Le gouvernement Charest déposera un projet de loi pour interdire le versement de bonus à la performance dans la fonction publique ainsi que dans les réseaux de l'éducation et de la santé. Certaines sociétés d'État «commerciales» échapperont cependant à cette politique d'austérité et pourront récompenser leurs dirigeants: la Caisse de dépôt et placement, la Société générale de financement, Investissement Québec, la Financière agricole, la SAQ et la Société d'assurance automobile du Québec. Que pensez-vous de cette décision prise par le cabinet dimanche?



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La vache à lait "prime" avant tout

La fonction publique, ainsi que les réseaux de l'éducation et de la santé, sont des comptes de dépenses pour le gouvernement, donc c'est juste pour bien montrer que l'on travaille sur les compressions. Les sociétés d'État «commerciales» : Caisse de dépôt et placement, la Société générale de financement, Investissement Québec, la Financière agricole, la SAQ et la Société d'assurance automobile du Québec sont des comptes de revenus pour le gouvernement, donc il ne faut pas toucher aux vaches à lait et le gouvernement s'en fout, pourvu qu'ils rapportent leurs quota dans les coffres.

Sylvain Lavigne

Trop élevés

Ce n'est pas les bonis qu'il faut critiquer ici, car ils peuvent constituer un élément motivateur important dans la réorganisation de méthodes de gestion. Ce qu'il faut critiquer ici, ce sont les montants exorbitants des bonis et les raisons pour lesquelles on accorde ces bonis. Le plus bel exemple est la Caisse de dépôt qui a perdu plus de 40 milliards de dollars pendant que les dirigeants recevaient des bonis exorbitants. Ce qu'il faut critiquer ici, c'est que les bonis n'ont plus aucun sens et ne représentent plus cette motivation à la performance qu'ils devaient récompenser au départ, puisque tous les dirigeants en reçoivent, peu importe leurs réalisations et l'atteinte de leurs objectifs. Ce qu'il faudrait, à mon avis, c'est d'une part que l'on réinvente les bonis afin de leur redonner leur signification: "Des objectifs de performance quantifiables, mesurables et vérifiables". Et pour qu'il y ait une certaine forme d'équité entre le public et le privé, il faudrait mettre en place une imposition supplémentaire pour tous les bonis, qu'ils soient du privé ou du public. Une imposition supplémentaire régressive entre 50 % et 80 % pour tous les bonis net (après impôt) de plus de 10 000 $ et ce, quelle que soit la performance!

Linda Bossé

Des bonis qui donnent la nausée

Malheureusement, tous ne définissent pas la performance de la même façon. Ce qui fait que, quoi que l'on fasse, il y en aura toujours pour qui les règles ne s'appliqueront pas. On le sait, les emplois au gouvernement sont des emplois qui, la plupart du temps, sont sûrs. Pourquoi alors verser des bonis aux employés qui ont bien travaillé durant l'année? Ne nous attendons-nous pas à ce qu'ils travaillent bien? Même si l'on parle de sociétés d'État qui rapportent, ce sont toujours des sociétés d'État. Ce sont les contribuables qui paient pour des services, de l'alcool ou de l'électricité. Cela revient à une forme de taxation indirecte, mais tout de même volontaire, dans le cas de Loto-Québec et de la SAQ. Si l'on a si peur de perdre les bons employés au secteur privé, il y en aura toujours de très bons pour faire le travail. On ne pourra jamais faire aussi pire qu'Henri-Paul Rousseau, que Martin Tremblay qui nous ont floués des deux cotés, salaires, bonis, prime de séparation et quoi encore...

Je travaille pour changer le monde, depuis longtemps j'ai accepté le fait qu'en économie sociale on a un salaire social. Quand je vois ces bonis, j'ai mal au coeur. Le gouvernement devrait taxer à 100% les bonis versés en temps de crise. Et si l'on verse ces sommes tout de même, imposons-les à 90%.

Denis Gaudreault, Montréal

Et en cas de perte?

Selon moi, ce qui est important, c'est une autre question, celle qui n'est pas posée : qu'arrive-t-il lorsque ces gestionnaires perdent notre argent comme les 40 milliards de la Caisse de dépôt? Est-ce qu'ils remboursent les montants perdus ou c'est considéré comme «Act of God?»

Serge Bélanger

Aucunement

Car au départ, ce sont des emplois sûrs et très bien rémunérés et aussi parce que ces sociétés sont des monopoles. De plus, il me semble incorrect que le salaire de bien de ses administrateurs soit si élevé, et que certains soient même mieux payés que le premier ministre. Dans tout cela, il y a un manque de logique.

Michel Vallée

Non et non

Je n'approuve pas les bonis versés dans les sociétés d'État! Les salaires des cadres de ces sociétés sont déjà dans les six chiffres et plus élevés que celui du premier ministre lui-même, c'est de l'indécence! Ce n'est pas tout de réglementer pour établir le taux du salaire minimum. Il y a, de plus en plus, un problème à l'autre bout de l'échelle salariale. Tant que de si grands écarts existeront, les contribuables vont demeurer cyniques et désabusés. Ce n'est pas le budget Bachand qui va faire augmenter le taux de vote au prochain rendez-vous électoral. Je ne vois toujours pas l'ombre du 62% d'effort du côté du gouvernement. Jusqu'à maintenant, il y a surtout ces exceptions (sociétés d'État), qui retiennent l'attention. À quand l'abolition des Régies régionales en santé? Il y a là des compétences qui devraient être sur le terrain, là où sont les vrais besoins, pas devant un écran cathodique. Et le grand ménage au complexe G? Il manque d'enseignants dans les classes surchargées, ça doit pouvoir se transférer des fonctionnaires, sans primes et autre passage à la caisse!

Nicole Bourget



Un salaire pour un travail bien fait

Tous les fonctionnaires de l'État vont cesser de recevoir des primes, sauf quelques privilégiés qui, leur salaire de base ne suffisant pas pour bien faire leur travail, vont bénéficier de plus d'argent des contribuables. Nous recevons un salaire pour notre travail. Pour bien faire notre travail... ou bien est-ce pour mal le faire, étant donné qu'on n'a pas tous la chance d'avoir des primes?

Nathalie De Serre, Saint-Marc-sur-Richelieu



L'info pub du PLQ

Par un beau dimanche d'avril, Jean Charest a convoqué un conseil des ministres. Après cette réunion extraordinaire le premier ministre a dévoilé, lors d'un point de presse, le contenu de cette mascarade dominicale. Les mesures annoncées aux journalistes à la sortie de ce rassemblement sont les mêmes que celles contenues dans le récent budget Bachand.

Les mesures d'austérité et de dépenses intelligentes tant réclamées par l'électorat font-elles vraiment partie du discours de messieurs Charest et Bachand? Les sociétés d'État pourront continuer de verser de généreux bonis à leurs dirigeants, mais les bonis à la performance dans la fonction publique ainsi que ceux versés aux cadres des réseaux de la santé et de l'éducation seront suspendus pour deux ans. Pourquoi ce deux poids deux mesures? Il me semble que le message des citoyens envers le gouvernement Charest est clair: aucun boni ne devrait être remis en ces temps difficiles. Aucun élu ou haut fonctionnaire ne devrait recevoir de prime de séparation s'il démissionne. Qui plus est, ces mesures devraient être définitives et non temporaires.

Non la tenue de cette réunion ne m'a guère impressionnée. Bien au contraire. Lors du point de presse, monsieur Charest flanqué de madame Gagnon-Tremblay et monsieur Bachand m'a semblé être le vendeur de service d'une info pub destinée à vendre le PLQ et a justifié le fait que le gouvernement fera 62% de l'effort de réduction des dépenses. Cette démarche ne m'a pas convaincue du bien-fondé de ce budget pas plus d'ailleurs que de la véritable motivation et la volonté du gouvernement du Québec de faire l'effort que nous lui demandons. Qui pourra m'en vouloir? Après tout, ce sont là les mêmes personnes qui détournent la vérité et me prennent pour dupe depuis sept longues années!

Jean Bottari, Saint-Mathias-sur-Richelieu

Le moment idéal pour monter la barre

C'est dans les périodes difficiles que la nature force les espèces à se démarquer. Les prédateurs les plus rapides gagneront leurs courses contre les proies les plus lentes. Les grimpeurs les plus audacieux pourront atteindre les derniers fruits qui restent sur les plus hautes branches des arbres. Les plus ingénieux trouveront de nouvelles façons de se nourrir.

C'est aussi en période difficile que les organisations (privées comme publiques) ont plus particulièrement besoin d'employés compétents, motivés et performants. C'est le moment idéal pour identifier les meilleurs éléments. Ce serait le moment idéal pour inciter les employés à se dépasser et leur dire : « Ceux qui se démarqueront par leur leadership, leurs innovations, leurs efforts et leurs performances exceptionnels seront récompensés! »

Les programmes de boni sont créés pour inciter les employés à déployer tous leurs talents, leurs habiletés, leur audace, leur intelligence et leur rapidité pour maintenir ou dépasser un certain niveau de performance. Lorsque ces programmes sont bien conçus et bien administrés, les montants sont versés aux employés qui, par leur performance exceptionnelle, ont contribué aux succès de l'organisation. Nous devrions nous réjouir quand une organisation verse des bonis à ses employés, car c'est un indicateur que l'organisation a atteint ou dépassé ses objectifs. Plusieurs entreprises privées offrent de tels programmes et je ne vois pas pourquoi les employés de l'état ne pourraient pas bénéficier de tels programmes si les conditions suivantes sont respectées:

1- Les objectifs sont clairement définis mesurables et ambitieux

2- Il existe un lien réel entre la performance de l'employé et les résultats du département ou de l'organisation

3- Les évaluations du rendement sont menées avec rigueur, sur la base de faits observables

4- Les montants en cause sont assez généreux pour inciter les employés à atteindre leurs objectifs tout en n'étant pas démesurés par rapport à ce qui est offert dans le marché privé et par rapport à la capacité de payer de l'organisme.

Malheureusement, en supprimant complètement les programmes de boni, le gouvernement lance plutôt le message que, peu importe le niveau de performance, tout le monde va payer le même prix. Plutôt que de profiter de ce moment plus difficile pour monter la barre, le gouvernement la laisse tomber. Conséquence possible : les meilleurs employés iront travailler là où l'on récompense leur productivité. Et donc, les meilleurs postes devront être comblés par les "deuxièmes meilleurs" employés, qui n'auraient pas accédé à ces postes si les « meilleurs» employés étaient restés.

Dominic Mercier, Adm.A., Boucherville