Il y a un cancre en environnement au Québec, et il devra faire plus. Dans son Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques (PACC), attendu depuis l'année dernière, Québec devra cibler davantage les automobilistes.

Depuis 1990, les industries ont diminué leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais celles du transport routier ont continué d'augmenter. Particulièrement pour les grosses cylindrées.

La cible de Kyoto a été atteinte in extremis. La prochaine, de 20% sous le niveau de 1990 d'ici 2020, sera plus difficile. Il faudra limiter la consommation (volume de cylindrée et efficacité du moteur) ainsi que le kilométrage des véhicules.

Le nombre de véhicules augmente plus vite que la population. Heureusement, les moteurs des nouveaux modèles sont plus efficaces. Mais cette efficacité diminue avec l'usure. C'est pourquoi un programme d'inspection mécanique obligatoire pour les vieux véhicules avait été développé au début des années 2000. Il n'a jamais été mis en place. Il n'est pas trop tard.

Le programme Faites de l'air, qui permet de se débarrasser de son vieux véhicule en échange d'un modèle moins polluant ou d'un rabais pour le transport collectif, mérite aussi d'être reconduit.

D'autres mesures moins populaires seront nécessaires. Les émissions de grosses cylindrées ont doublé depuis 1990. La taxe actuelle n'est pas dissuasive. Pour une cylindrée de 4 L, l'immatriculation coûte 32$ de plus. Des miettes pour un achat qui peut dépasser 30 000$.

Parmi les solutions à envisager, qui ne s'excluent pas: faire payer la consommation théorique, en haussant cette taxe, possiblement avec un système bonus-malus qui récompenserait en contrepartie l'achat d'un véhicule à faible consommation. Ou encore, faire payer la consommation réelle, en haussant le prix à la pompe.

Il existe déjà une redevance provinciale facturée aux pétrolières et une taxe municipale qui font augmenter le prix à la pompe d'environ quatre cents à Montréal. À cela s'ajoutera une prochaine hausse qui découle du marché du carbone. Selon les calculs du chercheur Pierre-Olivier Pineau, les pétrolières refileront à la pompe en 2015 une facture de 2,7 cents, une somme qui augmentera avec le temps. Ces différentes taxes financent le transport en commun et le fonds vert, qui paye pour différentes les initiatives de réduction des GES.

On entend déjà les automobilistes rouspéter. Mais ces taxes à la pompe ne suffisent même pas à payer le coût réel de la pollution.

Ils oublient aussi qu'ils profitent du transport collectif, qui diminue la congestion. Or, dans les frais d'immatriculation, la contribution au transport collectif est gelée à 30$ depuis près de deux décennies. À Montréal, il y a une surcharge de 45$. La contribution de base pourrait être augmentée et indexée, comme le demande la Communauté métropolitaine de Montréal.

Il ne s'agit pas d'alourdir le fardeau fiscal pour payer les dépenses ou rembourser la dette de l'État. Il s'agit d'un transfert d'argent, vers des modes de transport moins polluant. C'est inévitable pour atteindre les prochaines cibles de réduction de GES. Et c'est aussi une question d'équité, pour refléter le véritable coût de la pollution. Cela prendra toutefois un peu de courage politique.

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