Le débat sur le zèle de l'Office québécois de la langue française fait rire la planète. Pendant ce temps, on recule sur l'apprentissage intensif de la langue anglaise en sixième année pour des raisons de capacités des étudiants. Pour valoriser la langue française, pourquoi ne pas commencer ailleurs, sans que cela nécessite une nouvelle loi, structure ou organisme? En enseignant au cégep et à l'université, on réalise que la maîtrise de la langue de Molière est facultative.

Lors de la correction, il n'est pas rare de se faire demander «si le français compte». Pourquoi cette question? La langue sert de carte de visite dans une communication écrite. Elle représente non seulement les idées, mais constitue aussi la base de la forme d'un texte. Voici un extrait de la politique de la qualité de la langue, présentée dans tous les plans de cours du cégep régional de Lanaudière: «La présence d'un français écrit adéquat constitue l'un des critères d'évaluation que les enseignants doivent prendre en compte au moment d'évaluer les travaux et les examens écrits. Sauf dans les cours portant sur l'apprentissage d'une autre langue, 10% de la note est accordée à ce critère».

Lorsqu'un étudiant semble incapable de transmettre correctement ses idées en mots, il ne devrait pas seulement perdre des points pour la qualité de la langue. En présence d'un contenant inadéquat, le contenu est altéré. Accorder des points à un texte en tentant de deviner l'idée sous-jacente correspond à tenter de transporter de l'eau dans un contenant percé.

Plusieurs étudiants de la réforme affirment sans hésitation que la dictée est disparue de leur apprentissage au secondaire. Pourquoi la dictée paraît-elle si importante? Parce qu'elle est un des rares mécanismes où l'étudiant ne détermine pas les mots, la structure de phrase ou la ponctuation du texte à rédiger. La dictée force l'étudiant à apprendre des mots jusque-là inconnus, à utiliser sa mémoire.

Avant de se lancer dans une approche par compétence, il faut avoir des connaissances. On ne peut pas écrire un livre sans connaître des mots. La connaissance précède la compétence. Avant de pouvoir utiliser les mots, il faut connaître leur signification ou même leur existence.

Bien s'exprimer, utiliser un vocabulaire adéquat et parler un français convenable, voilà des compétences outrepassant les frontières de l'école. Dans un monde d'instantanéité, la relecture avant l'envoi d'un texte semble être devenue facultative. Un commentaire est récurrent à la fin des travaux corrigés: «Svp, relisez-vous au moins une fois avant de remettre votre copie». Les phrases incomplètes, les paragraphes sans ponctuation, les conjugaisons au son et l'oubli de l'accord du pluriel ne sont que des exemples communs des lacunes relevées.

Avant de modifier les programmes au primaire et de nommer un ami du parti à la tête de l'OQLF pour «en modifier la culture en profondeur», pourquoi ne pas simplement donner des directives claires d'admissibilité et de correction de la langue aux établissements d'éducation supérieure du Québec? La qualité de la langue doit être l'affaire de tous, en commençant par ceux et celles qui revendiquent des diplômes postsecondaires.

En attendant, ne soyons pas surpris de recevoir un courriel d'un soi-disant professionnel se résumant par «Je mapel ..., pourié-vous comuniquez avec mois dans les plus brèfes délaids».

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