Monsieur Heurtel et Monsieur Coderre,Je vous écris pour vous faire une proposition sur ces eaux usées qui semblent vous polluer la vie. Une proposition qui n'a rien de technique, mais qui repose sur une logique environnementale assez simple.

Pendant que la province a les yeux rivés sur ce que certains qualifient de flushgate de Montréal, on apprenait qu'Exploramer, à Sainte-Anne-des-Monts, allait fermer ses portes, faute de financement. Exploramer, c'est un centre d'interprétation, d'éducation et de sensibilisation entièrement voué à la protection du Saint-Laurent. Pour avoir déjà côtoyé et collaboré avec les jeunes de cette initiative régionale, je peux vous assurer qu'ils font un travail formidable.

Si vous visitez ce lieu, vous serez ému par toutes les espèces vivantes qu'ils sont allés chercher dans le chenal laurentien. Vous verrez à quoi ressemblent un hémitriptère, un chaboisseau, une loquette d'Amérique et d'autres trésors qui donnent aux visiteurs, et surtout aux enfants qui fréquentent et s'instruisent à Exploramer, une envie de protéger cette richesse qui est aussi la leur. Cette collection vivante est unique et je trouve ça bien triste d'entendre parler d'euthanasier ces animaux.

La force du Québec dans le Canada, c'est d'abord sa position géographique, qui lui donne un accès privilégié au Magtogoek, « le chemin qui marche », nom que les Algonquiens avaient donné au fleuve Saint-Laurent. Si 97 % des Québécois vivent à l'intérieur de son bassin versant et 45 % en boivent l'eau, c'est parce que le Saint-Laurent coule dans nos veines.

Beaucoup plus que les mines ou le pétrole, la véritable richesse du Québec pour les prochaines générations, ce sont ses ressources aqueuses qu'il faut absolument protéger.

Je rêve du jour où nous aurons un ministère de l'Eau.

Comme ces jeunes d'Exploramer, qui s'appellent Mathieu Lemonde-Landry, Amélie Mendoza, Sandra Gauthier et bien d'autres, le Saint-Laurent me passionne, et cette passion me pousse à vous faire la modeste proposition qui suit.

MA PROPOSITION

Monsieur Coderre et Monsieur Heurtel, puisque le principe du pollueur payeur s'applique au Québec, si le déversement total ou partiel de ces eaux usées reste la seule issue, je vous propose de dédommager le fleuve pour cette agression injuste en donnant de l'argent aux organismes qui travaillent tous les jours, et depuis des années, à surveiller sa santé et celle de la biodiversité qui l'habite. Parmi ces organismes, il y a Exploramer, qui vient d'être condamné à la disparition, et bien d'autres, dont la Fondation David Suzuki, Nature Québec, le Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM), etc.

Monsieur Heurtel, est-ce que vous trouvez logique de commencer cette stratégie maritime, qui tient à coeur à votre gouvernement, en fermant un centre de sensibilisation qui se consacre à la protection du Saint-Laurent ? C'est maintenant, plus que jamais, que nous avons besoin d'Exploramer et de tous ces autres organismes qui gardent un oeil toujours ouvert et préventif sur ce qui se passe dans ses eaux.

Si cette sombre initiative de déversement d'eaux usées permet au moins de sauver Exploramer et d'autres organismes amis du Saint-Laurent, vous bénéficierez, aux yeux de bien des gens, d'une réhabilitation partielle pour cette délinquance écologique.

S'il vous plaît, sauvez Exploramer !

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