Mon grand-père disait : « S'il y a un métier où savoir manier le verbe est primordial ; où le contenant est souvent plus important que le contenu ; où les portes de l'avenir sont grandes ouvertes aux baratineurs de talent ; c'est bien la politique ! Mais si être beau parleur est un atout dans cette arène, il arrive aussi que les représentants de cette minorité volubile se fassent pendre avec leur langue. Car en politique, on est toujours maître de sa parole avant de la prononcer, mais on peut en devenir rapidement l'esclave une fois qu'elle a quitté notre bouche. »

Alors, en campagne électorale, quand une langue qui fourche peut faire plus de dommages qu'une chute du dixième étage, en dire moins ou répéter les mêmes idées devient salutaire. Or, cette façon de marteler indéfiniment le même message finit toujours par amener des électeurs à se demander si les politiciens les prennent pour des enfants. La réponse est malheureusement affirmative. « Si tu ranges ta chambre, je te laisse jouer avec le iPad ou si tu ne ranges pas ta chambre, je te prive de iPad », ai-je l'habitude de dire à mon fils.

Sur le même principe, les promesses électorales vantent les récompenses qui nous attendent en votant du bon bord et brandissent les punitions advenant un vote du mauvais côté. Comme dans toute bonne campagne publicitaire qui se veut efficace, le politicien doit lancer assez fréquemment son slogan pour induire et imprimer un réflexe associatif chez les électeurs.

Ce conditionnement par la répétition est une technique que l'on doit en partie à un biologiste russe appelé Ivan Pavlov qui, à la fin du XIXe siècle, expérimentait sur des chiens. Grâce à sa technique de zombification cérébrale, Pavlov amenait son cabot à saliver en entendant simplement la sonnette annonciatrice du repas. C'est une découverte dont se sont largement inspirés les publicitaires qui aident certains politiciens à mieux leurrer la population.

Quand je suis arrivé au Québec, le logo de McDonald's, que je ne connaissais pas, était un vulgaire « M ». Mais à force de me faire bombarder de publicités de la chaîne, ma perception de ce « M » a changé. Si bien qu'aujourd'hui, il me suffit de le voir pour que mon cerveau conditionné fredonne la chansonnette et se remémore des odeurs de frites. J'ai donc été victime du même martèlement associatif qui explique qu'en peu de temps, PKP est passé du grand patron de Québecor à ce puissant homme qui veut organiser un référendum pour détruire le Canada.

Je pense qu'il faudrait un jour tenir les politiciens responsables de leurs promesses électorales et de toutes les faussetés qu'ils présentent dans les débats comme des certitudes. Ces promesses et affirmations que La Presse et Ici Radio-Canada passent régulièrement au moulinet dans des textes d'une grande pertinence appelés « l'épreuve des faits ». La politique ne devrait pas être l'art de promettre des nuages aux électeurs et, une fois élu, leur expliquer qu'on n'a finalement pas d'échelle suffisamment longue pour aller à la cueillette aux cumulonimbus.

Qu'est-ce qui arrive à un candidat qui se fait engager dans une boîte sur la base de compétences qu'il avait faussement indiquées dans son CV ? Il est souvent viré dès qu'on découvre le pot aux roses. Pour la même raison, dans une démocratie, le peuple devrait avoir le droit de réclamer la démission d'un gouvernement pour trahison d'une promesse électorale majeure. Sinon pourquoi passer autant de temps à dire à nos enfants que mentir pour arriver à ses fins est une très mauvaise chose ?

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