Une fois que la commission Charbonneau aura terminé ses travaux, une fois que le gouvernement aura mis en pratique les recommandations qui en découleront, une fois que les pratiques de l'industrie auront été nettoyées, il ne faudrait pas alors jeter le bébé avec l'eau du bain.

Et c'est ce qui pourrait arriver si le contrôle des principales entreprises de construction passe en des mains étrangères.

Il faut s'assurer que les remèdes apportés aux problèmes actuels ne résulteront pas en des ventes au rabais d'entreprises de construction et des pertes de contrôle qui pourraient s'avérer dommageables pour l'ensemble des 170 000 travailleurs de cette importante industrie.

Prenons l'exemple des entreprises de Tony Accurso. Bien qu'il s'agisse d'entreprises privées qui n'ont pas à publier d'états financiers, on parle d'un chiffre d'affaires combiné dépassant le milliard de dollars, et de 3500 employés. Quel que soit l'angle sous lequel on examine ce conglomérat, il s'agit d'un géant et il serait dommage si un tel géant devait être vendu à des intérêts non québécois.

D'une part, il est reconnu par à peu près tous les intervenants du milieu que le travail effectué par les entreprises de Tony Accurso est sans reproche: respect des échéanciers, respect des budgets, qualité des travaux, qualité de la main-d'oeuvre, etc.

D'autre part, des entreprises françaises comme Sintra et DJL contrôlent déjà plus de la moitié de la production d'asphalte au Québec, alors que des entreprises espagnoles ont la mainmise sur plusieurs chantiers importants, dont ceux du CHUM et de l'autoroute 30.

Si les entreprises de Tony Accurso s'ajoutent à ce contrôle hors Québec, aussi bien dire qu'il ne restera guère que les plus petites entreprises de construction sous contrôle québécois. Les grandes décisions concernant nos infrastructures pourraient alors se prendre à l'extérieur du Québec.

Tony Accurso a déjà annoncé qu'il se retirait de la direction de ses entreprises et qu'il n'était pas question de céder le tout à ses enfants. Quelles que soient les raisons qui ont motivé ce geste, il faut maintenant regarder en avant et souhaiter que le contrôle des entreprises qui lui appartiennent demeure au Québec.

Autant que possible, il ne faudrait pas que Tony Accurso vende ses actifs à des firmes étrangères, même si c'est son droit de le faire. Il est d'ailleurs de notoriété publique que d'importantes entreprises françaises et espagnoles lorgnent ces joyaux québécois de l'industrie de la construction, ce qui pourrait augmenter d'autant leur influence réelle sur cette industrie.

Évidemment, ces souhaits n'ont rien à voir avec la collusion et/ou la corruption qui semblent à maints égards avoir été partie prenante des contrats publics accordés dans les dernières années. Mais il y aura une après-commission Charbonneau, et les gouvernements provincial et municipaux continueront de faire affaire avec des entreprises de construction pour la réalisation de leurs travaux d'infrastructures.

Dans ce contexte, il serait dommageable pour l'ensemble du Québec de voir le contrôle des principaux intervenants encore sous contrôle québécois passer en des mains étrangères.

Il faut donc espérer que ceux qui voudraient acheter en tout ou en partie les entreprises de Tony Accurso trouvent le financement nécessaire. Pour ce faire, il est primordial que les banques et autres entreprises de financement comme le Fonds de solidarité évitent de boycotter tout ce qui pourrait toucher à la construction. Il ne faudrait pas qu'après la commission Charbonneau, le Québec se retrouve perdant parce qu'il n'aurait plus grand-chose à dire dans une industrie renouvelée.

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