Cette semaine, on se donne le droit de rêver Montréal avec le projet « jevoismontréal ». L'initiative citoyenne de proposer la réalisation des projets rafraichit le moule habituel de sous-traitance des réalisations collectives. Le message est clair : prenez un projet en main et réalisez-le.

Pourquoi ne pas se permettre d'aller plus loin et de fantasmer la mobilité urbaine à Montréal ? Un objectif : devenir le leader mondial du transport collectif sous toutes ses formes.

Revoir l'offre de transport pourrait littéralement transformer ses habitants et leur qualité de vie. Le transport collectif devrait non seulement générer des économies d'échelle, mais aussi engendrer la flexibilité des déplacements. La perception de confort de la voiture individuelle est plombée par plusieurs facteurs : la congestion routière, le coût individuel élevé, le manque de flexibilité et la pollution.

Selon le dernier rapport de CAA-Québec sur le sujet, le coût annuel total d'une automobile compacte varie substantiellement en fonction de l'utilisation. Annuellement, lorsque l'on parcourt 12 000 km, le coût total serait de 7 958 $, alors qu'il atteindrait 11 875 $ à 32 000 km. Par contre, les coûts fixes, ceux ne variant pas en fonction de l'utilisation, se situeraient entre 6 214 $ et 7 225 $ par année. C'est sur cette donnée qu'il faut changer notre conception. La possession individuelle de la voiture siphonne littéralement le portefeuille des citoyens. En partageant davantage les coûts fixes, on pourrait se créer une marge de manoeuvre budgétaire individuelle. La voiture stationnée utilise de l'espace urbain important. Lorsqu'elle n'est pas en déplacement, elle coûte quelque chose et monopolise l'espace collectif.

Montréal a évolué avec les années en laissant place à plusieurs initiatives publiques ou privées : Bixi, Communauto, automobile en libre-service (Car2go et Auto-mobile), autobus, train, métro, taxi, etc. Le cocktail de moyens de transport est la solution à préconiser. Montréal est une ville à densité variable et la circulation change en fonction de l'heure, de l'endroit et des besoins.

Le maire Coderre semble protéger l'industrie du taxi. En fait, cette industrie doit se différencier. D'ailleurs, la proposition d'Alexandre Taillefer de mutualiser et d'électrifier l'industrie pour créer une valeur ajoutée distinctive me semble la seule avenue logique. Comme on l'a dit pour l'industrie des médias, du livre ou de la poste : « adapt or die ».

« Seuls ensemble »

Alors, fantasmons un peu et imaginons une augmentation de la fréquence de l'offre de service. Ajoutons à cela une offre généralisée de la voiture en libre-service. Suggérons une rue où l'on sélectionne n'importe quelle voiture disponible. Celle que j'utilisais n'est plus libre ? Aucun problème, il y en a d'autres !

Plusieurs mesures pourraient être adoptées pour favoriser le développement de la voiture en libre-service : stationnements gratuits ou au rabais dans les espaces publics (incluant les espaces avec parcomètres), rabais pour les citoyens abonnés à plusieurs services de transports collectifs, crédit de taxes foncières, etc. Il faudrait aussi prévoir un tarif familial pour l'utilisation des transports en commun. En effet, le principe d'utilisateur-payeur devient parfois prohibitif lorsqu'une famille doit se déplacer. Le transport en commun doit offrir une économie d'échelle.

Il y a plusieurs décennies, un maire s'est permis de fantasmer sa ville. Grâce à lui, nous pouvons aller au centre-ville en utilisant le métro. Aujourd'hui, quelle est la vision du transport collectif de notre maire ? Peut-on rêver de le croiser un jour dans un tramway ? L'avenir de Montréal passe par le partage du transport. Le transport collectif, ce n'est pas que pour les pauvres. Vous voyez Montréal ? Rêvons-la et partageons-la à 1,6 million « de seuls ensemble », comme chantait Daniel Bélanger.

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