Quand l'homme aura tué le dernier animal, coupé le dernier arbre et pollué la dernière goutte d'eau, il comprendra enfin que l'argent n'est pas comestible.

Voilà une sagesse amérindienne d'hier qu'on devrait souvent rappeler aux gens d'aujourd'hui, car n'en déplaise aux sceptiques, les signes annonciateurs d'un réchauffement planétaire sont scientifiquement bien réels. C'est à force de les entendre crier cette triste réalité que certains climato-sceptiques ont accolé aux environnementalistes l'étiquette réductrice de catastrophistes obsessionnels.

Si vous dites aux intégristes de la croissance économique, dont ceux du gouvernement Harper, que l'effet de serre risque un jour de faire du ravage au Canada, il y a plus de chance qu'ils pensent à la surpopulation de chevreuils en Saskatchewan qu'à cette banquise dont l'instabilité risque un jour de faire passer les ours blancs de polaires à bipolaires.

En fait, le rapport que plusieurs d'entre nous avons au sujet du réchauffement climatique est le même que celui que nous affichons quand, dans certains endroits publics, sonne une alarme d'incendie. À force de se faire surprendre par de fausses alertes, une majorité ne trouve plus la nécessité de bouger en entendant une sonnerie préventive. Pourtant, à bon entendeur, il ne faudrait jamais oublier que lorsque le brasier est bien installé, il est souvent trop tard pour sauver sa peau. Un peu comme dans cette histoire connue de tous les environnementalistes et qui met en scène une grenouille.

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Cette sagesse raconte qu'une grenouille nageait tranquillement dans un bassin contenant une eau dont la température était idéale pour un batracien. À l'aise dans sa petite piscine, notre grenouille ne réalisa pas alors qu'une petite flamme commençait à réchauffer tranquillement le bassin. Ne se sentant pas incommodée par ce changement de température presque imperceptible, la grenouille continua de nager en coassant de bonheur.

Sauf que dans cette dramatique histoire, qui pourrait être un miroir de ce qui attend l'humanité, quand l'eau se mit à bouillonner sans avertir, la grenouille ne trouva pas la force nécessaire pour quitter sa piscine devenue, quelques secondes plus tard, un chaudron à soupe. Son sort définitivement scellé, elle se mit à regretter de ne pas avoir agi plus tôt.

Mais si j'ai décidé d'écrire sur ce sommet de l'ONU consacré au climat, c'est surtout pour faire une proposition quant à l'utilisation de cette fameuse taxe sur le carbone qui est omniprésente dans le discours politique. Une proposition qui est basée sur une logique biologique. Si on taxe les émissions de carbone, me suis-je dit, il faudrait remettre tout l'argent provenant de cet impôt aux acteurs qui travaillent à nous débarrasser de ce même carbone sur la Terre.

Or, il se trouve que la séquestration du carbone est un travail qui revient aux végétaux chlorophylliens, dont les plantes vertes et le phytoplancton. Ce sont ces organismes, appelés aussi des producteurs primaires, qui, grâce à la photosynthèse, incorporent le carbone atmosphérique dans les molécules organiques qui dorment dans leurs feuilles, tiges, branches, troncs, racines, fruits, légumes, graines, etc.

Si on doit faire payer les industries pour les surplus de carbone relâchés dans l'atmosphère, chaque pays devrait s'engager à utiliser toute la cagnotte récoltée pour planter des arbres, nettoyer les océans et créer des aires protégées en milieu marin comme sur la terre ferme. Ce serait une belle et efficace façon de lutter contre les changements climatiques.

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