Le Parti libéral a décidé de couper, réduire, restructurer, économiser, équilibrer, dégraisser et tout chambarder sans se préoccuper de la grogne populaire de plus en plus assourdissante.
Pour remettre le Québec sur l'autoroute de la vitesse économique, les commissions scolaires, les garderies, les hôpitaux, des fonds de retraite et une multitude de programmes sociaux sont harcelés avec un revirement qui rappelle indiscutablement que faire de la politique autrement, c'est encore promettre la carotte pour se faire élire et sortir le bâton une fois au pouvoir.
Si les frappes douloureusement administrées aux institutions sont bien libérales, le bâton utilisé semble être emprunté aux idées de François Legault qui, il faut le rappeler, a été le premier, aux élections de 2012, à faire des pieds et des mains pour nous faire comprendre que le Québec ne peut plus se permettre de marcher pendant que ses voisins courent. Il ajoutait même que la CAQ était le seul parti à avoir les mains propres pour faire le ménage tant demandé à l'époque par la population.
Pour cause, le Parti libéral, dont le chef disait avoir les deux mains sur le volant, semblait avoir les mains sales, et le Parti québécois, les mains liées par sa traditionnelle politique de la main tendue aux syndicats. Or, si les syndicats jouent du coude, c'est justement pour protéger leurs membres contre les jambettes de ceux qui veulent leur forcer la main, les mettre à l'index, voire leur tordre le bras.
Je sais que je m'écarte de mon sujet, mais permettez-moi encore d'ouvrir une petite parenthèse pour rappeler qu'avoir les mains propres en campagne électorale, comme le prétendait M. Legault, est une utopie quand on comprend un peu les principes de base de la microbiologie. Comment peut-on se réclamer d'une fraîcheur immaculée quand on passe son temps à serrer la main à des enrhumés et des grippés, sans oublier de se mettre de temps en temps le pied dans la bouche? La vérité, c'est qu'en campagne électorale, les autobus voyagent les politiciens, qui à leur tour véhiculent des microbes.
Mais là, il est vraiment temps de revenir à cette cadence économique qu'on veut imposer au Québec avant d'épuiser le quota de 600 mots qui m'est alloué pour chaque chronique.
Le lièvre et la tortue
Mon aïeul enseignait qu'on a beau être pressé dans la vie, on ne pourra jamais commander à notre derrière de galoper devant nous. Je pense donc qu'à défaut de marcher, prendre le temps de trotter pour accommoder les plus vieux, ou ceux qui sont ralentis par de lourds héritages de vie, n'est pas pour autant une fatalité. C'est probablement d'ailleurs pour cette raison qu'au Québec, quand quelque chose ne marche pas à notre goût, on organise toujours une marche en espérant que des changements arrivent à grands pas.
Le lièvre atteint sa destination et la tortue aussi finit par arriver. Et qui, du lièvre ou de la tortue, vit le plus longtemps? Le lièvre a une espérance de vie avoisinant les 5 ans alors que certaines tortues vivent 200 ans. Entre la rapidité du lièvre et la lenteur de la tortue, il y a le trot qui, pour moi, symbolise le développement durable, la croissance inclusive et cette nécessité de penser aux générations futures.
Loin de prôner la décroissance ou l'inertie, je crois simplement qu'il faudra aussi un jour marquer une rupture avec cette façon d'envisager l'économie qui n'enrichit qu'un insatiable petit peloton de tête et mène progressivement le capitalisme au bord du précipice.
Pour retrouver la lumière, l'économie du Québec a peut-être plus besoin d'un minutieux et long travail d'éclaircie que d'une coupe à blanc tape-à-l'oeil qui réserve très souvent des conséquences dramatiques, insoupçonnées et imprévisibles dans un futur proche ou lointain.
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