Denis Coderre annonce sa candidature à la mairie de Montréal. Pour un petit de gars de Saint-Alphonse-Rodriguez, où j'habite, c'est un destin plutôt insolite. Ironiquement, il est né dans la circonscription fédérale de Joliette où aucun député libéral n'a été élu depuis 55 ans, donc bien avant sa naissance. Ça explique peut-être son exil pour Montréal où il a fait toute sa carrière.

Coderre aime la politique et il n'a fait que ça toute sa vie. C'est un avantage parce qu'il a beaucoup d'expérience, mais aussi une faiblesse parce qu'il n'a pas fait que de bons coups. Sera-t-il en mesure d'avoir une approche différente comme maire de Montréal que celle qu'il a comme député de Bourassa?

Tout le monde reconnait que l'homme est travaillant, ne compte pas ses heures et sait être à la bonne place au bon moment. Il prend tous les moyens pour être présent et visible, surtout par le biais des médias sociaux, mais aussi par ses initiatives parfois très populistes. Tout le monde se rappelle son périple en Afghanistan qu'il a fait de son propre chef contre la volonté du gouvernement, mettant sa vie et celles de soldats en danger.

Plusieurs ont goûté à ses méthodes musclées. À la veille de la campagne référendaire de 1995, il s'en prend violemment à l'ancien réfugié chilien Osvaldo Nunez, devenu député bloquiste. «Des fois, j'ai envie de remettre en vigueur la loi sur la déportation et de renvoyer dans leur pays ces gens qui crachent sur mon drapeau», avait-il lancé lors d'une assemblée partisane. Il s'excusera ensuite, mais du bout des lèvres. «J'aime mieux avoir des remords que des regrets», avait-il dit.

Dans les débats, il utilise souvent des arguments d'autorité - «Moi, j'ai été ministre...» - et cherche à déstabiliser ses adversaires plutôt qu'à convaincre. J'ai moi-même vécu l'expérience quelques fois. Lors d'un panel télévisé pendant l'élection de 2008, se voyant coincé, il m'a coupé la parole pour me parler de la couleur de ma cravate en espérant me faire perdre le fil de ma pensée.

Depuis le départ de Jean Drapeau, toutes les administrations de Montréal ont été des coalitions entre des souverainistes et des fédéralistes, que ce soit celle de Doré, de Bourque ou de Tremblay. En sera-t-il capable? Il y a bien dans son entourage l'ancien ministre péquiste, Pierre Bélanger, mais il faudra plus pour montrer qu'il veut être le maire de tous les Montréalais.

L'intégrité sera au centre de la campagne électorale municipale et Denis Coderre devra prouver qu'il n'a pas de squelettes dans son placard, lui dont le nom a été écrit 15 fois dans le rapport du juge Gomery sur le scandale des commandites.

Dans la course actuelle, Denis Coderre est l'élément de nouveauté. C'est son principal atout, mais il devra rapidement présenter sa vision pour Montréal. Pour le moment, on en sait peu sur ses idées pour la ville au plan environnemental, culturel, social et économique.

En attendant ses idées et malgré un départ chaotique, sa présence dans la course à la mairie de Montréal suscite de l'intérêt, mais surtout, elle ramène l'élection municipale de novembre prochain au centre de l'écran radar politique.

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