Dans le débat sur la hausse des tarifs et des coûts des services de garde, une réalité persiste: plusieurs intervenants sont biaisés. Les parents, les gestionnaires de services de garde et le gouvernement teintent leurs propos d'un objectif précis: défendre leurs intérêts. Ainsi, dans une situation où l'on parle de chiffres, quoi de mieux que d'utiliser l'approche comptable?

Pour ce faire, on peut comparer deux états financiers représentatifs d'établissements de 80 places subventionnées. Pour ne pas permettre d'identifier les services de garde utilisés pour l'analyse, les écarts seront quantifiés en pourcentages. Notons que les états financiers des établissements subventionnés sont présentés sous un format préétabli par le gouvernement, ce qui permet de maintenir l'hypothèse de comparabilité. Les données étant privées, il paraissait impossible d'avoir accès à la totalité des états financiers. Par contre, cette analyse permet de faire ressortir des pistes d'enquête. Les deux établissements ont fourni un service de garde à 80 enfants durant l'année 2012-2013.

- Les frais de garde et d'éducation du CPE dépassaient de 41% ceux du service de garde privé subventionné.

- Le détail des dépenses démontre que la masse salariale des éducatrices spécialisées du CPE était 47% plus élevée que celle de l'autre établissement.

- Du côté des frais généraux, le CPE dépassait de 164% les frais du service de garde privé subventionné.

- La garderie privée subventionnée avait dépensé davantage en sorties éducatives et en matériel éducatif que le CPE.

- Par contre, le poste «alimentation» ne présentait aucun écart significatif.

De plus, quelques postes du CPE me laissent dubitatif. Par exemple, les «frais d'abonnements et de cotisations» représentent des milliers de dollars annuellement, alors que la garderie privée subventionnée se contente de quelques centaines de dollars de dépenses de cette nature. Comme le gouvernement pige potentiellement dans les surplus des CPE, on les incite implicitement à présenter un excédent minime et à dépenser toutes les ressources financières octroyées annuellement.

Auparavant, le gouvernement finançait la totalité de la construction des CPE, alors que les propriétaires de services de garde privés subventionnés devaient rentabiliser la construction des installations à même le budget d'exploitation. Certaines organisations ont financé partiellement des CPE pour offrir des places privilégiées à leurs employés. Donc, le gouvernement finançait des CPE, discriminant les parents ne travaillant pas pour l'organisation subventionnaire. Est-ce logique? Si l'on comparait les coûts, est-ce que les CPE auraient des coûts de construction plus élevés que les services privés pour des installations équivalentes?

Un service important

Malgré les écarts de coûts, les CPE ont un rôle important à jouer. Ils permettent d'offrir un service de qualité à des milieux moins intéressants pour les entrepreneurs: milieux défavorisés, clientèles difficiles, régions éloignées, etc.

En appliquant des standards de gestion efficaces tout en bénéficiant d'un avantage réduit à la construction, il serait tout à fait plausible de pouvoir générer des économies annuelles de 100 000 à 150 000$ par CPE en maintenant la valeur des services (pour une installation de 80 places). En prenant en compte que l'on dénombre 1465 CPE au Québec, on pourrait se retrouver avec une baisse de dizaines de millions en coûts totaux.

Dans une organisation où l'ultime règle du jeu consiste à atteindre un budget équilibré, faut-il se surprendre de constater que l'optimisation des dépenses ne soit pas au rendez-vous? Avoir une pensée collectiviste, c'est aussi ramener l'imputabilité au sein de la gestion financière de l'État et des organisations financées par celui-ci. Le gestionnaire doit se demander: est-ce que je gérerais de la même façon si c'était mon argent? Espérons une réponse positive.

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