La bonne nouvelle pour les amateurs de hockey, c'est qu'ils ne peuvent pas faire confiance à Gary Bettman.

Rien de neuf là-dedans, bien sûr. On l'avait déjà constaté lors de la saga du retour des Nordiques, ou lors de son quémandage de fonds publics à Calgary et à Glendale. Mais il est bon de le rappeler, car cela remet en perspective sa décision prétendument «finale» de ne pas permettre aux joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) de participer aux Jeux olympiques de 2018 à PyeongChang.

L'annonce a été faite lundi. Son contenu ne surprend pas - Bettman répète depuis plusieurs semaines que l'offre du Comité international olympique (CIO) ne satisfait pas les propriétaires d'équipe qu'il représente.

Ce qui étonne toutefois, c'est son caractère précipité. Peut-être que la LNH voulait se débarrasser de cette mauvaise nouvelle avant le début des séries éliminatoires. Mais il y a une autre hypothèse : son refus n'est qu'une stratégie de négociation. Avec le CIO, et aussi avec les joueurs pour la renégociation de leur convention collective.

Lors des derniers Jeux à Sotchi, la LNH avait attendu le mois de juillet avant de confirmer sa participation. Ce scénario est-il probable? Chose certaine, il est possible. L'hiver dernier, la LNH travaillait d'ailleurs déjà sur deux hypothèses de calendrier.

La Ligue a encore le temps de changer d'idée, à condition qu'elle obtienne assez d'argent. Car il s'agit d'une histoire somme toute bien simple. Le conflit commence et se termine avec les piastres.

D'un côté, il y a les propriétaires d'équipe. On leur a déjà offert de rembourser les frais de transport, d'hébergement et d'assurance de leurs joueurs. Mais ils veulent aussi engranger plus de revenus, notamment en utilisant le logo olympique. Et ils veulent éviter le risque que leur matière première - les joueurs - se blesse ou s'épuise lors des Jeux. Les proprios négocient donc ferme, d'autant plus que les Jeux ne sont pas qu'un allié qui fait connaître leur produit à un nouveau public. Ils sont désormais aussi un tournoi qui fait de l'ombre à la nouvelle Coupe du monde de hockey.

De l'autre côté, il y a le CIO. Depuis les années 80, il s'est transformé en caste. Ces princes du sport siphonnent un maximum de revenus publicitaires en rendant les Jeux de plus en plus gros. Cela a transformé les Jeux en machine à déficit pour les villes hôtes, qui doivent construire les infrastructures sportives et touristiques.

Coincé entre ces deux logiques mercantiles, on a oublié les joueurs eux-mêmes.

On a l'habitude de les dépeindre en bébés gâtés millionnaires, mais ils sont les seuls à s'intéresser plus au sport qu'à la business. Price, Ovechkin, McDavid, Toews et les autres vedettes répètent la même chose depuis plusieurs semaines : on veut jouer pour notre pays, pour l'honneur. Et au risque d'offenser le fantôme du baron de Coubertin, l'important, c'est de couronner les meilleurs au monde.

Même si cela reste très hypothétique, il n'est pas impossible qu'un Alex Ovechkin se joigne à l'équipe russe à PyeongChang sans que la LNH ne lui donne sa bénédiction. Le propriétaire des Capitals se trouverait alors dans une position intenable : poursuivre son joueur étoile ou briser le front commun de la Ligue.

La pression des vedettes reste donc le meilleur espoir des partisans. Car la seule chose constante dans toute cette histoire, c'est que l'opinion des partisans eux-mêmes ne vaut pas grand-chose.

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