Avec les dérèglements climatiques, le pire est à venir. Les désastres liés à l'eau devraient bel et bien augmenter. Or, le risque n'est pas celui que l'on croit.

Le nouveau climat rendra plus probables les inondations causées par les crues d'été et d'automne, à cause de l'intensité des averses.

Quant aux inondations causées par les crues printanières, les modèles ne permettent pas d'établir de lien avec les dérèglements climatiques.

On ne peut conclure qu'elles deviendront plus probables. Pour ce type d'inondations, ce n'est donc pas le climat futur qui devrait inquiéter. C'est plutôt les régimes d'assurance actuels, qui protègent mal les sinistrés.

Les modèles climatiques sont assez fiables pour prédire les phénomènes à grande échelle comme la température. Mais ils deviennent moins précis pour les précipitations, qui fluctuent dans le temps et le territoire.

De façon générale, vers 2050, le récent rapport du CDHQ (Centre d'expertise hydrique du Québec)* prévoit pour l'hiver moins de neige et plus de pluie. Le débit des cours d'eau sera à la hausse l'hiver, mais à la baisse le printemps. Il s'agit de tendances, qui n'excluent pas des cas extrêmes comme celui qui accable le Québec. Mais on ne peut conclure que de tels drames deviendront plus fréquents.

Prévoir les inondations printanières est complexe. Il faut construire des hypothèses à partir de nombreuses variables incertaines comme la vitesse de fonte de la neige et la pluie qui peut accélérer cette fonte, sans oublier les embâcles, le niveau d'absorption des sols et les mesures d'adaptation. Et on cherche ensuite à en mesurer l'effet pour une zone précise.

Par contre, pour les inondations causées par les averses violentes l'été et l'automne, les modèles sont plus fiables. Le consensus veut que ce risque augmentera. Et il ne s'agit pas de la seule inquiétude liée aux perturbations climatiques.

Elles rendront aussi plus probables deux autres problèmes liés à l'eau : les tempêtes dans l'Est, et les faibles débits au sud et à l'ouest.

À cause de la hausse du niveau de l'océan et de la fonte des glaces marines, les régions côtières comme la Gaspésie deviendront plus vulnérables aux tempêtes hivernales. On l'a constaté en janvier dernier avec les coûteux dommages au quai de Percé.

Dans les basses terres du Saint-Laurent, on craint le contraire. Ce qui augmentera, c'est le risque d'une baisse des niveaux des cours d'eau. Ces faibles débits et niveaux fragiliseront les habitats de nombreuses espèces qui y vivent, en plus d'affecter les prises d'eau potable et de compliquer la navigation.

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Pour les inondations printanières, le lien immédiat à faire n'est pas avec le climat, mais plutôt avec les assureurs. Que ces désastres deviennent ou non plus fréquents, reste qu'ils accablent beaucoup trop les sinistrés. Car ils restent mal protégés.

Jusqu'à l'année dernière, le Canada était le seul pays du G8 où les assureurs n'indemnisaient pas contre les crues printanières.

Et les nouvelles polices d'assurance restent souvent incomplètes et difficiles à comprendre.

À cela s'ajoute un incitatif pervers. Si une maison est construite en zone inondable, la municipalité s'enrichit avec les taxes foncières. Et s'il y a une inondation au printemps, c'est Québec qui ramasse l'essentiel de la facture. Mais bien sûr, les terribles inondations qui accablent le Québec débordent largement le tracé des zones inondables. À de nombreux endroits, des zones réputées non à risque sont inondées.

Le Québec devra se préparer à un avenir troublé par des catastrophes naturelles plus violentes et imprévisibles. La menace peut paraître intangible. Mais ce qui est toutefois facile à comprendre, c'est de savoir qui, sous le système actuel, ramassera l'essentiel de la facture : l'État.

>>> Consultez l'Atlas hydroclimatique du Québec méridional 2015

>>> Consultez le rapport synthèse d'Ouranos sur les changements climatiques

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