Dans son édition du 13 octobre, la revue The Economist avait en couverture le titre «True Progressism». La revue reconnaît que les inégalités sociales sont des obstacles au développement économique et appelle à une réforme radicale en faveur de l'égalité des chances tout en favorisant la croissance économique.

C'est exactement ce que la nouvelle première ministre du Québec, Pauline Marois, a présenté dans son discours d'ouverture de la 40e législature de l'Assemblée nationale: du «vrai progressisme».

Les propositions économiques dans son discours sont intimement liées aux énoncés sociaux qu'elle y a exposés. À titre d'exemple, que ce soit sur les questions de la petite enfance, de la santé, des aînés, de l'itinérance ou du loisir, le développement de services va répondre à la fois à des besoins sociaux et va créer des emplois.

La loi-cadre annoncée pour l'économie sociale par la première ministre devra nécessairement mettre en évidence cette réalité. Ce sont plusieurs milliers d'entreprises avec un chiffre d'affaires de plusieurs milliards de dollars qui composent ce secteur névralgique pour l'économie québécoise. Il était temps de le reconnaître.

Il fallait évidemment s'attendre à ce que l'intégrité soit le thème central de ce discours étant donné ce qui se passe à la commission Charbonneau. La deuxième priorité, à l'évidence, est la prospérité, comme le démontre la précision des annonces dans ce domaine.

Le plan de match est clair: revenir à l'équilibre budgétaire, mobiliser les investissements privés en créant un groupe d'action ministériel, mettre sur pied une stratégie industrielle pour les transports, réinvestir dans la recherche et le développement, soutenir notre souveraineté alimentaire et l'économie sociale et diversifier nos marchés pour améliorer nos exportations nettes tout en réduisant notre dépendance au pétrole étranger.

Tous les éléments de cette stratégie méritent d'être débattus, mais je m'arrêterai à deux. Le premier, qui me semble primordial, c'est celui de la politique du transport. Comme le mentionnait Mme Marois, le Québec ne fabrique pas d'automobiles, mais des trains, des métros et des autobus. On sait que le fédéral a aboli son soutien en limitant le programme Partenariat technologique Canada au secteur de l'aéronautique et de la défense. Il faudra donc que le gouvernement du Québec s'assure que le fédéral investisse dans cette stratégie. Après tout, nous payons des impôts à Ottawa.

Deuxième élément: tous les pays industrialisés sauf le Canada préparent l'après-pétrole. Le Québec est bien positionné pour cela. Il n'y a que deux endroits au sein de l'OCDE où le pétrole n'est pas la première source d'énergie: la Norvège et le Québec. Le Québec peut développer son potentiel hydroélectrique qui demeure important. Il peut également développer de nouvelles sources d'énergies propres et renouvelables et il doit se doter d'une stratégie de réduction de sa dépendance au pétrole.

Dans ce contexte, est-il vraiment intéressant de s'ouvrir à l'exploitation d'un pétrole québécois? Je pose la question sans dogmatisme. J'attends d'être convaincu.

Pour le reste, le nouveau gouvernement a un ordre du jour économique à la hauteur des espoirs des Québécois. Les partis d'opposition seraient bien mal venus de le défaire lors du vote de confiance sur ce discours.

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