Roulant dans ma voiture sur l'autoroute 40 Est, mon oeil est attiré par un écran rouge libéral: «Denis Coderre Visionnaire». En campagne électorale, les mots l'emportent parfois sur la valeur réelle de ceux-ci. Les politiciens s'engagent dans une série de promesses, d'objectifs, d'actions ou d'engagements à réaliser durant leur mandat. Parmi ceux-ci, comment faire pour détecter ceux ayant réellement une valeur ajoutée?

En gestion, un des principes de base stipule que les objectifs ou engagements doivent répondre à l'acronyme «S-M-A-R-T». Pour être capable d'apprécier la vision de monsieur Coderre, il faudrait d'abord que les engagements soient «Spécifiques», c'est-à-dire qu'ils touchent des aspects sous le contrôle de l'équipe du maire de Montréal. Par la suite, ceux-ci doivent être «Mesurables»: il faut pouvoir juger leur pourcentage d'accomplissement. Les objectifs nécessitent aussi d'être «Ambitieux»: un engagement électoral doit avoir un certain niveau de difficulté pour être pertinent. Par contre, il doit aussi être «Réaliste», donc à la portée du candidat. Finalement, on ne peut parler d'un objectif sans le fixer «Temporellement».

Un des engagements économiques de l'Équipe Coderre s'énonce comme suit: «Exercer pleinement notre leadership et établir des liens solides de collaboration avec les autres paliers de gouvernement et les partenaires métropolitains». Pour ce faire, on précise qu'il faut «Coordonner les ressources compétentes des deux paliers de gouvernement en matière de développement économique pour optimiser et accélérer l'installation de nouvelles grandes entreprises sur le territoire de la Ville.»

Donc, à la lecture de ces phrases, est-il possible de mesurer cet engagement dans le temps? S'engager à «coordonner» ou «exercer pleinement notre leadership» n'est nullement ambitieux ou mesurable. On ne peut pas déterminer le degré d'accomplissement de l'objectif. Dans les plateformes de tous les candidats, il y a des phrases plus creuses que d'autres, mais regardons certains principes respectés par les candidats.

Bien que relativement court, le programme de Marcel Côté est plus précis à certains égards. Par exemple, au niveau des finances publiques, il veut «assujettir les engagements financiers de la Ville à sa capacité financière et se donner comme objectif de plafonner à l'inflation les hausses de taxes foncières». Cet objectif est spécifique, mesurable, ambitieux et réaliste. Pour compléter l'idée, il faudrait ajouter à quel moment on croit l'atteindre.

Mélanie Joly démontre bien son expérience en relations publiques avec un programme de 10 actions majoritairement précises dont certaines respectent les principes de l'acronyme «SMART». Par exemple, celui «d'augmenter de 5% l'étendue du couvert végétal formé par les arbres sur le territoire de la Ville de Montréal d'ici à 2021» pourra être mesuré à la fin d'un éventuel mandat.

Pour sa part, Richard Bergeron propose 71 engagements électoraux, dont certains respectent les principes énoncés ci-dessus. En effet, l'objectif de construire entre 10 et 15 km de lignes de tramway d'ici 2017 pourra être mesuré par les contribuables montréalais.

Il y a deux styles de politiciens: 1) celui ayant des idées et faisant un cheminement politique pour les mettre en oeuvre et 2) celui voulant faire de la politique en se cherchant des idées pour demeurer dans le jeu. Quand on ne s'engage à rien de précis, on ne peut pas décevoir l'électeur. Si le désir des Montréalais était d'avoir un maire dont les principales qualités étaient d'être sympathique, souriant et heureux de prendre des photos en serrant des mains de contribuables, c'est d'une mascotte dont ils auraient besoin.

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