Ceux de gauche comme de droite qui souhaitaient que le Sommet sur l'enseignement supérieur soit un échec parce que de telles rencontres, selon eux, ne visent qu'à protéger les acquis des groupes participants, ont dû déchanter.

Loin d'être une nouvelle forme de corporatisme, le Sommet a montré que les acteurs du milieu avaient pris l'exercice très au sérieux. Non seulement personne n'a quitté le Sommet, mais manifestement, plusieurs auraient pris quelques heures de plus pour débattre.

Pour une rare fois au Québec, l'enseignement supérieur a été au centre de l'attention médiatique. Le public a pu prendre connaissance de l'ampleur des défis qui interpellent cette mission majeure de notre société. En définitive, c'est l'appui de la population à une vision ou une autre de l'éducation supérieure qui est la meilleure garantie de sa mise en oeuvre par le pouvoir politique.

Avec les cinq chantiers, les différents acteurs du milieu ont un moyen de maintenir l'intérêt pour le sort de nos universités et de nos collèges, et une certaine pression sur le gouvernement. Plusieurs l'ont compris parce que tous semblent vouloir y participer. Cette approche de dialogue social renoue avec un des aspects les plus importants du modèle québécois.

Des questions aussi complexes que la gouvernance, le Conseil national des universités, l'offre de formation collégiale, la formule de financement et l'aide financière ne se décrètent pas et méritent d'être travaillés sérieusement, même si c'est le gouvernement qui décidera en dernier ressort, ce qui est normal. La méthode de travail du gouvernement est la bonne.

La première ministre a promis un réinvestissement de 800 millions de dollars dans la base de financement des universités. Il ne faudrait pas qu'elle oublie que le sous-financement vient en grande partie des coupes de 1994-1995 du gouvernement fédéral dans les transferts pour l'éducation postsecondaire qui ne les a jamais rétablis. C'est 820 millions par année dont le gouvernement du Québec est privé. Il serait temps d'exiger notre dû.

Comme plusieurs, je suis déçu de la décision de la première ministre Marois de ne pas geler (pour vrai) les droits de scolarité. Je pense sincèrement que c'est un moyen d'arriver à la gratuité scolaire à tous les paliers. C'est une question d'équité parce que les droits de scolarité ont un effet sur l'accessibilité aux études, même les adversaires de cette option le reconnaissent maintenant.

Il faut par contre reconnaître que l'indexation des droits (70$) n'a aucune commune mesure avec la hausse substantielle des libéraux (254$) et qu'on a écarté des formules comme les universités à deux vitesses et la modulation des droits de scolarité selon les domaines d'étude. L'enjeu des frais afférents reste dans le débat public puisqu'il sera étudié par le chantier sur le financement des universités.

Le plus grand apport du sommet a donc été le refus par les participants de la logique de marchandisation de l'enseignement supérieur, qui était encouragé par les libéraux et certains milieux. Cela ne signifie pas que la mise en place d'un autre modèle soit garantie.

La mobilisation et la vigilance des étudiants et de leurs alliés ne doivent pas cesser. Il faut bâtir sur les acquis du sommet et poursuivre la bataille pour la gratuité. Le sommet doit être vu comme une étape vers un autre modèle d'éducation supérieure.

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