La signature d'une garantie de prêt d'environ 7 milliards de dollars par le fédéral pour les projets hydroélectriques du Bas-Churchill constitue non seulement une concurrence déloyale envers Hydro-Québec, mais aussi une aide déloyale envers le Québec.

L'aide du gouvernement Harper au projet hydroélectrique du Bas-Churchill vient complètement modifier l'équilibre. Alors que le Québec a toujours payé de sa propre poche son développement hydroélectrique, l'aide fédérale, en réduisant les coûts d'emprunt, fera économiser plus de 1 milliard à Terre-Neuve. Il s'agit clairement d'une forme de concurrence déloyale puisque cette province pourra produire de l'électricité à moindre coût que si elle finançait seule son projet. En fait, des experts estiment que, sans l'aide du fédéral, le projet ne serait pas rentable.

Il s'agit aussi d'une aide déloyale envers le Québec qui s'ajoute à une longue série de deux poids, deux mesures. Comment qualifier autrement le refus catégorique d'accorder de telles garanties de prêts à l'industrie forestière québécoise qui contraste avec l'empressement du premier ministre à répondre aujourd'hui aux demandes de Terre-Neuve et hier à celles de l'industrie automobile ontarienne?

Pendant que le Québec payait seul son développement hydroélectrique, le fédéral subventionnait à tour de bras l'industrie des hydrocarbures. On parle de plus de 80 milliards depuis 1970. Dans le dossier de l'harmonisation des taxes de vente, le fédéral s'est précipité pour compenser l'Ontario et la Colombie-Britannique, alors que le Québec, qui avait été le premier à le faire, a dû se battre pendant plusieurs années avant de l'être.

Les dépenses en défense sont un autre exemple frappant. Sur le plan des dépenses en aéronautique, la preuve a été faite que le Québec ne recevait pas sa juste part alors que la grande région de Montréal est un centre aérospatial de calibre international. Pour ce qui est du secteur naval, des dépenses de 33 milliards sont prévues pour de nouveaux navires; le Québec n'obtiendra rien. Selon Statistique Canada, 18% de la rémunération totale du personnel militaire est versée au Québec et 15% seulement des installations de l'armée se trouvent sur le territoire québécois alors que sa population représente environ 24% de la population totale du Canada.

Comme on le voit, Bas-Churchill n'est pas une exception, c'est la règle. L'Assemblée nationale a adopté une motion unanime condamnant la décision du fédéral d'accorder un soutien financier au projet du Bas-Churchill. Au lendemain de la signature de M. Harper, le gouvernement du Québec et tous les partis ont réitéré leur opposition. À l'instar des conservateurs, le NPD, dont la majorité des députés proviennent du Québec, s'est positionné clairement en faveur du projet du Bas-Churchill avec des prétextes fallacieux. Ce faisant, il a tout bonnement tourné le dos au Québec et à son Assemblée nationale.

Les députés du Bloc québécois feront de leur mieux pour faire entendre la voix du Québec, mais à quatre contre 304, cette voix ne sera pas suffisante. Le gouvernement du Québec doit donc prendre tous les moyens à sa disposition pour arrêter le fédéral et surtout, ne pas tomber dans le piège de demander le soutien du gouvernement fédéral pour d'éventuels projets énergétiques qui permettraient à ce dernier de s'immiscer dans les compétences du Québec. Les leçons d'hier doivent servir aujourd'hui: pas d'autre cheval de Troie!

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