L'anniversaire ne fut pas célébré dans l'allégresse. Lundi dernier marquait l'an 1 de la proclamation du califat par le groupe État islamique (EI).

Le président Obama a déjà qualifié l'EI d'amateur. Pourtant, le groupe continue de déstabiliser la poudrière du Moyen-Orient et d'inspirer la haine sur le reste de la planète. Pourquoi ne l'a-t-on pas encore maté ?

S'il y a une leçon à retenir de la dernière année, c'est de modérer les attentes. Certes, l'EI est le visage le plus terrifiant de l'hydre islamiste. Mais si on l'attaque sans stratégie à moyen et long termes pour la région, on risque d'en faire pousser une nouvelle tête. C'est ainsi qu'on a créé l'extrême sauvagerie de la version actuelle.

L'essor de l'EI a été facilité par le sectarisme de l'ex-premier ministre irakien, Nouri al-Maliki. Les États-Unis ont laissé M. Maliki, un chiite, persécuter la minorité irakienne sunnite. Résultat : quand l'EI a pris Mossoul en juin 2014, il bénéficiait du « soutien tacite » de la population, rappelle l'essayiste Patrick Cockburn dans Le retour des djihadistes.

Pour combattre l'EI, il faut jouer à l'équilibriste sur deux terrains minés. Le premier est la Syrie, où une guerre civile oppose de nombreuses factions. L'offensive contre l'EI risque de profiter au président Bachar al-Assad, boucher laïc et responsable d'un conflit qui a fait plus de 200 000 morts. Le second est l'Irak, où le recul de l'EI risque de favoriser la majorité chiite.

Dans ces deux pays, le résultat serait de renforcer l'Iran et d'affaiblir les sunnites. Et donc de maintenir en place les conditions qui favorisent le recrutement des djihadistes. Voilà, comme l'a expliqué la Brookings Institution, le cercle vicieux qui menace les États-Unis et leurs alliés.

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Al-Qaïda exporte le terrorisme en Occident, en attendant le jour lointain où le califat pourrait être légitimement proclamé. L'EI prône le contraire. Il veut importer des djihadistes pour instaurer un califat dès maintenant. Reste qu'à défaut de les organiser, il inspire des attentats terroristes un peu partout sur la planète, comme en Tunisie la semaine dernière.

La France, le Canada et plusieurs autres pays renforcent leur arsenal sécuritaire pour surveiller et arrêter les terroristes potentiels. Mais pour rendre la prévention plus efficace, il faudrait agir encore plus en amont, soit chez ceux qui facilitent l'endoctrinement et le financement des groupes terroristes. Or, les deux plus grands incubateurs de cette haine religieuse sont nos alliés, le Pakistan et l'Arabie saoudite.

Il est bien sûr très difficile de combattre la propagation d'une idée, soit l'islam salafiste dans sa forme violente. Mais ce n'est pas en faisant des courbettes devant la monarchie saoudienne pour vendre ses armes qu'on y arrivera.

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