On a beaucoup fait état cette semaine du sort, parfois misérable, réservé aux plus vulnérables à savoir nos aînés en lourde perte d'autonomie. La problématique des CHSLD est bien réelle: disparité de service, vétusté de certains établissements, liste d'attente indigne d'une société développée, effets pervers sur l'attente dans les urgences, etc.

La commission parlementaire réclamée par les libéraux a sa raison d'être. Il faudra néanmoins éviter de s'enfermer dans des silos, conduisant à occulter le besoin d'une réforme plus globale qui agirait en amont et garantirait le droit de vieillir dans la dignité.

Bien que l'hébergement des personnes âgées ne doit pas être le premier choix, il demeure impératif de maintenir une offre publique suffisante et de qualité quand les pertes d'autonomie deviennent trop lourdes. Malheureusement depuis 2006, le Québec navigue à contre-courant. Alors que nous vieillissons à une vitesse grand V et que la population du quatrième âge croît de plus de 3% par année, le nombre de places en CHSLD a connu une diminution de 15%!

Pour pallier à cette situation intenable, il faut non seulement ajouter des places en CHSLD, mais il faut aussi des formules alternatives avec des unités plus petites pour préserver de véritables milieux de vie. Si on peut saluer de trop rares initiatives répondant à cette approche plus humaine et mieux adaptée, force est de constater un lourd désengagement de l'État et la fuite en avant vers des partenariats publics-privés qui nous coûtent les yeux de la tête et dont la qualité des services est trop souvent douteuse.

Ce désengagement n'est pas sans conséquence. Il contribue à la surreprésentation honteuse des personnes très âgées dans les corridors des urgences. Il est source de complications multiples chez les aînés, sans oublier les transferts cruels d'une ressource de transition à une autre. Outre la dignité et des soins adéquats, nous devons la sainte paix aux personnes les plus vulnérables!

Il faudra aussi travailler à une meilleure intégration des services au niveau régional pour identifier les personnes dans le besoin, opérer un suivi régulier de leur cas et assurer qu'elles ont toutes droit à une même gamme de services.

Mais les maux qui affligent nos aînés à l'égard de l'offre de services de santé et de services sociaux sont loin de se limiter aux CHSLD. Le virage majeur à opérer dans les services à domicile constitue certainement le geste le plus structurant à poser pour permettre aux Québécois de vieillir dans la dignité.

Le Québec est la province canadienne qui investit le moins dans les services à domicile. Il répond à peine à 10% des besoins. Les comparaisons internationales en disent long sur l'ampleur du changement requis pour moderniser et rendre plus efficientes nos approches. Ainsi, la part du budget public consacré aux aînés pour le soutien à domicile est de 18% au Québec, contre 32% au Pays-Bas, 43% en France et même 73% au Danemark.

L'actuel ministre de la Santé Réjean Hébert réclamait, alors qu'il coprésidait la consultation publique initiée par les libéraux sur les conditions des aînés, un réinvestissement de 500 millions de dollars pour véritablement infléchir le cours des choses. Il aura prochainement à faire connaître les intentions de son gouvernement à cet égard, à l'occasion du dépôt de la politique très attendue d'assurance autonomie.

Cet investissement est essentiel pour repositionner nos services; 500 millions$ permettraient de combler 40% des besoins. Sans cette injection, on ne peut prétendre sérieusement soulager les proches aidants, des femmes pour la plupart. Voyons voir comment réagiront ceux qui décrient régulièrement l'absence d'approche novatrice dans les services publics!

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