François Hollande est le prochain président français. Sur le plan intérieur, sa victoire serrée n'est pas un chèque en blanc et il devra, pour gouverner, composer avec d'autres forces que celles de la gauche. En politique étrangère, toutefois, il sera le maître de son agenda, déjà bien rempli.

Le nouveau président sera assermenté le 15 mai. Vingt-quatre heures plus tard, il effectuera sa première visite, et ce sera à Berlin où il rencontrera la chancelière allemande Angela Merkel. Toujours en mai, les 18 et 19, il sera à Camp David pour le sommet du G8. De là, il se rendra à Chicago pour le sommet de l'OTAN les 20 et 21. Autant dire qu'il ne chômera pas. Est-il préparé à ces rencontres? Sera-t-il à la hauteur?

On dit le nouveau président ignorant des questions internationales. C'est un jugement un peu simpliste. À peu près tous les chefs de gouvernement occidentaux en place actuellement, et particulièrement ceux qu'il rencontrera lors des deux sommets aux États-Unis, avaient peu d'expérience internationale au moment de leur accession au pouvoir. Ils étaient tous plus ou moins bien préparés. Ils ont tous commis des erreurs, mais ils ont rapidement corrigé le tir. Hollande trébuchera, c'est certain, mais comme son entourage ne manque pas de talents dans le domaine international, il s'en tirera.

Le nouveau président a déjà défini les grandes lignes de son action internationale à l'occasion d'entretiens avec les médias et au cours du débat télévisé avec Nicolas Sarkozy. Car, contrairement à ce qui a été écrit et dit, la politique étrangère a aussi été un enjeu lors de cette campagne présidentielle.

En effet, l'important ici n'était pas de discuter de tout, mais de s'exprimer sur trois ou quatre questions relatives aux intérêts de la France. Tant Sarkozy que Hollande l'ont fait. Il faut relire la transcription du débat télévisé publiée dans Le Monde pour s'apercevoir que les deux candidats ont abordé les thèmes qui comptent: l'euro, l'Europe, l'option nucléaire au lendemain de la catastrophe de Fukushima, l'immigration, la gestion de la crise depuis 2008. On souhaiterait une telle qualité d'échange lors des débats électoraux au Canada.

La politique européenne s'est imposée pendant la campagne, et le nouveau président a donné le ton avec sa proposition de renégocier le pacte budgétaire entre les 27 pays membres et portant sur des mesures de rigueur pour y ajouter une clause sur la croissance et l'emploi. L'idée fait son chemin, et François Hollande en parlera à Mme Merkel. Le président et la chancelière ont tout intérêt à s'entendre, car c'est toute la zone euro qui pâtirait d'un conflit entre les deux plus importantes économies du continent.

Aux sommets du G8 et de l'OTAN, face à ses pairs, François Hollande sera sur plusieurs enjeux en phase avec son prédécesseur. Certes, les présidents français, de droite comme de gauche, aiment bien faire entendre la singularité française. Mais sur l'essentiel, à la notable exception de la guerre en Irak en 2003, la France fait corps.

Le nouveau président n'a pas l'intention de tout chambouler, et les actions d'éclat sont étrangères à son style personnel. Cela ne l'empêchera pas d'exprimer ses choix. Sur l'Afghanistan, il confirmera la volonté de la France de se retirer plus tôt que prévu. Sur le programme nucléaire iranien, il préconisera la poursuite du processus diplomatique. Sur le conflit israélo-palestinien, il réaffirmera sa solidarité avec Israël tout en appuyant la création d'un État palestinien. Sur la sécurité transatlantique, il demandera le renforcement du pilier européen de défense au sein de l'OTAN.

En France, la politique étrangère est le domaine réservé du chef de l'État. L'élection de François Hollande ne changera pas cette donne. Et le nouveau président devrait compter sur l'appui de la nouvelle opposition.

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