Sur ma liste de souhaits pour mes enfants, pas très loin derrière le bonheur avec un grand B, vient la réussite scolaire. Non pas la réussite au sens strict de la performance académique, d'un A+ dans une dictée ou d'un 99% à l'examen de mathématiques. Je pense plutôt à la réussite dans sa dimension plus large, au plaisir d'apprendre, à la satisfaction de comprendre et à la découverte de la liberté que procurent l'éducation et l'instruction. Bref, j'espère que mes enfants atteindront l'épanouissement scolaire avec un grand E.

Alors, oui, le sondage Léger mené pour la Fondation Lucie et André Chagnon (La Presse, 23 octobre) me parle et je m'inclus dans les 82% de Québécois qui sont préoccupés par la persévérance et la réussite scolaires. Ces notions sont toutefois complexes et sont influencées par de multiples facteurs de nature à la fois extrinsèque et intrinsèque.

Au chapitre des ressources externes susceptibles de favoriser la réussite scolaire, il est nécessaire de fournir aux écoles primaires plus d'outils afin de dépister rapidement les enfants à risque et leur offrir un encadrement particulier, évitant ainsi que les difficultés d'apprentissage ne tuent leur motivation. 

Sachant par ailleurs que le taux de décrochage scolaire dépasse les 30% chez les garçons issus de milieux défavorisés, il importe de s'attaquer au cercle vicieux de la pauvreté en poursuivant la mission des CPE et en offrant un support aux familles démunies. Alors que 16% des Québécois sont analphabètes et 33% éprouvent de grandes difficultés en lecture, on ne peut raisonnablement penser que ces parents sont équipés pour épauler leurs enfants sur leur parcours scolaire, d'où l'importance de leur fournir soutien et accompagnement.

Si des ressources externes sont nécessaires, l'élément déterminant, selon moi, reste toutefois essentiellement intrinsèque et repose sur l'environnement familial. Le rôle d'instruire et former nos enfants n'appartient pas exclusivement à l'école et la maison doit en assurer le prolongement. 

Cela signifie notamment offrir notre pleine collaboration à l'équipe scolaire, présumer de la pertinence des méthodes d'enseignement et d'évaluation et, plutôt que donner raison à nos rejetons qui se plaignent de la quantité de devoirs et de leçons imposés, aménager du temps et des conditions gagnantes pour s'intéresser à ce qu'ils accomplissent à l'école et participer à leur apprentissage.

Je ne prétends pas que ce soit facile, loin de là. La période des leçons et devoirs me donne parfois le vertige, entre la fatigue de la journée, le souper à préparer, le cadet qui réclame sa part d'attention en faisant des bêtises et la benjamine fiévreuse et pleurnicheuse qui refuse de quitter l'étreinte maternelle. 

Mais les solutions de rechange existent et par un samedi gris, plutôt que d'aller s'asseoir au cinéma devant l'insipide Il pleut des hamburgers 2, on peut envisager une séance de devoirs et leçons à tête reposée. Évidemment, notre cote de popularité auprès de la marmaille risque de chuter momentanément, mais il faut se rappeler que persévérance et ténacité ont bien peu à voir avec complaisance et facilité. 

Après tout, 8x7=56 ne s'apprend pas d'un claquement de doigts, mais à force de répétition, dans l'auto, à la table, entre deux lancers de ballon. C'est aussi avec la pratique qu'on finit par retenir qu'«échalote» prend un seul «t» et qu'«autobus» est un nom masculin.

Au final, mon idée de fond porte un nom: l'effort. Il est vain de vouloir inculquer sa valeur à nos enfants sans nous-mêmes en fournir une prestation minimale dans le suivi de leur cheminement scolaire. 

À travers nos vies trop remplies, il est souvent consolant et soulageant de pouvoir déléguer certaines obligations. J'ai pourtant l'intime conviction qu'ici, la responsabilité nous revient personnellement puisque la persévérance scolaire de nos enfants est fondamentalement indissociable de notre propre persévérance parentale.

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