La première ministre Pauline Marois devait être contente dans son for intérieur de voir cette manifestation d'anglophones contre le projet de loi 14. En effet, une centaine de manifestants sont venus exprimer leur inquiétude concernant les nouvelles règles contenues dans ce projet de loi pour favoriser l'usage du français. Comme quoi la loi 14 a de la substance!

C'est que certains, comme Pierre Curzi, considèrent la loi 14 comme des «mesures homéopathiques inefficaces». Non seulement va-t-elle beaucoup moins loin que ce qu'avait promis le Parti québécois en campagne électorale, mais de l'avis d'observateurs, elle manque de mordant. Ce qui fait que les mesures adoptées risquent de n'avoir aucun effet pour renforcer la place du français au Québec.

Cette manifestation s'est tenue à la suite de l'appel de l'organisme Put back the flag, qui semble assez marginal. Mais les sondages commandés par CBC montrent un malaise réel entre la minorité anglo-québécoise et le PQ: 42% des Anglo-Québécois interrogés ont déclaré avoir envisagé de quitter le Québec à la suite de la victoire de Pauline Marois. Les dirigeants de la communauté anglophone devraient s'en inquiéter et calmer le jeu. Ce n'est pas la responsabilité exclusive du gouvernement.

On peut comprendre que certains membres de notre minorité nationale aient été surpris de voir la fin de l'immobilisme qui a caractérisé les neuf années de pouvoir de Jean Charest. Mais ils doivent comprendre que l'inaction menaçait sérieusement la paix linguistique. En 2011, 53% des Québécois considéraient que la situation du français s'était détériorée au cours des 10 dernières années contre seulement 13% pour qui elle s'était améliorée.

Le projet de loi 14 réaffirme que le français est au coeur de l'identité québécoise et constitue la langue commune de tous les Québécois, peu importe leur origine. Il vise à ce que le français soit toujours plus la langue de la délibération dans l'espace public et la langue qui cimente la cohésion de la nation québécoise dans toutes les sphères d'activité, que ce soit la culture, l'économie ou la solidarité sociale.

La minorité anglo-québécoise a des droits qui sont reconnus et respectés. À titre d'illustration, rappelons à la veille du Sommet sur l'éducation supérieure que les universités anglophones au Québec représentent 25% des effectifs étudiants, 30% du financement alors que les anglophones au Québec représentent 8,3% de la population québécoise.

Le projet de loi 14 veut répondre en partie aux changements qui se sont produits depuis l'adoption de la Charte de la langue française en 1977. L'immigration est au centre de ces changements. C'est pourquoi, par exemple, l'application de la Charte aurait dû être étendue aux entreprises de 10 à 49 employés. Ce sont ces entreprises qui créent le plus d'emplois au Québec et ce sont elles qui emploient le plus de nouveaux arrivants. Le gouvernement a choisi la persuasion.

Le projet de loi 14 est certainement insuffisant, mais il a l'immense mérite de montrer à tous les Québécois que leur État national a à coeur de promouvoir notre langue nationale, le français.

Minoritaire, le gouvernement péquiste n'a pas voulu provoquer les partis d'opposition, à eux maintenant de montrer que la cause du français fait partie de leurs priorités.

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