Cette semaine, l'Office de consultation publique de Montréal entreprend la démarche en vue de l'adoption du Plan de développement de Montréal (PDM). Ce plan guidera les décisions des élus pour les prochaines années. C'est dire que l'opération est aussi importante que le sera l'élection municipale de novembre prochain.

Le PDM propose divers principes d'aménagement et de développement dont la Ville devra s'inspirer pour sa planification. Le Plan préconise, entre autres, le renforcement des trois pôles économiques de Montréal. Malgré la tendance à la dispersion des emplois sur le territoire, ces pôles se concentrent à l'est, au centre et à l'ouest de Montréal.

Le premier pôle à l'est est constitué des industries manufacturières plus traditionnelles à faible intensité technologique. On pense au secteur du vêtement, de la métallurgie et de l'agroalimentaire, par exemple. Les services spécialisés, surtout du centre-ville, avec les communications, les services aux entreprises, les institutions et industries culturelles ainsi que les centres de recherche et universitaires, représentent le second pôle. Finalement, à l'ouest, il y a une économie de haute technologie axée sur l'information, l'électronique, le biopharmaceutique et l'aérospatiale.

Le PDM propose de renforcer ces trois pôles, ce avec quoi on ne peut qu'être d'accord. Une des forces de Montréal, c'est la diversité économique de ses secteurs d'activités. Montréal est la région métropolitaine la plus diversifiée au Canada. Cela lui assure stabilité et dynamisme. La dernière récession a bien montré les avantages de cette situation.

Tout en saluant les efforts de la Ville et de Québec pour redéployer les activités vers l'économie du savoir, il ne faut pas oublier que la fabrication fait partie de cette diversité. Il est impensable d'adopter une attitude de laisser-faire face à son avenir. La réindustrialisation est à l'ordre du jour partout en Occident. Il s'est créé plus de 500 000 emplois manufacturiers aux États-Unis depuis 2010.

Entre 1981 et 2006, il s'est perdu environ 100 000 emplois dans la fabrication dans l'agglomération montréalaise, mais il en reste toujours près de 156 000, soit près de 15% de l'emploi. Si l'on ajoute les 100 000 emplois manufacturiers dans le reste de la région métropolitaine, on arrive à peu près au même niveau d'emplois manufacturiers qu'il y a 35 ans pour la grande région de Montréal.

Toute l'industrie manufacturière souffre de la surévaluation du dollar canadien, mais l'aéronautique et l'industrie pharmaceutique ont besoin que la prépondérance de Montréal dans ces secteurs soit reconnue à Québec comme à Ottawa. Le leadership des élus municipaux est essentiel pour cette reconnaissance.

Au milieu des années 80, comme président du Conseil central de Montréal de la CSN, j'ai été partie prenante des comités de relance de l'est et du sud-ouest de Montréal. Ces secteurs avaient été durement frappés par la récession de 1981-82. À l'époque, le taux de chômage à Montréal était de 12,5%. Aujourd'hui, ce taux est à 10%. L'urgence d'agir pour l'emploi devrait donc être toujours omniprésente. C'est pourquoi l'emploi doit être au coeur du Plan de développement de Montréal.

La principale faiblesse de ce document à cet égard, c'est qu'il table uniquement sur l'aménagement de la ville pour assurer le développement économique de Montréal. Manifestement, ça prendra plus. En particulier, le PDM doit intégrer une vision du développement économique et de l'emploi qui fait cruellement défaut.

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