. Il a pelleté sa dette vers les étudiants et aux parents.

Il ne désire pas trouver de réelle solution pour ne pas toucher les bailleurs de fonds de leur partie.



Les étudiants parents davantage pénalisés

Marc Daoud, chercheur à l'IRIS (Institut de recherche et d'informations socio-économiques).

L'annonce des ministres Beauchamp et Bachand n'a rien de réjouissant pour les parents étudiants. En effet, il faut souligner qu'il existe toujours une règle fiscale qui oblige les étudiants à déclarer leur bourse comme une source de revenus aux fins de calculs des prestations sociales. Aucun étudiant ne paiera d'impôt sur la bourse, mais certains verront leurs prestations de solidarité, l'aide versée aux enfants, leur crédit de garderie, leur prime au travail réduite et même pire, certains étudiants se verront imposer la taxe santé alors qu'ils n'ont aucun revenu.

Par exemple, un étudiant parent de deux enfants, dont le conjoint gagne un revenu de 25 000 $, devra ajouter la bourse de 8 000 $ qu'il reçoit à son revenu familial. La conséquence est directe: une réduction d'environ 2000 $ des prestations.

Alors que nos ministres proposent d'augmenter l'aide financière pour amoindrir les conséquences de la hausse des frais de scolarité, ils oublient que même si l'on donne une bourse supplémentaire de 1625 $ à un étudiant parent, ce dernier se retrouvera avec un manque à gagner de plusieurs centaines de dollars, la bourse augmentant son revenu. Malheureusement, nos ministres refusent d'envisager des mesures beaucoup plus équitables tel un gel et voir même la gratuité scolaire.

Détournement de débat

Sophie Pelletier

La raison initiale de cette grève était la hausse des frais de scolarité, qui avait un impact potentiel sur l'accès aux études supérieures à tous les étudiants. La gratuité scolaire n'existe pas en ce moment. Alors, la question à se poser est:  est-ce que cet ajustement au programme de bourses et prêts pourra permettre un plus grand accès à l'université ou du moins, annuler l'impact de la hausse dans la grande majorité des cas? Et la réponse est oui. Les étudiants n'ont plus de raison de poursuivre leur grève sur la base initiale.

Malheureusement, le débat s'est élargi (gratuité scolaire et renversement du parti libéral). D'autres groupes se sont joints puisqu'ils pouvaient utiliser la cause des étudiants pour passer leur propre message d'insatisfaction face au gouvernement libéral.

Les quelques responsables des associations étudiantes se doivent de respecter leurs membres. Ils se doivent de donner l'heure juste. Qu'ont-ils accompli depuis ces 52 jours de grève? Que peuvent-ils obtenir de plus? Devraient-ils revoir leur stratégie? Expliquer vraiment les risques aux étudiants et revoir leur prémisse de base qui est «la session ne peut pas être annulée ». Est-ce qu'ils réalisent que plusieurs étudiants ne pourront plus se payer leurs études non pas à cause de l'augmentation des frais, mais tout simplement parce que la grève les empêchera de travailler cet été ou réduira le temps de travail.

Ils doivent présenter la situation devant des assemblées générales avec un préavis adéquat. Ils doivent accepter d'entendre toutes les opinions et être ouverts aux autres. Ils doivent demander un vote secret et permettre à tous de voter. Est-ce qu'ils seront capables de mettre leur « égo » de côté et prendre le risque que leurs désirs personnels ne représentent pas le désir de la majorité des étudiants qu'ils disent représenter?

Ils ont la chance de réduire au silence leurs détracteurs s'ils acceptent de jouer la carte de la franchise et de respecter tous leurs membres.



Insuffisant

Anouk Charles, Laval

La proposition de bonifier le programme de prêts et bourses, basée proportionnellement aux revenus des parents est un petit pas vers l'avant, mais reste grandement insuffisante.

Le gouvernement Charest incite ainsi à l'endettement des futurs diplômés universitaires et ne fait que reporter le fardeau financier à plus tard. Les étudiants ont pourtant été clairs à ce sujet : ils ne veulent pas de cette hausse de 75 % des droits de scolarité, et ce, même avec une bonification du régime des prêts et bourses.  De plus, le gouvernement actuel se dégage de toute responsabilité quant au financement des universités, à qui il réduira les investissements en espérant que les institutions trouveront le financement dont elles ont besoin dans la philanthropie. Cela va à l'encontre des valeurs québécoises; l'éducation est un investissement pour l'ensemble de toute une société et non pas uniquement pour les entreprises qui profiteront d'une main-d'oeuvre qualifiée et instruite. Un bachelier versera 916 043$ en impôts au cours de sa vie active, soit un montant largement supérieur à celui d'un détenteur d'études collégiales du réseau public dont les droits de scolarité sont nuls et les études financées par les impôts des contribuables. Il est tout simplement inadmissible de pénaliser les futurs diplômés, qui seront ceux qui contribueront le plus au système d'éducation postsecondaire.

La toquade utopique

Pierre Pouliot, MBA

J'espère que les étudiants comprendront que cette ouverture par le gouvernement est une façon de mettre fin à cette grève.  C'est une toquade utopique de la part des étudiants de penser qu'ils obtiendront une concession sur ce point de la part du gouvernement. Comme payeur de taxes, je serais mécontent de voir les étudiants recevoir une formation postsecondaire gratuite.  Selon la logique, c'est impensable qu'une formation postsecondaire soit sur les épaules des contribuables.  Cette formation ne s'adresse pas à toutes les personnes.

Le gouvernement n'écoute pas

Éliane Provost, étudiante à l'UQAM

Je crois qu'une telle proposition ne peut qu'augmenter la rage des étudiants et les motiver à continuer leur combat. La position des étudiants est claire depuis le début de la grève, ils sont contre la hausse des frais de scolarité et c'est à propos de ce sujet qu'ils sont prêts à négocier.

Malheureusement, la seule solution que le gouvernement a trouvée pour les contenter est de mettre plus d'argent dans les prêts (et non dans les bourses) et de donner accès à plus de personnes aux prêts. Ce n'est pas en continuant d'endetter les futures générations que nous réglerons les problèmes.  Je tiens même à qualifier cette offre d'insultante pour les étudiants, puisqu'ils ont beaucoup de solutions de financement à proposer au gouvernement et qu'ils sont prêts à discuter de bonne foi sur le sujet qui pose discorde: la hausse des frais de scolarité et non un petit 20 millions de dollars supplémentaires en prêts.

Donc, en plus d'être dans les rues depuis plus de 50 jours à tenter de se faire entendre, les étudiants se font proposer une offre qui démontre à quel point le gouvernement ne veut pas et n'a pas l'intention d'écouter leurs revendications.

Crions, plus fort, pour que le gouvernement nous entende, mais surtout nous comprenne.

Des mesures d'endettement

Vanessa Gareau, étudiante au baccalauréat en histoire, UQÀM

Étant étudiante, je surveille avec grand intérêt tout ce qui à trait, de près ou de loin, à la grève étudiante. Ce faisant, j'étais très heureuse ce matin quand j'ai entendu que la ministre Beauchamp allait faire une offre aux étudiants... Jusqu'à ce que j'entende l'offre en question.  Encore une fois, la ministre a fait la sourde oreille aux demandes des étudiants en proposant une bonification des prêts et bourses alors que depuis six semaines, les étudiants crient dans les rues qu'ils veulent négocier la hausse des frais de scolarité. Il faut cependant l'admettre, le gouvernement du Québec a fait un bel effort pour donner l'impression aux Québécois que les étudiants sont bornés et qu'ils ne veulent pas entrer en communication avec la ministre alors qu'elle est prête à les accueillir. Un bel effort pour montrer une ouverture du gouvernement aux demandes des ses électeurs, et ce, en période pré-électorale. Un bel effort pour que dans le futur, les étudiants soient plus endettés que jamais.  Car, il faut le dire, les deux mesures  présentées par  le gouvernement ce matin ne serviront qu'à endetter les étudiants davantage. Les étudiants qui vivent dans des familles dont le salaire annuel est de moins de 60 000$  pourront être reconnus comme indépendants  financiers.  Cependant, les étudiants vont se voir verser de prêts supplémentaires pour subvenir à leurs besoins, et non des bourses. De plus, le programme de  remboursement proportionnel aux revenus va faire en sorte que les étudiants qui ont choisi d'étudier dans un domaine où les perspectives d'emplois et les salaires sont faibles devront payer de nombreux intérêts supplémentaires, puisqu'ils prendront plus de temps à rembourser leurs dettes. Et je ne parle pas ici des nombreux étudiants qui vont simplement décider d'abandonner la perspective d'études universitaires par peur d'être endettés durant plusieurs années.

Mais pourquoi cette offre si tard, alors que la ministre a dit à plusieurs reprises que les dépenses pour la mise en place de cette offre n'engendrerait des dépenses supplémentaires qu'aux universités. Tout d'abord, comme je l'ai invoqué précédemment, il est fort à parier que la ministre tente de démontrer à la population qu'elle est ouverte aux négociations, mais que les étudiants ne le sont pas, question d'obtenir davantage l'appui de la population. Cependant, depuis le début de la grève, les associations étudiantes ont tenté à de nombreuses reprises d'entrer en communication avec la ministre sans succès. On n'a qu'à se souvenir du passage de la ministre à l'émission « Tout le monde en parle » où elle expliquait qu'elle refusait d'entrer en contact avec les étudiants parce qu'ils avaient brisé les lunettes de sa secrétaire... Depuis, la situation a changé, la ministre est prête à communiquer avec les associations étudiantes, mais à ses conditions : Les étudiants ne doivent pas lui demander de revenir sur la hausse des frais de scolarité parce que, selon la ministre, revenir sur la hausse des frais de scolarité revient à demander aux Québécois de payer la facture des étudiants. Je ne peux qu'être en désaccord avec la ministre sur ce point. Nous n'avons jamais demandé à la population de payer pour notre facture. Nous voulons simplement que les universités soient restructurées pour que l'argent des universités aille aux services aux étudiants, plutôt que dans la poche des recteurs. Si veiller à ce que l'argent de la population serve à la population plutôt qu'à enrichir des individus est mal, je me demande bien dans quelle société nous vivons.

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