Les premières fois, j'ai été étonnée de cette nouvelle odeur qui chatouillait mes narines. La surprise passée, j'ai rapidement été écoeurée par le mélange artificiel d'effluves de fruits non identifiés dont l'intensité s'incruste dans les cavités nasales tout en provoquant un mal de tête instantané et un haut-le-coeur semblable à celui ressenti dans un ascenseur bondé d'individus tombés dans leur flacon de parfum.

Puis, j'ai bien dû reconnaître la créativité et l'originalité des cigarettiers qui tentent de se renouveler en commercialisant de nouveaux produits, dont les cigarettes, cigares et cigarillos aromatisés qui, bien franchement, n'apportent rien de bien plus réjouissant que la traditionnelle cigarette bourrée de nicotine. Ils sont toutefois la preuve du dynamisme et de la vitalité de l'industrie du tabac; une réalité à laquelle il est impératif que la législation s'adapte.

Initialement prévue pour l'automne dernier, la révision de la Loi sur le tabac, qui n'a pas été modifiée depuis 2005, a été repoussée à 2014 en raison de l'agenda surchargé des parlementaires. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac préconise cinq mesures précises: interdire de fumer dans une voiture lorsqu'il y a un mineur à bord, bannir les arômes des produits du tabac, imposer un emballage neutre, assujettir les cigarettes électroniques à la Loi sur le tabac et, finalement, adopter un moratoire sur les nouveaux produits.

Un bémol semble vouloir s'imposer quant à la cigarette électronique, puisque des médecins spécialistes sont convaincus qu'elle peut sauver la vie de nombreux fumeurs en émettant une vapeur de nicotine 450 fois moins nocive que la fumée de cigarette ordinaire.

Le silence et l'inaction du gouvernement dans ce dossier s'étant poursuivis au-delà des douze coups de minuit du 1er janvier, des médecins du CUSM viennent de publiquement presser Québec d'accélérer la cadence, tout en rappelant certaines données troublantes. On apprend notamment que le tabac entraîne 10 400 décès par année et que dans 80% des cas de cancers du poumon, malgré la chimiothérapie et la radiothérapie, la mort survient dans une moyenne de six mois suivant le diagnostic.

Surtout, on constate que les jeunes sont durement touchés, avec 34 000 nouveaux élèves qui commencent à fumer chaque année à un âge moyen de 12,7 ans, et 21% des étudiants de la 3e à la 5e secondaire qui ont consommé un produit du tabac dans les 30 derniers mois.

Devant des statistiques aussi révélatrices des conséquences du tabagisme sur la population et sur les coûts des soins de santé, on ne peut que dénoncer la lenteur de notre gouvernement, qui se traîne les pieds.

Par ailleurs, on ne peut rien attendre des compagnies de tabac, comme en témoigne le long et fastidieux procès qui se déroule depuis deux ans à Montréal et qui monopolisera pendant encore plusieurs années des ressources judiciaires.

Devant un portrait si peu reluisant, il devient légitime d'encadrer rigoureusement les activités commerciales des compagnies de tabac, de restreindre au maximum leur terrain de jeu et, surtout, de ne pas leur offrir nos jeunes en pâture sur un plateau d'argent.

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