Le projet de prolonger l'autoroute 19 a été amélioré, grâce à son stationnement incitatif et sa voie réservée pour autobus. Mais cela n'en fait pas la meilleure façon de dépenser plus d'un demi-milliard de dollars, surtout dans le contexte financier actuel. Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), qui doit rendre sa recommandation d'ici janvier prochain, devrait donc le rejeter sous sa forme actuelle.

Cela enragerait le maire de Bois-des-Filion, Paul Laroque, et on le comprend. Le projet traine depuis les années 70. Québec a finalement accepté en 2010 de convertir la route 335 en autoroute, entre la Rive-Nord et Laval. L'objectif: diminuer la congestion sur ce court tronçon, qui retarde d'environ 20 minutes les déplacements aux heures de pointe.

Mais le coût estimé du projet a explosé, de 320 à 500-600 millions de dollars. Lors de son annonce, le gouvernement Charest avait oublié, léger détail, la construction requise d'un pont. Les travaux ont depuis été retardés de cinq ans. Le BAPE l'examine maintenant.

On y construirait un stationnement incitatif de 700 places au nord du tronçon. Un autobus y partirait pour se rendre au métro de Laval. Il utiliserait d'abord la nouvelle voie réservée. Mais rendu à Laval, quand l'autobus quittera le tronçon pour finir son trajet jusqu'au métro, il retournera dans le trafic. Les voies réservées ont malheureusement été développées à la pièce, sans vision d'ensemble.

De plus, l'exploitation des lignes d'autobus relève de la municipalité. Il n'y a pas de garantie pour le nombre d'autobus qu'elle y utilisera.

Enfin, le prolongement de l'autoroute 19 encouragera l'étalement urbain, sans éliminer la congestion à long terme. Si on augmente l'offre pour les voitures, on augmentera la demande, et on retournera à la case départ dans quelques années.

Certes, la croissance démographique sur la couronne nord crée un réel problème de congestion. Le projet pourrait être amélioré, peut être avec un boulevard urbain et une harmonisation des voies réservées. Il devrait alors être priorisé face à d'autres projets couteux qui répondent à une demande nettement inférieure, comme l'autoroute 20 au Bas-Saint-Laurent.

Mais dans la liste de priorités, il devrait par contre figurer derrière la réfection des infrastructures existantes et le développement de nouveaux projets de transports collectifs. Ce réseau, qui ne répond plus à la demande, diminue la congestion et réduit les émissions de gaz à effet de serre.

Cette hiérarchisation sera nécessaire pour atteindre les cibles de Montréal: réduire de 20% le nombre de véhicules qui entrent chaque matin sur l'île, et porter de 25% à 30% les déplacements en transport collectif sur l'île.

Québec devrait mettre de l'ordre dans le fouillis des projets d'infrastructures planifiés. Quand on multiplie les priorités, on finit par ne plus en avoir.

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