Je n'avais jamais rencontré Alexandre Taillefer avant qu'il ne devienne l'un des cinq Dragons de la populaire émission «Dans l'oeil du Dragon». Comme j'étais déjà l'un des Dragons en question, tout au plus l'avais-je vu une fois lors des auditions pour trouver les remplaçants de Normand Legault et de Dany Vachon qui avaient décidé de ne pas revenir après la première saison. Ma première impression en avait été une un peu ambivalente: tout de noir habillé, avec un air cabotin, et de toute évidence avec la tête pleine de projets, je me demandais vraiment à quelle bête j'avais affaire.

Les semaines, les mois, et même quelques années ont maintenant passé, et mon opinion d'Alexandre est qu'il est vraiment un gars d'exception. Rares sont des gens d'affaires qui, comme lui, combinent aussi bien le sens de l'entrepreneuriat et le sens de la communauté. Alexandre est capable de mener de nombreux projets de front, sans en échapper un seul. J'ai toujours pensé que j'étais vite en calcul, mais ce gars-là compte à la vitesse de l'éclair. Il a cette rare capacité de déceler instantanément le potentiel d'une entreprise, sa valeur actuelle comme sa valeur future. Il a un flair que peu de gens d'affaires peuvent se vanter d'avoir.

J'ai souvent dit qu'un bon entrepreneur doit se casser la gueule au moins une fois et démontrer, par la suite, sa capacité à rebondir. Dans le cas d'Alexandre, c'est plutôt à deux reprises qu'il s'est frappé à un mur. Tout d'abord, après avoir lancé Intellia, une des premières entreprises web, il devint rapidement une vedette techno des années 1990. Il vendit Intellia à Nurun, une filiale de Québecor, notamment en échange d'actions. Les actions de Nurun montèrent à près de 100$ l'unité à un certain moment, puis chutèrent à moins de 1$ quelque temps plus tard, faisant perdre à Alexandre des sommes colossales.

Loin de se laisser abattre, il fonda Jeux Hexacto inc., ainsi que d'autres entreprises en démarrage avant de fonder, avec un partenaire, Stingray Digital à partir de la chaîne Galaxie, qui appartenait alors à Radio-Canada. Y voyant un potentiel planétaire énorme, il voulut acheter son partenaire, mais c'est finalement ce dernier qui gagna la partie de bras de fer. Loin de se laisser décourager, Alexandre continua à être un entrepreneur et un investisseur redoutable et redouté. Son rôle de Dragon le démontre nettement.

Quant à son implication sociale, elle l'a amené à présider le conseil d'administration de l'Opéra de Montréal pendant six ans. Il y a laissé une marque indélébile en redressant des finances précaires. Aujourd'hui, il préside celui du Musée d'art contemporain où il est à faire un virage semblable. Certains peuvent critiquer son caractère bulldozer, mais on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs.

Parlez à Alexandre de Miami, il vous parlera de l'Art Basel Show de cette ville. Parlez-lui de Las Vegas, il vous parlera du Consumer Electronic Show. Parlez-lui de n'importe quelle grande ville dans le monde et il trouvera un évènement majeur rattaché à cette ville. Mais, surtout, parlez-lui de Montréal et ses yeux s'enflamment devant le potentiel énorme de cette belle ville. Enfin, parlez-lui de vin et il vous nommera tous les grands producteurs de la planète.

On dit d'un Dragon qu'il est excentrique, autoritaire, philanthrope et mondain. Eh! bien, selon cette définition, Alexandre est un «maître Dragon» qui s'assume. Nul doute qu'il nous réserve encore de nombreuses surprises tant au niveau des affaires qu'au niveau communautaire. Et qui dit qu'on ne le verra pas en politique un jour. Je vais certes continuer à suivre ses faits d'armes avec admiration.

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