Assis devant l'ordinateur, une coupe de vin à la main pour joindre l'utile au désagréable, je commence à produire la déclaration familiale de revenus 2012. Mais en cette ère informatique, je me questionne sur certaines pratiques fiscales du passé.

Le gouvernement fédéral n'envoie plus unilatéralement de déclaration en format papier par la poste. Scandale? Pas vraiment. La déclaration de revenus en format papier est une aberration: un anachronisme. Il est maintenant temps de revoir l'efficacité de notre système d'autodéclaration.

Avant de soulever un tollé avec l'élimination de l'impression des formulaires de déclaration de revenus, Québec et Ottawa devraient fournir gracieusement un logiciel ou une application web permettant de transmettre nos données fiscales. Le meilleur outil pour changer les habitudes de production de déclaration de revenus des contribuables demeure leur donner une application gratuite (permettant d'épargner temps et argent).

La production d'une déclaration de revenus à l'aide d'un logiciel se fait en une fraction du temps requis pour la version papier. De plus, le logiciel permet d'optimiser les avantages fiscaux tout en minimisant les erreurs liées aux reports de chiffres. Il permet donc aux contribuables de faire des analyses de sensibilité, de tester divers scénarios et de faire une meilleure planification fiscale. Une déclaration de revenus de base se fait en quelques minutes avec un logiciel. Il paraît impossible d'en faire autant à la mitaine!

Mais Revenu Québec (RQ) et l'Agence du revenu du Canada (ARC) devraient pousser plus loin la réflexion. En ce moment, les employeurs et les autres émetteurs de sources de revenus envoient des feuillets (T4, Relevé 1, etc.) aux gouvernements du Québec et du Canada en plus d'en fournir une copie au contribuable. À partir de ce moment, celui-ci saisit les feuillets reçus dans sa déclaration de revenus. Puis, l'ARC et RQ valident que les feuillets reçus des employeurs correspondent bien aux données déclarées par le contribuable. Suis-je le seul à trouver qu'on perd du temps ici?

Tant qu'à comparer des chiffres provenant de la même source, pourquoi ne pas mettre en place un système informatique permettant d'octroyer au contribuable une déclaration de revenus contenant déjà les données des feuillets dans une application web? Celui-ci pourrait alors remplir ladite déclaration en la complétant avec les autres sources de revenus, faits et dépenses.

Une fois la table mise, on peut évidemment remettre en cause la double déclaration de revenus à produire au Québec. Elle constitue une des plus grandes incongruités de notre système fiscal. D'un point de vue d'efficacité et d'efficience, payer pour un service gouvernemental existant au fédéral et au provincial tient de l'absurdité. La double déclaration implique un dédoublement des systèmes de vérification, de manipulation des données, des frais de communications, etc.

Bien que les règles fiscales soient différentes entre le Québec et le Canada, rien n'empêcherait de mettre en place un partenariat entre les deux paliers gouvernementaux et d'éliminer cette source de gaspillage collectif, tout en gardant la souveraineté fiscale partielle de la province.

Ainsi, les déclarations de revenus électroniques permettent en théorie à l'ARC et à RQ d'épargner des ressources salariales liées au traitement et la manutention pour les transférer à la division des enquêtes. Voilà qui est rassurant pour tout salarié frustré de voir qu'autant de Québécois fraudent l'impôt sans jamais en subir les conséquences. En attendant, profitons de la technologie lorsqu'elle nous est salutaire au lieu de s'opposer au progrès.

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