Il y a dans les efforts du gouvernement québécois plusieurs bonnes choses, mais un grand manque de cohérence et de transparence, notamment dans l'usage du Fonds vert.

Quand on réalise que la mobilité, ou le transport en langage plus courant, représente 19% des dépenses personnelles (37 milliards en 2011 - soit plus que le budget de la santé), 31% de l'énergie utilisée et 45% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec, on comprend à quel point cette stratégie peut s'avérer la pierre angulaire de notre prospérité, de notre approche à la réduction de la consommation d'énergie et des émissions de GES.

En effet, si chaque personne au Québec pouvait réduire sa dépense directe de 4800$, en moyenne, par année, en transport, essentiellement pour des voitures et du pétrole entièrement importé, cela ferait d'importantes injections dans l'économie québécoise. Avec une mobilité moins axée sur les véhicules utilitaires sportifs et les camionnettes, on ferait de grands pas vers une économie plus verte et plus prospère.

Cette stratégie nationale de mobilité durable fait d'importantes avancées. On y reconnait les liens étroits qui lient transport et aménagement du territoire, ce qui explique d'ailleurs que la même personne dirige les deux ministères qui sont responsables de ces dossiers.

Par ailleurs, la stratégie entame un transfert du financement du transport routier vers le transport collectif, représentant ainsi mieux les priorités liées à la mobilité au Québec. Des mesures viendront donner plus de possibilités au déploiement d'offres de mobilités alternatives à l'auto-solo: transport en commun, autopartage, transport actif. On vise ainsi d'accroitre de 30% l'offre de transport collectif d'ici 2020, même si la disponibilité des ressources financières reste à trouver.

Le message de la première ministre du Québec, en préambule au texte de cette stratégie, débute par l'idée que ce qui est offert au Québécois est une «vision cohérente» de la mobilité durable. Pourtant, alors que le transport est intiment lié à nos dépenses et notre productivité (notamment par le temps croissant passé au volant, dans la congestion ou non), à l'énergie et aux GES, il n'y a pas de mention de ces liens forts et multiples. Ni même de la future politique énergétique et des détails du plan d'action sur les changements climatiques 2013-2020 (qui doivent tous deux être dévoilés dans les mois à venir).

Pire, on ne dit mot du marché du carbone et du Fonds vert, qui va recueillir au moins 2,5 milliards entre 2015 et 2020, à travers la vente aux enchères des droits d'émission. Ce Fonds vert, finançant déjà le plan d'action sur les changements climatiques 2006-2012 (1,5 milliard), arrive en fait difficilement à être utile: seulement 53% du budget était dépensé en mars 2012, à quelques mois de la fin, et 18% des sommes n'étaient allouées à rien du tout.

Une partie du cadre financier serait donc là. Pourquoi le gouvernement n'annonce pas clairement que le Fonds vert va être pleinement utilisé pour atteindre les objectifs de mobilité durable? Pourquoi ne pas faire comme notre partenaire dans le marché du carbone, la Californie, et simplement dépenser en priorité le Fonds vert pour les actions de mobilité durable? On aurait non pas 4,6 milliard d'ici 2020 pour le transport collectif, mais 7,1.

Il y a dans les efforts du gouvernement québécois plusieurs bonnes choses, mais un grand manque de cohérence et de transparence, notamment dans l'usage du Fonds vert. Atteindre nos différents objectifs de 2020 en transport en commun, en diminution de la consommation de pétrole, en réduction des GES, etc., demandera d'attacher toutes les politiques ensemble et d'investir l'argent disponible dans ces politiques. Ce n'est malheureusement pas la direction qui est prise, même si ce sont les bonnes intentions qui sont affichées.

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