Est-ce que les textes sacrés sont homophobes ? Oui, ils le sont ! Mais ceux qui sont à condamner, ce sont les intégristes qui les suivent intégralement comme on utilise un livre de recettes.

Ce qui différencie un extrémiste et un modéré qui croient au même livre, c'est que le deuxième sait creuser un sillon entre les écrits et sa pratique religieuse pour mieux inscrire sa croyance dans la modernité. C'est de cette seule façon qu'on arrive à marier la totale liberté de conscience avec nos exigences sociétales de tolérance envers les minorités. C'est aussi ce détachement partiel du dogme qui permet à bien des croyants de cette planète de vivre en harmonie avec les minorités sexuelles vulnérables.

Aux extrémistes qui refusent ce compromis, l'avocat Clarence Darrow avait servi une belle leçon sur la nécessité de développer une compréhension parabolique de ces textes sacrés. Je vous raconte.

En 1925, dans la Bible Belt, un enseignant du Tennessee, qui avait outrepassé une loi interdisant de parler d'évolution dans les écoles publiques, s'est retrouvé devant le juge. Cette loi, qui s'appelait le Butler Act, interdisait de nier l'histoire de la création divine de l'humanité.

Soutenu et instrumentalisé par l'Union américaine pour les libertés civiles, qui voulait contester la loi, le jeune instituteur affronta le mouvement créationniste dans une bataille judiciaire médiatisée qui fut baptisé « le procès du singe ».

Pour mettre toutes les chances de leur côté, les évolutionnistes avaient engagé un redoutable avocat de l'époque nommé Clarence Darrow. Il devait alors affronter un autre monument de la justice américaine appelé William Jennings Bryan, qui défendait les créationnistes. Désireux de démontrer qu'il ne fallait pas prendre les Écritures saintes à la lettre, Darrow avait eu la brillante idée de demander à l'avocat adverse des éclaircissements sur ces textes que les créationnistes disaient porteurs de la seule vérité.

Une fois Bryan, qui se disait spécialiste de la bible, à la barre, Darrow le bombarda de questions qui sont restées sans réponse : « Si Adam et Ève étaient seuls au monde, comment leur fils Caïn a-t-il pu trouver une femme ? Les poissons ont-ils été aussi noyés pendant le déluge ? Avant la création du soleil qui est arrivé seulement au 4e jour, comment est-ce que les jours de 24 h s'écoulaient-ils ? Est-ce que Adam et Ève avaient des nombrils ? »

Devant les réponses incomplètes et évasives du défenseur des créationnistes, Darrow parvint à lui faire accepter qu'on ne pouvait pas interpréter les textes sacrés à la lettre et que les six jours de la Genèse devaient être regardés de façon beaucoup plus métaphorique qu'indiscutablement véridiques.

LA TRAGÉDIE D'ALAN TURING

Pourquoi tant de haine envers des gens qui ne cherchent qu'à s'aimer et qui n'ont fait de mal à personne ?

En 2009, une pétition signée par un groupe de scientifiques, dont faisait partie le célèbre physicien Stephen Hawking, a amené le gouvernement britannique à s'excuser officiellement pour le dramatique traitement réservé à Alan Turing, en 1952, en raison de son homosexualité.

Ce dernier, qui était l'un des mathématiciens les plus brillants de l'époque moderne et qu'on qualifie de père de l'informatique, s'est suicidé en 1954. Pour cause, le gouvernement britannique lui avait donné le choix entre la castration chimique et deux ans de prison. Il a préféré se suicider avec une pomme dans laquelle il avait injecté du cyanure. 

D'ailleurs, il y a encore aujourd'hui des gens qui pensent, à tort ou à raison, que c'est de cette bouchée de pomme mortelle qu'est né le logo de la firme Apple. Juste parce qu'il était homosexuel, on avait poussé au suicide ce savant dont les découvertes ont été bien utiles aux alliés dans le décryptage des codes secrets des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Le biologiste britannique Richard Dawkins dit d'Alan Turing qu'il a contribué beaucoup plus à la victoire sur les nazis qu'Eisenhower ou Churchill.

UNIS

Quand on y pense, les homosexuels et les handicapés font partie des rares véritables minorités de cette planète. Je parle ici des minorités n'appartenant pas à des majorités situées à quelques heures d'avion. Et il suffit de voir la diversité ethnoraciale des jeunes qui sont morts dans ce carnage à Orlando pour réaliser que même dans cette Amérique gangrénée par le racisme, ces gens étaient unis par quelque chose de plus fort que la race et la religion. Ce quelque chose, c'est toute cette adversité qui est souvent le fait de personnes qui projettent violemment leur propre malheur existentiel sur de paisibles innocents qui ne font que célébrer la vie et la liberté d'être.

Que vous soyez hétérosexuel, homosexuel ou lesbienne, je voudrais pour terminer ce dernier texte avant mes vacances de ces pages, vous souhaiter un été rempli d'amour.

On ne lâchera pas le combat contre l'homophobie, car reculer n'est pas une option !

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