Il est toujours dangereux d'utiliser une approche partisane en finances publiques. Le ministre des Finances à Ottawa, Jim Flaherty, vient de l'apprendre à ses dépens.

Après avoir claironné en campagne électorale contre toute évidence que le déficit budgétaire serait résorbé en 2014-2015, la réalité économique l'a rattrapé, pas une fois, mais deux fois. Ce sera pour 2016-2017, a-t-il avoué du bout des lèvres lors de sa mise à jour économique. Remarquez que c'est le même ministre des Finances qui niait en novembre 2008 toute possibilité de récession, malgré la situation aux États-Unis. On connait la suite.

L'évolution des dépenses publiques appelle à la même prudence. À dénoncer, à tort et à travers, des deux côtés de l'Assemblée nationale la prétendue perte de contrôle des dépenses publiques québécoises, on crée une impression au sein de la population que toute dépense publique est un gaspillage. Cette perception peut devenir un véritable frein à des programmes d'investissements publics ou à des plans de relance économique dont le Québec a besoin pour son développement. Politiquement et collectivement, ça s'appelle se tirer dans le pied.

Dans les faits, le Québec contrôle mieux la croissance de ses dépenses que ses voisins. Globalement, l'augmentation des dépenses de programmes de 1998 à 2010 a été de 75% au Québec, 113% au fédéral, de 121% et 165% respectivement pour l'Ontario et l'Alberta. Il est vrai que les libéraux ont moins bien fait que les péquistes puisque de 2003 à 2011, les dépenses ont augmenté de 35%, contre 19% de 1994 à 2003. C'est bien la preuve qu'il y a du ménage à faire dans les dépenses. La commission Charbonneau le démontre chaque jour, mais de là à parler d'une situation hors de contrôle, il y a une marge.

La première ministre s'est engagée à faire ce ménage dans le budget du 20 novembre, mais il est clair qu'il faudra plus pour arriver à l'équilibre budgétaire en 2013-2014. Des hausses d'impôts modérées pour les mieux nantis doivent être envisagées. Il s'agit d'une tendance déjà bien présente dans l'ensemble des pays industrialisés. Du côté des revenus, il faut que les litiges financiers entre Québec et Ottawa soient réglés.

Je pense au déséquilibre fiscal qui a été partiellement réglé par un relèvement des transferts. Un relèvement insuffisant, parce que le transfert pour l'éducation postsecondaire et les programmes sociaux n'a pas été bonifié. En le rétablissant au niveau de 1994-1995 indexé, c'est plus de 800 millions de dollars par année que recevrait le Québec. Les familles québécoises sont aussi privées de crédit d'impôt que reçoivent les familles canadiennes qui ne bénéficient pas des CPE à 7$ par jour. C'est 250 millionspar année qui devraient en toute logique être retournés au gouvernement québécois.

Habituellement, un budget provincial suit le budget fédéral pour tenir compte des surprises que celui-ci peut contenir comme le plafonnement de la péréquation qui brisait une autre promesse conservatrice. Un des avantages de présenter un budget du Québec maintenant, c'est de pouvoir énoncer clairement les attentes du Québec face au gouvernement fédéral. La balle est dans le camp d'Ottawa.

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