Par quel mot résumer la politique québécoise cette année ? « Austérité » fut le plus utilisé, mais pas le plus utile. Et on pourrait dire la même chose de la « rigueur », l'euphémisme brandi par le gouvernement Couillard.

Ces termes doivent être démêlés. D'abord, ils ne s'excluent pas. Il peut y avoir de la rigueur sans austérité, et de l'austérité sans rigueur.

La rigueur ne signifie pas grand-chose. C'est l'intention d'offrir un service le plus efficacement, peu importe ce service. Elle ne loge pas à gauche ou à droite, et tous les gouvernements peuvent s'en réclamer.

L'austérité est quant à elle moins vague. Il n'existe pas de définition officielle, mais les différentes versions tournent autour de la même idée. Il s'agit de diminuer les dépenses ou de hausser les taxes et impôt. Et ce, dans le but de réduire le déficit ou la taille de l'État.

Est-ce le cas au Québec ? Les dépenses publiques doivent augmenter de 1,7 % en 2015-2016. Certes, cette hausse frugale est inférieure à la moyenne de la dernière décennie. Mais cela demeure tout de même une hausse réelle, car elle devrait dépasser de peu le taux d'inflation prévu.

La taille de l'État demeure aussi relativement stable. Le poids des dépenses dans l'économie (23,3 %) reste au niveau de 2009-2010. Selon les projections, à la fin du mandat de M. Couillard, ce taux aura légèrement baissé à 22,2 %, soit le taux qui précédait la crise économique.

Par contre, il y a bel et bien un effort de réduction du déficit qui touche tous les ministères. Conclusion : il y a austérité, mais pas saignée.

Cela ne permet pas encore de tirer de conclusion. En effet, en théorie, une petite austérité pourrait être positive. Par exemple, si la baisse des dépenses s'effectuait sans affecter les services, il s'agirait d'une gestion rigoureuse, car on aurait réalisé des gains d'efficacité, ce qui devrait être un objectif constant. Reste que, de façon générale, les mesures d'austérité tendent à réduire la croissance, a admis le FMI dans un mea-culpa en 2012.

Pour y voir clair au Québec, il faut donc compléter l'analyse. On doit étudier à la fois le portrait d'ensemble, donné par les grands indicateurs économiques, et le gros plan des impacts sur le terrain.

Ce regard à la loupe démontre que le gouvernement n'a pas que manié le scalpel dans le gras. Les coupes étaient paramétriques et elles ont fini par atteindre des organes vitaux. Elles réduisent les services, y compris en éducation, malgré ce qu'assuraient les ministres Bolduc puis Blais. L'inégalité des chances a été creusée.

Parler d'austérité reste toutefois trop théorique. Et trop idéologique aussi. Chacun choisit sa pastille politique, et contrairement à la SAQ, il n'y a que deux couleurs : pour ou contre...

Or, les décisions budgétaires ne se présentent pas ainsi. Certes, les principes sont importants. Ce sont des boussoles morales. Sans eux, on sombre dans la technocratie. Mais on ne peut se contenter de jongler avec les principes dans le vide. Il faut les utiliser pour faire des choix à partir de nos contraintes économiques et financières bien réelles, comme l'inquiétante croissance des coûts en santé.

Voilà pourquoi il serait préférable de parler de compressions. Cela ramènerait le débat aux choix concrets tels qu'ils se posent à Québec : quels services publics veut-on offrir ? Et comment les administrer et les financer ?

Ce serait plus constructif que de s'attaquer à coups de slogans. Mais c'est aussi un peu plus compliqué.

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