J'ai fréquenté la faculté de droit de l'université McGill de 1996 à 2000. Pendant cette période, plusieurs étudiants qui assistaient à leurs cours dans le grand auditorium ont développé de sévères maux de tête. Informées de la situation, les autorités de la faculté ont d'abord répondu qu'il était impossible d'examiner la cause du problème, faute d'argent. Il aura fallu des moyens de pression et une pétition pour convaincre l'administration de procéder à des vérifications de la qualité de l'air et éventuellement à un nettoyage des conduits de ventilation.

Pendant mes études, j'ai par ailleurs travaillé comme assistante de recherche en droit des sûretés pour le professeur Roderick MacDonald (oui, le troisième commissaire de la commission Charbonneau). Un homme brillant rempli de vision et d'idées qui, d'un semestre à l'autre, ignorait jusqu'à la dernière minute s'il aurait accès aux budgets nécessaires à la réalisation de ses projets et à l'embauche de personnel qualifié.

L'actualité des dernières années ne nous ayant pas rapporté de déferlement d'argent public sur nos universités ni d'augmentation significative des droits de scolarité, il est difficile de croire que la situation du financement des universités s'est améliorée depuis l'obtention de mon diplôme.

À l'instar de l'industrie de la construction et de la classe politique qui sont secouées par des scandales de corruption, le milieu universitaire possède sa part du gâteau d'histoires choquantes de dilapidation de fonds et d'allocations de dépenses injustifiables qui entretiennent le cynisme de la population et nourrissent la grogne des associations étudiantes. S'il est essentiel d'aborder ces questions et d'exiger plus de transparence et de responsabilité de la part des universités, la discussion sur l'avenir de nos institutions ne peut être indéfiniment freinée par l'épineuse confrontation gel/gratuité. Tôt ou tard, le niveau du débat devra être rehaussé puisque les enjeux réels dépassent largement l'aspect monétaire.

Ce n'est pas tout de permettre à un maximum d'étudiants de fréquenter l'université à un coût raisonnable; il est aussi fondamental de se questionner sur la qualité et la valeur des diplômes émis par nos institutions universitaires québécoises. La babiole du magasin au rabais est certes peu coûteuse, mais sa réputation et sa durabilité ne valent guère plus. Il faudrait éviter que nos diplômes universitaires subissent la même évaluation.

La qualité de l'enseignement supérieur, sujet malheureusement dilué dans la sève du printemps érable, devra donc être au coeur des échanges lors du sommet. Si le recours à des praticiens et des chargés de cours reste valable, il serait regrettable que la précarité financière et institutionnelle de nos universités chasse des professeurs et chercheurs de renom qui, bien souvent, ont été formés chez nous. Le recrutement et la rétention de personnel qualifié, lequel attire en retour des étudiants de calibre intéressant, sont incontournables si le Québec souhaite être compétitif et donner un sens à l'enseignement supérieur dispensé dans ses universités.

Il faut malheureusement admettre que le climat actuel ne constitue pas notre meilleur argument de vente, d'où l'importance de ce sommet.

Enfin, il est dommage que l'ASSÉ refuse de décoller son nez de son nombril et de regarder la situation à travers la lorgnette de l'avenir. Pendant qu'elle persiste à vouloir descendre dans la rue pour taper du pied et frapper sur des casseroles, le reste du Québec a décidé d'aller de l'avant et seule sur le quai, elle pourra au moins dire qu'elle a vu le train passer...

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion