Un récent sondage nous apprenait que les parents québécois sont moins bavards sur la chose financière avec leurs enfants que leurs homologues des autres provinces. Un constat préoccupant qui suscite certaines questions et réflexions.

D'abord, le rôle de l'école. La nostalgie du passé est rarement une bonne conseillère, mais il faut admettre que certains cours ont été évacués du programme scolaire sans que les conséquences en soient bien mesurées.

C'est le cas des cours d'éducation sexuelle, dont la disparition a été largement dénoncée, mais aussi des cours d'économie familiale où on enseignait aux élèves de deuxième secondaire les rudiments de la couture, de la préparation de repas sains et d'un budget équilibré. Des notions de base, dira-t-on, mais qui devraient être revisitées en cette ère de restauration rapide et de surendettement.

Ensuite, le rôle des parents. L'adolescence est cette période ingrate de la vie où nos enfants témoignent souvent d'une résistance évidente à l'égard des recommandations parentales, d'où l'importance d'accorder à l'école un rôle significatif dans l'éducation financière.

Mais en dépit de leur air rébarbatif et de leur attitude contestataire, les adolescents n'en continuent pas moins d'observer et d'absorber ce qui se passe dans leur environnement et de scruter à la loupe les comportements de leurs parents, en constatant que leurs bottines ne suivent pas toujours leurs babines.

Le parent qui encourage son enfant à faire du sport sans lui-même remuer son corps bien calé dans son fauteuil, et celui qui fait l'éloge des qualités nutritives des légumes en engloutissant sa poutine quotidienne, ont perdu toute crédibilité avant même d'ouvrir la bouche.

À quoi bon, donc, expliquer à nos enfants l'importance de l'épargne et les dangers de l'endettement alors qu'on n'arrive pas à dresser et respecter un budget, qu'on s'étouffe avec des hypothèques aussi grosses que la maison de nos rêves, qu'on emprunte pour notre voyage annuel dans le Sud et qu'on change de voiture comme d'autres de chaussettes, tout ça parce que la vie est courte, que personne ne connaît l'avenir et qu'il faut profiter du moment présent? L'exemple n'est pas très convaincant pour notre progéniture qui pourrait, bien tôt dans sa vie, croiser le chemin d'un huissier ou d'un syndic de faillite.

Et pourquoi tous ces malaises, ces silences et ces non-dits autour de l'argent? Peut-être parce que les discussions l'entourant nous renvoient à nos choix de vie, de carrière, de valeurs. Peut-être aussi parce qu'il est devenu un outil pour combler un vide, dont la nature a horreur, et la façon de nous faire du bien et d'exprimer notre amour. Et enseigner à nos enfants qu'il y a des limites, qu'ils ne peuvent pas tout avoir, qu'on ne peut pas tout leur offrir, c'est admettre qu'on a échoué quelque part et que nous ne sommes pas à la hauteur.

Nous avons malheureusement perdu le plaisir de l'attente au profit des joies éphémères de l'instantanéité. Pourtant, le nouveau vélo qui aura habité les pensées de fiston pendant des mois, et que ses efforts d'épargne lui permettront enfin de s'acheter, le rendra encore plus heureux que celui qu'on lui aurait offert sur demande. Nous aurions donc avantage à réapprendre à cultiver le rêve, le désir et l'expectative.

Si le programme scolaire et le discours parental jouent assurément des rôles importants, l'exemple de notre propre comportement reste notre meilleur outil d'éducation financière. Évidemment, une réflexion personnelle, sérieuse, parfois douloureuse, est incontournable, mais elle mérite d'être faite au nom de l'avenir financier de nos enfants.

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