Il y a des avantages à succéder à Stephen Harper dans un sommet climatique. La barre est si basse qu'à moins de s'enfarger dans ses pieds, Justin Trudeau sera à la hauteur. Mais il peut faire beaucoup plus.

Le nouveau premier ministre se présentera avec les cibles minimales de réduction de gaz à effet de serre (GES) établies par son prédécesseur. Les changer immédiatement serait toutefois irresponsable. On ne peut griffonner sur un coin de table des engagements qui changeront le visage de l'économie canadienne, surtout sans en parler aux provinces. L'objectif est de contribuer à une solution juste, pas de sacrifier le pays pour impressionner la foule.

Mais le Canada peut tout de même changer son rôle comme négociateur. Ces pourparlers se déroulent en grands blocs. Le Canada participe au « groupe parapluie », qui comprend entre autres les États-Unis, le Japon et l'Australie. C'est le groupe le plus conservateur. Il fait contrepartie aux pays développés volontaristes, comme ceux de l'Union européenne, ainsi qu'au G77, une coalition de nations moins riches.

Même au sein du groupe parapluie, Ottawa était un cancre. Certes, le Canada ne totalise que 2 % des émissions mondiales. Mais sous M. Harper, il est devenu le plus grand émetteur mondial per capita. Et dans les négociations, il visait le plus bas dénominateur commun. Cela n'aidait pas à conclure un accord.

M. Trudeau peut marquer une rupture en lançant le message qu'il fera mieux. 

Justin Trudeau peut s'engager dès maintenant en faveur d'une mesure à la fois simple et importante :  un mécanisme de révision automatique, qui exigerait que les pays réévaluent leurs objectifs tous les cinq ans.

Pour les autres volets des négociations, l'impact du nouveau premier ministre pourrait être plus grand. L'aide internationale sera un enjeu majeur à Paris. Les pays plus riches ont une responsabilité historique dans le réchauffement climatique et ils ont aussi plus d'argent pour le combattre. En 2009, ils se sont donc engagés à aider les pays sous-développés, à hauteur de 100 milliards de dollars par année.

En 2014, l'aide s'élevait à près de 62 milliards. La cible est en voie d'être atteinte, évalue l'OCDE. Son calcul est toutefois complexe et contesté par les pays pauvres. Cette question, qui relève des dépenses fédérales, peut être tranchée sans l'accord des provinces. C'est ce qu'avait fait M. Harper dans un rare bon coup, celui de verser 400 millions durant trois ans dans un fonds vert international. Un engagement en ce sens enverrait un bon signal.

De retour au pays, le travail plus difficile commencera pour M. Trudeau. Mais si un accord crédible est signé à Paris, il sera plus facile de réaliser son virage vert.

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