FrancoFolies, Festival de jazz, Osheaga... Pour les Montréalais, l'été rime avec spectacles.

Mais un rendez-vous estival se déroule ces jours-ci au-dessus de nos têtes sans qu'il soit possible de bien l'apprécier à partir de la métropole et d'un nombre croissant d'endroits : les perséides. Cette pluie d'étoiles filantes mérite pourtant d'être regardée et protégée.

Le spectacle lui-même, d'abord, est digne de notre attention. Comme chaque été, la Terre se trouve actuellement près de l'orbite de la comète Swift-Tuttle, dont le sillage est jonché de débris. Ces poussières de comète foncent vers nous à plus de 200 000 km/h, puis s'enflamment dans l'atmosphère. Elles laissent des traînées dans le ciel qu'on aime appeler « étoiles filantes ».

Ce spectacle grandiose est cependant de plus en plus difficile à apprécier à cause de la pollution lumineuse. Le fléau intéresse pourtant peu de gens au-delà du cercle des astronomes amateurs et des chercheurs qui scrutent le ciel. C'est dommage pour deux raisons. D'abord parce qu'il s'agit d'un signe de gaspillage qu'il faut combattre. Ensuite parce que la pollution lumineuse nous empêche de jouir du ciel étoilé, un patrimoine naturel qui possède une force d'évocation peu commune et représente un champ d'investigation scientifique extrêmement riche.

Nos villes, Montréal en tête, sont mal éclairées. Les lampadaires dirigent trop souvent la lumière vers le ciel au lieu du sol. Et elles sont aussi... trop éclairées. Les villes nord-américaines se basent généralement sur les recommandations d'un organisme à but non lucratif, l'Illuminating Engineering Society of North America, pour ajuster l'intensité de leurs lampadaires.

« Ces recommandations ne sont pas des lois, mais les décideurs n'ont jamais voulu aller sous ces normes, de peur de se faire poursuivre. Pourtant, elles sont trop élevées pour nos besoins », affirme Martin Aubé, spécialiste de la pollution lumineuse et professeur de physique au cégep de Sherbrooke. L'une des conséquences directes de ce suréclairage est le gaspillage d'électricité.

L'autre impact est tout aussi important : nous ne voyons plus le ciel étoilé. Or, celui-ci offre une vision puissante, souvent émouvante, qui n'a pas son pareil pour nous rappeler notre place dans l'Univers.

Les étoiles ont fasciné toutes les civilisations et joué un rôle crucial dans le développement de l'humanité.

La chose peut sembler surprenante aux citadins d'aujourd'hui, mais la toute première science naturelle développée par l'homme fut l'astronomie. Celle-ci nous a appris, entre autres choses, que la Terre n'est pas le centre du monde, qu'elle tourne autour du Soleil et qu'elle flotte dans un Univers immense et en expansion - des découvertes qui ont profondément bouleversé notre façon de penser.

Les scientifiques continuent de se tourner vers le ciel pour comprendre le monde. Il faut protéger leur travail. Des progrès ont été réalisés, comme la création de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, en 2007.

Il reste que trop d'êtres humains grandissent aujourd'hui en ne voyant jamais le ciel nocturne. Il faut le sauvegarder comme nous défendons la culture, la nature ou les sites archéologiques : parce que le ciel étoilé fait partie de notre patrimoine, qu'il nous ouvre des horizons et qu'il contribue à notre développement.

LES PERSÉIDES CETTE ANNÉE

Visibles de la fin juillet au 25 août environ

Particulièrement intenses entre le 10 et le 14 août

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