Brent Rathgeber en avait assez de «bêler comme un phoque» en regardant sa famille conservatrice jouer à la Guerre des clans politiques. Le député a quitté le caucus conservateur l'année dernière pour retrouver la liberté de parole.

Il publie cette semaine Irresponsible Government, qui dénonce l'hyperconcentration du pouvoir au bureau du premier ministre (BPM). L'ex-ministre conservateur Michael Chong s'attaque au même problème avec son projet de loi encore à l'étude.

Nous examinons dans un premier temps le problème. Nous reviendrons demain sur les solutions.

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Selon le politologue Donald Savoie, auteur d'un ouvrage de référence sur le sujet, la concentration du pouvoir au BPM a commencé avec le premier gouvernement Trudeau. Depuis, chacun de ses successeurs centralise un peu plus le pouvoir. En 2001, le chroniqueur Jeffrey Simpson comparait déjà le Canada à une «gentille dictature». Elle est devenue moins amicale avec le premier ministre Harper.

Le déséquilibre se trouve à quatre niveaux: face aux ministres, aux députés du parti au pouvoir, à l'opposition et à la fonction publique. Par exemple, les deux dernières fois où le premier ministre a engagé les troupes en Afghanistan, il n'avait même pas prévenu son ministre de la Défense. Au caucus conservateur, les députés ne votent plus. Ils répètent docilement le message, dans l'espoir de ne pas être déménagés quelque part entre les plantes et le rideau. Le législatif est aussi tenu à l'écart. Deux outrages au Parlement ont été commis en 2011, car on refusait de donner des documents à l'opposition. Enfin, les fonctionnaires sont muselés. Les scientifiques et autres experts du gouvernement doivent désormais passer par un processus stalinien avant d'obtenir l'autorisation de ne finalement rien dire aux médias.

Cela pose un problème d'efficacité. Le gouvernement compte 350 organisations. Même si leurs effectifs ont augmenté, le BPM et le Conseil privé (le ministère du premier ministre) ne peuvent tout diriger. Et surtout, cela pose un problème de légitimité démocratique.

La partisanerie est normale dans notre système parlementaire, où le gouvernement a besoin de la confiance de la Chambre pour gouverner. Le problème n'est pas que le débat est devenu trop partisan. C'est qu'on l'étouffe.

L'information est devenue plus volatile que jamais, et les médias doivent s'alimenter sans relâche. Le BPM réagit par la défensive en essayant de contrôler davantage l'information. Et cette tendance est amplifiée par deux phénomènes propres à M. Harper: il veut éviter les déclarations embarrassantes d'électrons libres de son aile droite, et il croit encore que la fonction publique est rouge libéral. Mais les intérêts d'un homme ne doivent pas être confondus avec ceux d'un pays.

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