Certains médias ont fait état, au cours des derniers jours, des négociations entre La Presse et les syndicats de ses employés. Après 16 semaines de pourparlers, nous souhaitons informer nos lecteurs de l'évolution de la situation, compte tenu du danger réel qui pèse sur la survie du quotidien.

Rappelons que ces négociations visent à alléger la structure de coûts de La Presse, frappée comme les autres quotidiens du continent par une chute brutale de ses revenus publicitaires. Si une entente n'intervient pas d'ici le 1er décembre prochain, La Presse se verra dans l'obligation de suspendre sa publication. À cinq semaines de cette échéance, la direction a fait savoir aux représentants de ses employés qu'elle déposera cette semaine des offres globales et finales.

Confrontés à cette crise structurelle sans précédent, plusieurs quotidiens ont dû faire des mises à pied et imposer des diminutions de salaire. La Presse a fait des efforts considérables pour trouver des solutions qui minimisent l'impact des changements sur ses employés. Les offres que nous déposons cette semaine sont raisonnables et responsables.

Ces propositions privilégient une vision d'avenir en intégrant les activités de Cyberpresse et de La Presse. Ainsi, les journalistes de l'imprimé seront assurés de profiter, plutôt que de subir, la croissance de l'internet.

De plus, l'implantation de la semaine de travail de cinq jours se fera SANS MISES À PIED parmi ses employés réguliers. Soucieux de protéger le rythme de vie de nos employés, nous avons RENONCÉ À DEMANDER UNE BAISSE DE SALAIRES. Nos employés profiteront également d'un programme de partage des bénéfices.

Voici les principaux éléments de nos offres:

- intégration des activités de Cyberpresse et de La Presse;

- passage de la semaine de quatre jours (32 heures) à un horaire de cinq jours (35 heures), SANS MISES À PIED; la proposition initiale de La Presse prévoyait 49 mises à pied;

- gel des salaires pour trois ans. La direction avait d'abord demandé une baisse des salaires de 6%;

- partage des bénéfices futurs à raison de 15%;

- bonification des primes de départ volontaire (jusqu'à un an et demi);

- abolition de la fonction d'aide-distributeur. Cette mesure ne résulte pas de l'implantation de la semaine de cinq jours. La Presse est le seul journal en Amérique du Nord à employer des aides-distributeurs. Les personnes qui devront quitter leur emploi recevront une prime de départ équivalant, dans la plupart des cas, à TROIS ANS DE SALAIRE, jusqu'à un maximum de 100 000$.

Tout au long de sa démarche, La Presse a gardé à l'esprit l'importance que ses employés attachent à leurs conditions de travail. Au fil des pourparlers, la direction a ramené de 13 millions à 10 millions les compressions exigées. Nous savons que ces changements représentent un sacrifice significatif pour nos employés. C'est pourquoi nous avons proposé des mesures supplémentaires de conciliation travail-famille.

Dans le contexte d'aujourd'hui, s'adapter n'est pas un choix, c'est une nécessité. En vertu de ces offres, nos employés continueront de bénéficier de conditions de travail comparables à celles que l'on trouve dans les autres grands quotidiens d'Amérique du Nord.

Il reste seulement cinq semaines pour sauver La Presse. Plus nous approchons de l'échéance, plus les risques sont élevés.

Les solutions existent. Mais nous n'y arriverons qu'avec l'appui et la contribution de ceux qui font de La Presse un élément essentiel de la démocratie québécoise.

Président et éditeur