Le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, désire introduire un cours d'histoire nationale obligatoire dans le programme collégial. Dans la liste des priorités à intégrer dans l'intouchable cursus de cours au cégep, la littératie financière devrait avoir priorité sur l'histoire.

Comprenons-nous bien, il est important d'entendre d'où l'on vient pour comprendre les réalités actuelles. Par contre, avant d'approfondir nos connaissances sur notre passé collectif, il faudrait d'abord être capable de comprendre le monde dans lequel on vit.

L'avenir d'un citoyen passe indubitablement par sa gestion des finances personnelles, mais aussi par sa compréhension des risques et des menaces de son environnement économique. Avec une base en finance et en économie, le citoyen pourrait être à même de se familiariser davantage avec les règles du jeu et d'améliorer son sort dans la partie de Monopoly mondiale. Parce que pour pouvoir survivre dans un système ou critiquer ce dernier, il faut d'abord le comprendre. La monnaie est la base de nos échanges. Que l'on soit artiste, plombier ou avocat, on ne peut nier notre obligation de gérer notre salaire et de l'investir.

Dans une formation générale, l'étudiant est déjà exposé à des cours d'histoire au secondaire. De plus, cette matière est omniprésente implicitement: histoires des courants littéraires, histoire de la philosophie, histoire de la science, etc. Ainsi, est-ce que la contribution marginale de 45 heures supplémentaires en histoire aura la même utilité nationale que d'assurer une base en finance à tous les citoyens?

Que veut-on de la formation collégiale? Est-ce former le citoyen et l'outiller pour le futur ou lui rappeler constamment que selon l'histoire, il est né pour un petit pain? Pierre Duchesne a l'opportunité de contribuer à faire évoluer l'identité et la culture québécoise. Veut-il être un vecteur de changement ou désire-t-il perpétuer notre abnégation collective quant à la place du Québec dans le monde?

Une société s'appropriant le titre de «quelque chose comme un grand peuple» doit être capable de s'adapter au monde et créer de la valeur et de la richesse pour ses citoyens. Sans comprendre les règles du jeu, le citoyen se retrouve indubitablement à perdre de son indépendance. Nous avons abandonné tout ce qui restait de formation économique au secondaire, il est peut-être temps de saisir la balle au bond et changer cette logique.

La réalité est la suivante: le taux d'endettement des ménages canadiens dépasse les 160%, le taux d'épargne est généralement inférieur à 4% et la majorité des Québécois ne savent pas réellement ce que cela signifie. Si nous voulons un Québec prospère, nous devons comprendre les mêmes bases et avoir une culture générale à plusieurs niveaux.

Est-ce que cette soudaine obsession pour les cours d'histoire au cégep induit une stratégie implicite pour valoriser le projet de souveraineté? Il vient un temps où regarder dans le rétroviseur ne donne pas le bon signal sur ce qui se passe à l'avant.

Un gouvernement ayant comme objectif que son peuple déclare son indépendance devrait promouvoir une plus grande autonomie économique de ses citoyens et de sa province. La véritable quête vers l'indépendance n'est pas historique, mais économique.

Le gouvernement fédéral a affecté des ressources budgétaires à la littératie financière, jugeant que les lacunes des Canadiens à l'échelle financière étaient considérables. Le gouvernement du Québec aura-t-il cette lucidité? Pour l'instant, les Québécois sont formés pour ne jamais passer go et réclamer 200$.

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