En 1997, Québecor annonçait l'acquisition de TQS, Jacques Villeneuve gagnait encore des courses en F1, Mario Tremblay démissionnait de son poste d'entraîneur-chef de la sainte Flanelle, le salaire minimum était de 6,80 $, et Jean-Paul L'Allier était maire de Québec.

C'était une autre époque, avant même la tempête de verglas dont les étudiants d'aujourd'hui n'ont aucun souvenir. Pourtant, à ce moment, un quidam s'est procuré une Honda Accord 1998. Sans le savoir, celui-ci sera l'instigateur de mon bonheur 14 ans plus tard.

Bientôt quatre ans que je roule dans cette minoune achetée à un collègue pour la modique somme de 2500 $, ce qui équivaut à moins de la moitié des taxes de vente d'une voiture de 35 000 $. Elle répond à mon besoin de base : me déplacer. Je n'échangerais pas la liberté que me procure cette minoune. Pendant que certains dépensent des milliers de dollars annuellement pour étaler leur réussite, les inconnus roulant en minounes peuvent épargner pour les études des enfants ou contribuer à leur REER.

MOINS CHER

On veut changer des phares au xénon sur une BMW ? Les yeux de la tête. Sur la minoune, pour quelques dollars, on peut changer le tout soi-même. On perd sa clé ? C'est 300 $ pour la puce et la programmation de celle d'une Mazda 3. La minoune ? 2,99 $ et faire un doublon prend quelques secondes au Canadian Tire. Pas besoin d'assurer une minoune des « deux bords », elle ne vaut pas assez cher pour en parler. Pour 15 $ par mois, on s'assure ! Un accident survient ? Pas besoin de paniquer : la valeur de la voiture est inférieure à la franchise de l'assurance de la majorité des voitures neuves. On se fait grafigner sa voiture parce que quelqu'un ne sait pas se garer ? Aucun problème, quand on se fera cogner de l'autre côté, elle sera symétrique !

Sur les minounes, presque tout est mécanique. On n'a pas besoin de GPS, on a encore le sens de l'orientation. Le chauffeur de minoune a les dents blanches, il n'a pas besoin de Bluetooth. Parfois, on a même la chance d'avoir encore un lecteur de cassettes pour écouter de vieilles compilations de PolyTel. De plus, on a accès à des couleurs issues du passé comme aubergine, bleu turquoise, vert pomme ou orange brûlée. Aucun besoin d'être mécanicien quand on se déplace dans une vieille voiture, une carte CAA Québec fait l'affaire.

Alors la question est la suivante : puisque le besoin de l'automobiliste est de se déplacer, pourquoi accepte-t-il consciemment de payer trop cher pour une voiture neuve ?

Pourquoi accepter de perdre de 35 à 50 % de la valeur de la voiture durant les 3 ou 4 premières années ? Pourquoi accepter de payer une somme très élevée pour l'assurance de cette voiture neuve ? Selon Statistique Canada, le transport représente environ 19 % des dépenses courantes d'un ménage moyen au Canada.

Ainsi, à tous les acheteurs de voitures neuves, je tiens à vous remercier au nom des milliers de Québécois roulant en minoune. Parce que chaque minoune a un jour été votre premier choix au repêchage, cela nous permet de la ramasser lorsqu'elle s'approche de l'âge de la retraite pour une fraction du prix.

Malgré tout, le véritable champion de la logique financière a une carte Opus et partage son wagon de métro chaque matin. Pendant ce temps, le propriétaire de voiture, coincé dans le trafic, écoute sa radio en se convainquant de sa liberté. À la fin du mois, qui est le véritable cassé ?

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