Le gouvernement Harper s'en prend aux chômeurs. On déchire sa chemise sur la place publique au nom des pêcheurs de la Gaspésie. La réforme du gouvernement Harper est maladroite. La raison paraît simple: ce sont deux réalités distinctes que l'on atteint avec une seule mesure.

D'une part, on tente de mettre fin aux abus de l'assurance-emploi. D'autre part, on introduit de nouvelles règles nuisant au concept d'occupation de territoire. La vision de l'assurance-emploi du gouvernement conservateur semble unidimensionnelle: elle est une assurance de dernier recours en cas de perte d'emploi. Pourtant, certaines nuances doivent être établies au préalable.

Les citoyens habitant les régions éloignées sont parties prenantes de notre objectif collectif d'occupation de territoire. Ainsi, leur recours chronique à l'assurance-emploi n'a pas la même signification que celui d'un travailleur de la région métropolitaine de Montréal dans le domaine de l'enseignement ou de la construction.

Cela amène l'idée de scinder les règles d'assurance-emploi en plus d'un volet. On pourrait créer un volet servant des régions bien identifiées répondant à des critères d'occupation de territoire. En quelque sorte, certaines régions du Canada pourraient bénéficier d'un programme «d'assistance à l'occupation du territoire». Ce faisant, les règles d'accès à celui-ci seraient différentes de celles de l'assurance-emploi et son financement pourrait être revu.

L'objectif derrière les actions du gouvernement Harper est de mettre un terme au chômage planifié par un contribuable n'ayant pas l'intention, pour des raisons volontaires ou non, de retourner sur le marché du travail avant une période prédéterminée. L'objectif ne prend pas en compte le désir d'un travailleur de continuer de peupler une région qui se voudra contrainte à l'exode si une telle mesure est appliquée unilatéralement à travers le Canada. La bonne question est la suivante: qui devrait payer pour aider ce type d'employé à stabiliser son revenu sur une année? Son employeur? Lui-même? Les deux? Pour le moment, ce sont les travailleurs canadiens qui payent.

Maintenant, est-il logique qu'un chargé de cours bénéficie du chômage à chaque période estivale? N'ayant pas d'emploi disponible dans cette période, doit-on accepter que celui-ci utilise le chômage comme un revenu d'appoint perpétuel? Jusqu'où peut-on exiger de vouloir travailler dans un emploi nous convenant? Est-il logique qu'un travailleur de la construction planifie des «vacances» durant une période de chômage?

Quelques mesures pourraient être mises en place pour limiter les abus. Une première serait d'augmenter la période préliminaire à l'accessibilité au chômage en certaines circonstances. Ainsi, un chargé de cours à temps complet ou quasi complet ayant un contrat probable pour l'automne devrait-il avoir accès au chômage pour la période d'été? Ne devrait-il pas faire comme d'autres travailleurs et amortir son salaire de la période de travail sur 12 mois?

Appelons un chat un chat: une taxe «dédiée», c'est risqué. L'assurance-emploi devrait être une assurance réservée à la perte d'emploi non préméditée et involontaire. L'introduction d'une mesure d'assistance à l'occupation de territoire a un objectif bien distinct et doit être financée différemment. Cette mesure n'a pas à être financée par les payeurs d'assurance, mais par le fonds consolidé des impôts sur le revenu.

Pour l'instant, l'assurance-emploi correspond en partie à des subventions à des industries par l'externalisation des coûts à l'ensemble des travailleurs. Si l'intention du gouvernement est de subventionner une industrie, qu'on l'affirme sans détour! Autrement, qu'on demande à ces industries et leurs travailleurs de financer leurs propres mesures de stabilisation de leurs revenus (comme le font les agriculteurs).

Pour l'instant, l'assurance-emploi est un fonds en quête d'identité devant être scindé et repensé. Par contre, la façon de procéder du gouvernement Harper est irresponsable et sans nuances. Il est temps de réfléchir autrement.

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