Mon père est un autodidacte; un homme qui, après être devenu orphelin de père à 20 ans et avoir dû abandonner ses études pour soutenir sa mère et ses trois soeurs, a acheté un petit commerce d'électricité qui est devenu, grâce à son dur labeur, une entreprise prospère de la Mauricie. Pourtant, ses années en affaires n'ont pas toujours été roses et je me rappelle de périodes creuses où il évoquait la nécessité de surveiller les dépenses familiales afin de maintenir l'équilibre.

Ces souvenirs m'amènent à François Legault, le mal-aimé de cette campagne électorale. Lors de son passage à l'émission Tout le monde en parle, il a, à juste titre, condamné le comportement de père Noël de Pauline Marois, qui multiplie les promesses électorales sans compter, telle une bonne fée des Étoiles faisant pousser l'argent dans les arbres. Il a également rappelé combien la situation économique du Québec est fragile et que la prudence s'impose dans la gestion du portefeuille public.

Malheureusement, les discours économiques, barbouillés de chiffres et de calculs sophistiqués, par ailleurs tellement moins sexy qu'une déclaration-choc sur la Charte des valeurs, ne font pas figure de bons vendeurs en campagne électorale. On exige plutôt que les candidats nous séduisent, nous chantent la pomme en faisant des pirouettes et en donnant la patte, sous une pluie d'engagements tous plus irréalistes les uns que les autres.

Les drapeaux rouges levés sur les dépenses publiques nous déplaisent, non seulement parce qu'ils évoquent une complexité mathématique avec laquelle nous sommes peu habitués, mais aussi parce qu'ils nous renvoient à nous-mêmes et à notre gestion budgétaire parfois délinquante.

Pourtant, le discours de François Legault n'est pas que sécheresse, aridité et austérité, bien qu'il soit assurément, et avec raison, plus conservateur et plus réservé en matière de promesses financières. On semble toutefois vouloir faire porter au chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) le chapeau du délaissé de cette campagne électorale, un choix pratique et délibéré qui nous permet de nous enflammer sur la question référendaire et de déchirer nos foulards dans le débat sur la Charte, tout ça en nous plongeant un peu plus profondément la tête dans le sable, d'ici à ce que les cordons de la sacoche collective explosent.

En cette ère de candidats jetables et interchangeables, de recherche de plaisir instantané et de nouveauté, il semble que François Legault s'apprête à vivre les durs lendemains d'une aventure éphémère. Affirmer, comme il le faisait récemment, que le Parti québécois (PQ) a sombré et qu'on assiste désormais à une bataille CAQ-PLQ ressemble plus à un voeu pieux qu'à un portrait juste de la réalité actuelle.

Après un engouement certain provoqué par la publication en février 2011 du manifeste de la Coalition pour l'avenir du Québec et une performance digne de mention aux élections de 2012, on constate que la passion s'est plutôt refroidie; un scénario qui ressemble étrangement à l'agonie de l'ADQ entre 2008 et 2012.

Je demeure convaincue qu'il est sain que la scène politique puisse compter sur des acteurs qui ébranlent et confrontent les deux partis traditionnels. Reste que l'histoire nous démontre que le troisième parti a bien souvent les fesses sur un siège éjectable, ce qui rend le rôle de moins en moins attrayant.

François Legault ne sera pas premier ministre, c'est là une vérité de La Palice. Néanmoins, je nous souhaite que ses leçons d'économie, de modération et de prudence, au chapitre des dépenses publiques, puissent survivre à sa défaite électorale et insuffler une certaine dose de sagesse à ceux qui nous gouverneront.

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