Les récents inventaires des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec et Canada l'ont encore souligné: le secteur du transport est au coeur de la problématique des changements climatiques.

D'un côté, parce qu'il représente directement 23% des émissions canadiennes et 42% de celles du Québec. C'est d'ailleurs le secteur le plus en croissance depuis 1990 au Québec. De l'autre, parce que pour obtenir les carburants que nous brûlons dans nos véhicules, nous devons produire du pétrole.

Au Canada, le plus important secteur d'émissions (juste devant le transport) est le secteur du pétrole et du gaz naturel. Le secteur pétrolier est essentiellement au service de notre mobilité, puisque les deux tiers du pétrole utilisé sur Terre le sont pour le transport. Directement et indirectement, donc, le transport explique au Québec et au Canada la moitié de nos émissions de GES.

C'est parce qu'il reconnaît ce problème que le gouvernement québécois tient aujourd'hui sa table d'experts sur la décarbonisation du transport routier, dans le cadre de sa démarche menant à la nouvelle politique énergique 2016-2025. Sept experts nord-américains discuteront de l'approche «éviter - transférer - améliorer» et des façons de la mettre en oeuvre ici.

Pour éviter le transport, il faut mieux concevoir les villes. Rendre accessibles aux individus les services, l'emploi et les loisirs, en minimisant les temps de déplacements.

Cela s'obtient par des services de proximité, une densité urbaine à échelle humaine et des corridors de transport en commun qui sont efficaces entre des pôles d'attraction.

Pour la mobilité toujours nécessaire parce qu'il est impossible de tout avoir immédiatement à portée, il faut transférer. Le mode de transport dominant, le véhicule individuel, doit être progressivement délaissé pour une mobilité plus collective et plus active: les transports en commun, l'autopartage et la bicyclette.

Enfin, comme des véhicules individuels seront toujours utiles pour certains besoins, il faut que ceux-ci soient améliorés. Cela passe par des véhicules mieux conçus, plus efficaces, utilisant les meilleurs carburants et technologies.

Se donner les moyens

Cette approche gouvernementale de consultation porte les semences d'une ambition bien placée. Elle réunit aussi trois ministères: celui de l'Énergie et des Ressources naturelles, des Transports et celui du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Il aurait évidemment fallu que le ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire soit aussi présent, puisque pour éviter, il faut commencer par mieux concevoir nos villes et nos campagnes. Mais on ne peut pas non plus reprocher à des ministères qui ne se parlent déjà que trop peu de commencer un dialogue.

Peut-être n'est-ce qu'une consultation de plus, de beaux discours qui resteront sans suite. C'est possible. Mais c'est surtout probable si on n'exprime pas notre appui pour de telles initiatives. Pour ne pas sombrer dans le cynisme, il faut souligner les bons coups du gouvernement et lui indiquer que c'est la bonne voie à suivre: celle de l'évitement, du transfert et de l'amélioration.

Peut-être paradoxalement, ce n'est pas en diabolisant le pétrole ou en installant des bornes de recharge pour voitures électriques un peu partout qu'on décarbonisera nos transports. C'est plutôt en ayant cette approche bien plus systématique et en profondeur, qui vise à transformer nos villes, à migrer vers une mobilité plus inclusive et à optimiser les véhicules individuels qu'il nous reste.

Individuellement, nous pouvons déjà faire de meilleurs choix. Il faut cependant que collectivement, nous nous donnions aussi les moyens de les faire, pour espérer atteindre nos objectifs. Le gouvernement provincial entame le dialogue - applaudissons et répondons avec enthousiasme!

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