Pour la deuxième fois en 12 ans, les Américains découvrent les horreurs du terrorisme. La couverture médiatique en fait un événement démesuré par rapport au 11 septembre et a même oublié pour l'instant la crise nord-coréenne dont on nous disait pourtant qu'elle annonçait l'apocalypse.

L'acte posé lundi est en soi très grave, mais le terrorisme est une réalité internationale depuis un demi-siècle. Les Américains doivent le combattre avec énergie tout en apprenant à le gérer.

Le New York Times ne s'y est pas trompé. Un membre de l'équipe éditoriale a invité les Américains à rester calmes et à vaquer à leurs activités. L'éditorial principal a rappelé aux Bostoniens la nécessité d'affronter l'épreuve et de travailler dès aujourd'hui à l'organisation du prochain marathon. «Aucun acte de terrorisme n'est assez fort pour briser une tradition qui appartient à l'histoire américaine», écrit-il. Tous n'ont pas eu cette élévation d'esprit. De France, un opposant extrémiste au mariage gai, le député UMP Laurent Wauquiez, n'a éprouvé aucune honte à se servir des cadavres de Boston pour demander mardi au gouvernement français de reporter le débat sur le mariage afin de discuter de sécurité. Méprisable personnage.

Les États-Unis ont longtemps été à l'abri d'actes terroristes incessants même si avant Oklahoma City, en 1987, et le 11 septembre 2001, des attentats avaient ponctué leur vie politique (le président McKinley assassiné en 1901 par un terroriste) et sociale (un attentat sanglant à Wall Street en 1920). On ne peut en dire autant pour l'Europe et la région du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord. La France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Grande-Bretagne, pour ne citer que ces exemples, ont vécu jusqu'au milieu des années 90 au rythme des attentats, parfois quotidiens, perpétrés par des groupes nationalistes ou de la gauche et de la droite extrême. La lutte a été impitoyable, et ces événements sont devenus moins fréquents et plutôt le fruit d'actions extérieures. Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, Israël et l'Algérie ont réussi à juguler ce fléau alors que l'Irak le subit toujours, séquelle sanglante de l'agression américano-britannique.

Dans son ensemble, la lutte antiterroriste donne des résultats. Les mesures de sécurité, le renseignement, la collaboration entre les services de sécurité, la coopération internationale, la surveillance des individus et des groupes suspects sont autant d'actions qui tissent un maillage serré permettant la plupart du temps de déjouer les attentats. Les sociétés ne sont toutefois pas à l'abri du risque, et celui-ci émane de plus en plus du terrorisme domestique.

Aux États-Unis en effet, les groupes extrémistes - anti-avortement, anti-gai, anti-État, anti-Obama, etc. - se multiplient et menacent tous les secteurs de la société américaine. Ainsi, dans un rapport du Combating Terrorism Center de West Point publié cette année et cité par le Washington Post, les auteurs constatent une augmentation considérable du nombre d'attaques ou de complots violents provenant de groupes qui se placent eux-mêmes à l'extrême droite de l'échiquier politique américain.

Leur mode opératoire est bien connu. Les adhérents à ces groupes invoquent la protection de la Constitution américaine pour diffuser leur message de haine et dénoncer le gouvernement dont ils considèrent qu'il se comporte de façon «tyrannique» envers eux, sinon l'ensemble de la société. Le passage à l'acte violent est alors la prochaine étape.

Mardi, Barack Obama a qualifié la double explosion de Boston d'«acte de terrorisme», ce qu'il n'avait pas fait lors de son intervention de lundi. Il a invité ses compatriotes à la vigilance. C'est bien dans une atmosphère de vigilance et aussi de calme que la lutte antiterroriste trouve sa légitimité et, aussi, sa force.

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