Ils ne reviennent pas au pays avec une médaille au cou. Sans podium à leur actif, ils seront rapidement relégués aux oubliettes de l'histoire olympique.

Et pourtant, tous ces athlètes qui ont animé les Jeux de Sotchi pendant la dernière quinzaine mériteraient une plus grande reconnaissance.

Il est vrai que toute l'attention est tournée vers la récolte de médailles. Le nom du programme du Comité olympique canadien l'illustre à merveille: À nous le podium.

Mais pour la plupart des olympiens, la réalité est tout autre. Point de médaille, point de commandite majeure qui s'ensuit pour assurer leur avenir financier.

Il y a tout d'abord ceux qui ont frôlé le podium sans y accéder. Comme Brady Leman (4e en ski cross), Jean-Philippe Le Guellec (5e au sprint de biathlon) ou Maxence Parrot (5e en slopestyle). La position la plus frustrante qui soit. Si près, mais encore trop loin de l'apothéose.

Et puis il y a ceux qui devaient défier les probabilités, ceux qui pouvaient espérer une médaille si les astres étaient parfaitement alignés. Pensons à Marie-Michèle Gagnon (9e au slalom en ski alpin) ou à Valérie Maltais (patinage de vitesse courte piste).

Parfois, à talent presque égal, c'est un simple concours de circonstances - blessure, chute, neige molle, disqualification, notation des juges... - , qui départage les vainqueurs des «sans-médaille». Parfois, les prétendants au podium sont tellement nombreux que le facteur chance entre en ligne de compte. Les infortunés Erik Guay (10e en descente) et Alex Harvey (ski de fond) font partie de cette catégorie.

Finalement, il y a la majorité, ces athlètes hors pair qui se sont rendus à Sotchi pour renforcer la célèbre maxime de Pierre de Coubertin: l'essentiel n'est pas de gagner, mais de participer. Bien qu'ils rêvent tous de gagner une médaille, la plupart des compétiteurs qui décrochent leur laissez-passer pour les Jeux olympiques sont pleinement conscients que leurs chances d'exaucer leur voeu sont presque nulles. Durant le cycle de quatre ans qui sépare les Jeux, ils savent où ils logent grâce à leurs performances en Coupe du monde. Ils termineront, 20e, 30e ou 40e, hors du radar des téléspectateurs.

Bien sûr, des surprises, des petits miracles, surviennent à l'occasion: des favoris qui chutent ouvrent la porte à des négligés (le bronze de Charle Cournoyer), un compétiteur stimulé par la tenue des Jeux élève son niveau de compétition et sort de nulle part pour ravir une médaille (l'Américain Andrew Weibrecht en super G). Mais c'est l'exception qui confirme la règle.

Il est naturel de porter aux nues les athlètes qui parviennent à se hisser sur le podium. Mais ce faisant, on a souvent tendance à négliger les autres, derrière, qui font aussi partie de l'élite mondiale, qui ont consenti les mêmes sacrifices pour devenir la crème de la crème. Quand on est 5e, 10e ou 20e au monde, particulièrement dans les sports très relevés comme le ski de fond ou le ski alpin, n'y a-t-il pas lieu d'être éblouis par leurs performances?

Alors, la prochaine fois qu'on s'émerveillera, à juste raison, des exploits des soeurs Dufour-Lapointe, de Denny Morrison ou Patrick Chan, ayons aussi une pensée admirative pour ceux qui ont performé dans l'ombre de leurs compatriotes primés, les Audrey Robichaud (10e), Mathieu Giroux (19e), Gabrielle Daleman (17e), qui ont quitté Sotchi avec leur petit bonheur.

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