La présence d'éléments masqués et les grabuges des derniers jours ont sérieusement miné les revendications et la démocratie estudiantine à l'UQAM. Comme la grande majorité des Québécois, je crois que cette façon de faire est condamnable. Je pense aussi que ceux qui empruntent ce chemin nuisent totalement à la crédibilité du mouvement étudiant qui, il faut le réaffirmer, est une force indispensable dans une saine démocratie.

On doit en effet beaucoup aux grèves et mobilisations étudiantes dans tous les pays de planète. C'est une force dont le silence entraîne souvent un sommeil national, et je pense que le politique devrait travailler à l'encadrer pour éviter les dérives plutôt que de faire de la présence de ces extrémistes masqués un slogan pour engranger des points dans l'opinion publique.

Depuis le début de cette crise, tous les responsables universitaires nous parlent de ces perturbateurs qui ne seraient pas des étudiants, mais plutôt des malfaiteurs qui violent les enceintes de l'UQAM. Des suppositions largement relayées par le ministre Blais dans les médias. Est-il si difficile de vérifier ces informations quand on sait que les policiers ont eu souvent ces gens à portée de matraque et en ont aussi certainement déjà arrêtés? Est-ce vraiment compliqué de mettre la main sur ces casseurs et de leur demander leur carte d'étudiant, et s'ils ne sont pas de l'UQAM de nous dire qui ils sont plutôt que de continuer à tergiverser sur leur appartenance?

Cohésion sociale

Dans tous les cas, cet événement nous rappelle aussi que voir la face de quelqu'un est un minimum requis pour la cohésion d'une société où les liens et la confiance entre individus se tissent par la communication. D'ailleurs, je me demande parfois ce que feraient les autorités policières si certains de ces étudiants, une fois dans la rue, remplaçaient leur cagoule par un niqab pour manifester. N'en déplaise aux opposants de monsieur Harper qui défendent bec et ongles le port du niqab en toute circonstance, il y a une vraie réflexion à faire sur le sujet. Est-ce qu'il est permis, au nom de la liberté de religion, de se couvrir le visage et de manifester sans se faire inquiéter? Si c'est le cas, on n'est pas sorti du bois.

Supposons que c'est le cas et que ces jeunes qu'on qualifie de brigands - à juste raison parce qu'ils foutent le bordel dans les manifestations - décident un jour d'adopter le niqab comme façon de passer incognito dans la rue. Les services de police feront face à un dilemme parce qu'ils ne pourront pas présumer que celles qui sont dans ces habits sont des cégépiennes déguisées en Saoudiennes. Que ferait alors la police? Arrêterait-elle les gens qui sont masqués sans oser toucher ceux qui portent le niqab? Et si elle décide d'arrêter les niqabées, est-ce que les tribunaux sont juridiquement outillés pour faire condamner ces filles quand on sait que la croyance est avant tout une affaire bien personnelle? La seule façon de prouver cette fausse représentation serait d'inventer un «croyance-o-mètre», et comme une telle machine n'existe pas, prouver leur culpabilité pourrait être long et compliqué pour le système.

Tout ça pour dire que la législation autour du visage à découvert ne peut pas s'appliquer seulement aux jeunes dans les rues. Tôt ou tard, il faudra, dans certaines circonstances, étendre cette balise au niqab et à la burqa à des fins d'identification en cas de nécessité. Souvenons-nous que le 26 novembre 2014, sans se faire inquiéter, deux imposteurs en niqab sont entrés dans une bijouterie à Toronto qu'ils ont cambriolée en emportant avec eux un butin estimé à un demi-million de dollars.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion