Le Parti québécois sent qu'une majorité est à portée de main. Pour que la première ministre Pauline Marois décide de faire fi de la Loi sur les élections à date fixe sans risquer de subir les affres de l'électorat, il fallait que ses stratèges et sondeurs lui aient invoqué des arguments béton.

Or, à regarder de près les résultats des dernières élections générales au Québec, on peut comprendre pourquoi Mme Marois a plongé. Les conditions gagnantes semblent réunies pour que le PQ parvienne à quérir le minimum de 63 sièges requis pour gouverner sans partage pendant quatre ans.

Quelle est la recette? Trois ingrédients: un imposant noyau dur de circonscriptions d'allégeance naturelle au PQ; la dégringolade de la Coalition avenir Québec dans les intentions de vote; et une forte probabilité de regagner plusieurs sièges perdus de justesse aux mains des libéraux en septembre 2012.

Tout d'abord, le PQ détient un avantage non négligeable à la ligne de départ: des 54 sièges qu'il a remportés aux dernières élections, il est presque assuré d'en conserver 51. Dans ces circonscriptions, il a gagné par au moins 5% d'avance. Seule une vague rouge parviendrait à ouvrir une brèche dans cette muraille péquiste.

Ensuite, l'effondrement de la CAQ dans les sondages facilitera également grandement les choses au PQ. Sans remontée spectaculaire de la CAQ, le PQ devrait aisément lui ravir six circonscriptions (dont quatre dans la couronne nord de Montréal) qu'il a perdues par moins de 7%: Saint-Jérôme (où Pierre Karl Péladeau se présente), L'Assomption (fief du chef caquiste François Legault), Groulx, Blainville, Montarville (Rive-Sud de Montréal), et Drummond - Bois-Francs (Centre du Québec).

Et, en un tournemain, voilà déjà 57 sièges facilement engrangés dans la besace péquiste.

Six circonscriptions

Il en reste six pour lesquels le PQ devra trimer dur. Heureusement pour les troupes de Mme Marois, 12 circonscriptions sont «prenables».

1. Le PQ devra dépenser beaucoup d'énergie pour sauver ses trois sièges (seulement) qui sont menacés: Saint-François (gagné à l'arraché par le ministre de la Santé, Réjean Hébert), Abitibi-Est (mince avance de 3%) et Roberval (là où se présente le chef libéral Philippe Couillard).

2. Deux autres sièges de la CAQ sont dans la mire du PQ: Nicolet-Bécancour, où le chef fondateur d'Option nationale, Jean-Martin Aussant, a soutiré au PQ 25% du vote; et La Prairie, qui devrait être le théâtre d'une lutte à finir avec les libéraux.

3. Contrairement au PQ, le Parti libéral a arraché une douzaine de sièges par la peau des dents en septembre 2012. Autant d'occasions pour le PQ de prendre une douce revanche. Particulièrement dans ces 7 circonscriptions où les libéraux ont triomphé par une marge inférieure à 4%: Papineau, Richmond, Verdun, Jean-Lesage, Maskinongé, Trois-Rivières et Mégantic (Mme Marois y a augmenté son capital de sympathie à la suite de la tragédie).

Si le PQ n'arrache que la moitié de ces 12 sièges, le tour est joué.

Durant les quatre prochaines semaines, au-delà des résultats des sondages à l'échelle provinciale, ce sont dans ces 12 circonscriptions névralgiques que le PQ et le PLQ se livreront une véritable guerre de tranchées. À ces endroits, les électeurs devraient souvent voir passer les autocars des chefs!

À première vue, donc, le Parti québécois semble se diriger vers sa majorité tant convoitée. Le hic, c'est que rien n'est jamais acquis en politique.

Ainsi, une solide prestation de Philippe Couillard durant la campagne et une remontée de quelques points des libéraux dans l'électorat francophone pourraient permettre au PLQ de réchapper ses sièges acquis de haute main en 2012... et, par le fait même, priver le PQ de sa précieuse majorité.

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