Le Québec a, de façon chronique, un solde négatif de ses exportations nettes. Une grande partie de ce déficit vient de notre grande dépendance au marché nord-américain. Il faut donc diversifier nos marchés et l'Europe constitue un partenaire de choix avec plus de 500 millions d'habitants qui génèrent 20% du PIB mondial. D'où l'intérêt des négociations en cours entre le Canada et l'Union européenne pour un accord économique et commercial global.

Très clairement, les intérêts du Québec sont proches de ceux de l'Europe. La place que tiennent l'État québécois et ses institutions dans le développement économique est proche de la vision européenne.

Notre structure fiscale n'exercera pas de pression à la baisse sur la leur, une des craintes qu'entretiennent plusieurs pays européens à l'égard du Canada. Sur le plan structurel, nos économies sont complémentaires. Le Québec est bien présent dans des secteurs de haute technologie (aéronautique, pharmaceutique, technologie de l'information, biotechnologie...), dans des secteurs à faible intensité technologique (vêtement, meuble, produits forestiers) et dans les ressources naturelles.

Pour l'Europe, ce sont essentiellement des entreprises de moyenne et de forte intensité technologique ainsi que des produits de marque qui constituent leur base industrielle. Bref, sur les plans culturel, fiscal et économique, le Québec et l'Europe sont faits pour s'entendre et le Québec peut devenir le pont entre l'Europe et l'Amérique du Nord.

Le projet d'entente, qui couvre non seulement les marchandises et les investissements, mais aussi les marchés publics et la propriété intellectuelle, est très ambitieux et les inquiétudes qu'il suscite sont légitimes. Sur les marchés publics, qui constituent l'élément le plus important de la négociation, le Québec doit s'assurer au moins que les règles et les exclusions qui régissent les États au sein de l'Union européenne s'appliquent aussi dans le cadre du partenariat Canada-Europe.

De même, le modèle agricole québécois doit bénéficier des mêmes protections que les modèles européens. Je pense ici à la gestion de l'offre, pilier indispensable de l'agriculture et des régions rurales du Québec. Quant à la question de la propriété intellectuelle, elle est extrêmement stratégique pour notre industrie pharmaceutique.

L'inquiétude majeure porte sur la façon de négocier du Canada, dont on ne connaît pas les priorités, et l'absence de transparence qui engendre beaucoup de suspicion. Pierre Marc Johnson, le représentant du Québec, s'est plaint de l'utilisation de fuites pour la préparation d'un avis juridique négatif sur l'accord en plaidant que les textes utilisés étaient dépassés. Soit, mais ne serait-il pas plus sain et plus démocratique de rendre publics les textes de cette négociation, comme cela a été le cas en 2001 avant le Sommet des Amériques à Québec? C'est d'autant plus essentiel que le processus est dans son dernier droit et que le résultat final ne peut être modifié par les parlementaires.

Cette transparence devrait aller de soi puisque la déclaration de Kinshasa signée au dernier Sommet de la Francophonie par le Québec, le Canada, la France et bien d'autres pays européens réaffirme la volonté commune «de contribuer à l'édification d'une société de l'information ouverte, transparente et démocratique». Il ne reste plus qu'à passer de la parole aux actes!

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